Qui sommes nous?

Le Théâtre du Blog a été créé en 2008 par Edith Rappoport et Philippe du Vignal; depuis onze ans,  7.400 articles ont été publiés sur le théâtre, la danse, les arts de la rue, les performances, le cirque, la magie, les livres, revues et expositions spécialisées, que ce soit en province et en région parisienne mais aussi à l’étranger…

Adresse: philippe.duvignal@gmail.com

L’équipe du Théâtre du Blog:

Rédacteur en chef: Philippe du Vignal a longtemps dirigé l’Ecole du Théâtre National de Chaillot où il enseignait aussi l’histoire du spectacle contemporain. Il a été responsable de la rubrique Théâtre aux Chroniques de l’Art Vivant dirigées par Jean Clair puis à artpress  dont Catherine Millet était la rédactrice en chef. Il a été, entre autres, critique dramatique aux Nuits magnétiques d’Alain Veinstein à France-Culture et au quotidien La Croix. Il a aussi été professeur à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, département scénographie.

Collaborateurs :

Sébastien Bazou, ancien élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Dijon, s’est spécialisé dans l’installation multi-médias. Il a cofondé l’association et le magazine Artefake qui publie des articles sur l’histoire de la magie dont il est spécialiste en Europe et aux Etats-Unis.

Jean Couturier est spécialisé dans la critique de danse, et assistant du rédacteur en chef. 

Christine Friedel, critique dramatique, notamment à Réforme où elle a débuté, a aussi été conseillère artistique. Elle a aussi collaboré aux mises en scène du Théâtre du Campagnol, dirigé par Jean-Claude Penchenat et a fait partie du groupe d’experts pour le théâtre à la D.R.A.C.-Île-de-France. Et elle a aussi été la rédactrice de la revue Plaisir(s) éditée par le château de la Roche-Guyon et est l’auteure de La Roche-Guyon le château invisible.

Elisabeth Naud, docteure en esthétique théâtrale,  est enseignante à l’Université Paris VIII.

Béatrice Picon-Vallin, directrice de recherches au C.N.R.S. et auteure d’ouvrages sur le  théâtre russe. Elle dirige les collections : Mettre en scène  à Actes Sud-Papiers, Arts du spectacle aux éditions du C.N.R.S. et Th. XX aux éditions de L’Age d’Homme.

Edith Rappoport, critique de spectacles et spécialiste du théâtre de rue, a été directrice des théâtres de Choisy-le-Roi, puis de Malakoff (Hauts-de-Seine). Elle a aussi été longtemps conseillère pour le théâtre à la D.R.A.C. -Ile-de-France.

Bernard Rémy a fondé la revue Empreintes, écrits sur la danse et a collaboré jusqu’en 2012 à la Cinémathèque française de la danse. Il a écrit de nombreux articles sur Merce Cunningham, Pina Bausch, Hijikata mais aussi sur le mouvement chez Samuel Beckett, Charlie Chaplin et Buster Keaton.

Nicolas Villodre a participé entre autres  à la Coopérative des Cinéastes  et a soutenu en 83 une thèse en arts plastiques consacrée à Christian Schad, Man Ray et Laszlo Moholy-Nagy. Spécialiste de danse contemporaine, il a été jusqu’en 2013 l’assistant du directeur de la Cinémathèque de la Danse et a publié des textes dans La Revue d’esthétique, Pour la Danse, La Cinémathèque Française

Correspondants:


Gérard Conio est professeur émérite de l’Université de Nancy et spécialiste de la civilisation russe et des pays de l’Est.
Nektarios G. Konstantinidis, traducteur et critique de théâtre notamment francophone, à Athènes et en Grèce.
Alvina Ruprecht, professeur émérite du département Théâtre à l’Université d’Ottawa, est une spécialiste du spectacle canadien de langues anglaise et française, mais aussi caraïbéen.

(Tous les documents et archives sont publiés sauf avis contraire des ayants-droit et dans ce cas, seraient aussitôt retirés).

Articles récents

Cinédanse 50 films culte, sous la direction de Dominique rebaud et Nicolas Villodre

Livres et revues

Cinédanse 50 films culte, sous la direction de Dominique Rebaud et Nicolas Villodre

Un panorama de photos de cinquante films réalisés avec des chorégraphies spécialement conçues avec un article. Dans une post-face de ce livre, Patrick Bensard qui a longtemps dirigé la Cinémathèque de la Danse et y avait constitué depuis 83 une collection de films, précise que Cinédanse est une expression empruntée au vocabulaire surréaliste et qu’employait souvent le cinéaste Jean Rouch.
Les nombreux contributeurs sont à la fois des critiques, entre autres: Raphaël de Gubernatis, Nicole Gabriel, Jean-Marc Adolphe, Dominique Frétard, Nicolas Villodre, Bernard Rémy, Marc Lawton, des chorégraphes: Daniel Larrieu, Bernardo Montet, Cécile Proust, Pascale Houbin, Norbert Corsino, Carolyn Carlson qui parle avec admiration de son maître Alwin Nikolaïs qui a été aussi celui de Philippe Découflé, Dominique Boivin.  Odile Cougoule et la chercheuse en danse Dominique Rebaud, un couturier Christian Lacroix, des interprètes comme Elisabeth Schwartz,  des producteurs: Anne Alexandre, Serge Bromberg… Tous ont en commun une véritable passion pour la danse au cinéma et savent la faire partager dans des textes courts mais précis, et bien documentés avec une photo par film. Ce qui donne une belle unité à cet ouvrage…

On ne peut tout citer mais ici sont analysés dans les quatre sections: Capture, pour, entre autres: Danses Gitanes, Récit  Fondamental avec Die Klage der Kaiserin de Pina Bausch,  Expérimental, Actuel, Musical :  avec La Revue des revues (Joséphine Baker),  Sunnyside de Charlie Chaplin ( 1919), Singuin’in the rain avec l’incomparable Gene Kelly (1952), La Mort du cygne dansée par Anna Pavlova et Swing Time, avec Fred Astaire et Ginger Rogers.
D’une autre époque mais tout aussi passionnantes, ces Danses Gitanes filmées en 1905 par Alice Guy (1873-1968), la première cinéaste à créer des films de fiction et dont on a récemment redécouvert l’œuvre… Léon Gaumont publiait il y a juste un siècle, Notice rétrospective sur les établissements Gaumont, mais ne cita pas une fois Alice Guy. Henri Langlois, qui a consacré une soirée en son honneur à la Cinémathèque française en 1957 ne mentionne pas son nom dans le texte qu’il consacra aux pionniers français du cinéma. Elle a pourtant réalisé ou dirigé à la même époque une centaine de «phonoscènes»: ainsi ont été conservées la voix et la gestuelle de chanteurs d’opéra et chansonniers populaires comme Dranem, Félix Mayol…
Citons aussi Bourrées d’Aubrac de Jean-Dominique Lajoux et Francine Lancelot (1965) par Dominique Rebaud: histoire de dire que l’on dansait aussi ailleurs qu’à Paris et peut-être un clin d’œil à cette ancêtre de la danse classique… Et que Laurence  Louppe, historienne de la danse (1938-2012)  aimait beaucoup regarder dans le Cantal… Il y  avait notamment un éleveur gros format qui, pourtant, dansait avec une grâce inimitable…
©x Catherine Deneuve et François Dorléac dans Les Demoiselles de Rochefort

©x Catherine Deneuve et François Dorléac dans Les Demoiselles de Rochefort

Et il y a un bel hommage de la chorégraphe et danseuse Dominique Rebaud qui parle avec admiration du célèbre film Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy (1967). Une distribution d’enfer:  pour la chorégraphie,  Norman Maen et Gene Kelly qui y danse aussi comme George Chakiris, Michel Legrand, compositeur, les actrices Françoise Dorléac-brûlée vive dans un accident de la route, en allant prendre un avion pour aller à la première des Demoiselles de Rochefort en anglais à Londres-sa sœur Catherine Deneuve, Danielle Darrieux. Et  Michel Piccoli, Jacques Perrin, Christiane Legrand, la sœur de Michel, une interprète des parties chantées.  Il n’y a sans doute pas représentés ici tous les chorégraphes mais l’ensemble sur plus de cent ans, donne une très bonne image de la danse au cinéma jusque aux années 2000. Et pas seulement en Europe mais aussi en Afrique ( Les Maîtres fous de Jean Rouch ou en Asie avec Kazuo Ohno…
A la soirée de présentation du livre, nous avons pu voir un montage de plusieurs extraits de ces films. Comment ne pas être ébloui par le célèbre numéro de danse dite «serpentine», mis au point en 1892 par l’artiste américaine de music-hall Loïe Fuller qui a influencé bien des courants esthétiques du XX ème siècle. Stéphane Mallarmé avait vu chez elle une ivresse d’art»

« Le mouvement, disait-elle en 1908, est un instrument par lequel la danseuse jette dans l’espace  des vibrations et de musiques visuelles. « Ce livre, sous la direction de Dominique Rebaud et Nicolas Villodre, est très bien réalisé, avec un excellent choix de photos et comporte aussi des notes, un index de premier ordre complet, une bibliographie.
Les films de danse sont une sorte de trésor national qu’il faut défendre mais  qui doit être accessible à tout le monde. Cinédanse avec cette large palette d’œuvres en tout genre, donne envie d’aller les voir ou revoir tous, ceux d’anonymes, ou de grands cinéastes: Georges Méliès, Jacques Demy… et  de chorégraphes, eux aussi anonymes, ou célèbres: Joséphine Baker, Alwin Nikolaïs, Merce Cunningham, alors inconnu mais accueilli dans leur studio par Dominique et Françoise Dupuy, Pina Bausch régulièrement invitée au Théâtre de la Ville comme Anne Teresa de Keersmaker.  Lucinda Childs qui travailla avec Bob Wilson, lui-même élève d’Alwin Nikolaïs, notamment sur le très fameux Einstein on the beach, Carolyn Carlson… Des artistes étrangers qui ont tant apporté à la danse en France…

Philippe du Vignal

 Nouvelles éditions Scala, 160 pages. 35 €.


Gaia Elisa Rossi, plus jeune championne italienne de magie

 

Gaia Elisa Rossi, plus jeune championne italienne de magie

 

Seule femme à avoir remporté ce titre à seulement vingt-trois ans, elle a participé à des spectacles de théâtre et à de télévision prestigieux dans le monde entier. Elle a reçu de nombreux prix et a enrichi son répertoire à travers l’étude de la danse, du théâtre, du doublage, du cirque et du chant. Le travail de cette finaliste à la F.I.S.M., aux championnats européens et mondiaux, a attiré l’attention de marques internationales comme FIAT, Avon, Freeda Media… pour lesquelles elle est ambassadrice web.
Conférencière au TED Milano women, elle a eu l’occasion de partager son histoire à travers la pratique:
ses parents sont magiciens avec passion. Ils l’ont mise petite dans «une boîte pleine de tours» qui lui servait de loge et d’où elle pouvait les regarder pratiquer.

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«Pour moi, ils sont vraiment des super-héros aux super-pouvoirs. Ma mère qui avait étudié le théâtre quand elle était jeune, m’a demandé si je voulais devenir actrice, et mon père qui avait pratiqué la danse, si je voulais être danseuse. J’ai répondu  que voulais être magicienne:j’avais cinq ans…
Mes parents m’ont alors emmené au Circolo amici della magia de Turin où j’ai commencé à suivre des cours d’illusion. Il y avait aussi de nombreuses conférences et spectacles et je me souviens que, plus je passais de temps dans ce lieu enchanté, plus je tombais amoureuse de la magie.  Et j’ai continué à l’apprendre au fil des ans. Puis j’ai étudier la danse, le théâtre, le chant et les arts du cirque. Je pensais à la magie comme à une grande boîte où je pouvais mélanger toutes ces disciplines. J’étais timide au quotidien mais j’adorais être sur scène et m’y sentais chez moi: c’était comme respirer. Puis, j’ai créé Imorfosi, un numéro d’illusion combinant magie, danse et théâtre qui m’a permis de remporter à treize ans le championnat d’Italie. Quelques années plus tard, j’ai atteint la finale des championnats du monde en Corée (2018) et au Canada, il y a deux ans.

 Ce qui a changé ma carrière a été le championnat dans mon pays : avec Imorfosi, j’y ai alors fait des tournées, puis en Europe, et enfin dans le monde  Plus je voyageais, plus j’apprenais des artistes avec qui je partageais la scène, aussi bien sur le plan artistique que personnel. Grâce à eux, j’ai atteint deux fois la finale des concours F.I.S.M. Mon cœur et mes yeux se sont ouverts : j’ai rencontré des gens incroyables et noué des contacts professionnels qui m’ont apporté ensuite beaucoup de bonheur.

Mais, alors que je dansais sur scène, je suis tombée! Mes jambes avaient lâché! Le médecin qui m’a examiné, m’a dit : «Plus de danse.» Il m’a expliqué que mes rotules, à cause d’un problème génétique, s’étaient désalignées sur plusieurs centimètres et que je ne pourrai plus danser. Il restait un an avant les championnats du monde mais j’ai dansé, tout en faisant de la magie. J’ai subi une opération chirurgicale en urgence, puis j’ai dû faire face à une longue rééducation, aux larmes et à une grande peur de ne pas y arriver. Finalement, grâce au soutien de mes amis, de ma famille et à mon amour pour la magie, j’ai pu me produire aux concours.

 J’ai commencé à travailler principalement sur scène et me suis aussi intéressée  au close-up que j’aime pour l’intimité qu’elle crée avec les gens. Mon premier numéro complet avec lequel j’ai voyagé à l’étranger, est donc Imorfosi. Une métaphore où, à travers l’histoire d’un extra-terrestre, je veux dépeindre les contraintes mentales auxquelles les jeunes, aujourd’hui, sont exposés. J’ai une boîte sur la tête, un œil me surveille tout au long du numéro et je suis enchaînée.
Puis j’ai créé d’autres numéros comme Kiss, une pièce associant manipulation de cartes avec danse, sur une musique rock et une autre d’inspiration surréaliste. Et des routines parlantes où les mots posent les bases de ma magie. Et je travaille actuellement sur un spectacle qui associe l’associe à un thème qui me semble très important : la santé mentale. Je veux que ce spectacle soit humaniste. Le numéro de manipulation de Lance Burton, celui de Miguel Muñoz et tout le travail de Derren Brown m’ont marquée.Pour moi, ce n’est pas tant la magie de scène, le close-up ou celui de rue qui est important, mais le contact avec le public et le message à lui transmettre, pour qu’il se sente bien.

J’ai été influencée par des artistes comme Vincent Van Gogh, Edward Munch, Pablo Picasso. Des écrivains: Raymond Carver, Ernest Hemingway, Luigi Pirandello. Mais aussi par la grande Pina Basuch et Robert Capa, Elliott Erwitt, Tim Burton, Wes Anderson. Tout ce qui m’entoure attire mon attention.
Aux débutants, je dirai qu’il faut essayer de tout absorber comme une éponge: cours au club local, conférences, livres…  et ce qui n’est pas de la magie mais qui nous passionne. Avec le temps, vous deviendrez une ou un artiste et votre travail parlera aussi de vous comme être humain. Notre art consiste à chercher, et parfois à trouver, les nouvelles façons de toucher les gens. On peut toujours se produire dans des théâtres, mais plus uniquement: les temps changent. Cela ne signifie pas: abandonner les lieux qui fonctionnaient si bien auparavant, mais grandir artistiquement et essayer de comprendre les thèmes qui résonnent avec le public et les façons dont il communique.

L’importance de la culture est essentielle et ma mère m’a toujours dit : «La magie commence à l’école, avec l’étude et la connaissance.» J’ai toujours aimé lire, et été curieuse d’apprendre de nouvelles choses et j’ai compris qu’elles imprégnaient mon travail, sans que je m’en sois aperçue. Alors, oui, la culture magique mais aussi l’apprentissage de tout ce qui se trouve en dehors, nous enrichissent certainement  comme artistes. Et ce cheminement vers la connaissance ne s’arrête jamais: on peut toujours s’améliorer, année après année.
Quant aux différences culturelles, elles existent, bien sûr: nous vivons dans un monde globalisé mais nous les remarquons devant la réaction du public à l’autre bout de la Terre mais aussi dans notre pays… Et quand on crée sa propre magie, il est bon de garder cela à l’esprit. J’aime voir de la danse, du théâtre, du cirque, le chant et l’histoire de l’art. Mais aussi apprendre une langue étrangère, lire, visiter des musées. »

Sébastien Bazou

Interview réalisée le 2 décembre à Dijon ( Côte-d’Or).

https://www.gaiaelisarossi.com/

 

 


L’Eclipse par le collectif Bajour, mise en scène de Leslie Bernard et Matthias Jacquin

L’Eclipse par le collectif Bajour, mise en scène de Leslie Bernard et Matthias Jacquin

Cela se passe en 98 à Baume-les-messieurs, un village du Jura. Ils ont entre seize et dix-neuf ans et vont entrer en terminale au lycée Jean Michel à Lons-le-Saunier. Dans une grande salle, une jeune fille doit aller passer un concours de chant. Très nerveuse, elle s’adresse au public et parle beaucoup. Puis sa bande de copains- la plupart de famille pas bien riches- arrive… Depuis, une vingtaine d’années s’est écoulée et ils sont tous là comme dans un passé proche qui s’éloigne à toute vitesse, à chahuter et à revivre leurs premières amours et leurs désirs sexuels. Ce ne sont pas encore les vieux messieurs et vieilles dames de La Classe morte de Tadeusz Kantor qui reviennent dans leur école mais ces anciens collégiens sentent bien qu’ils sont à la mi-temps de leur vie.

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Ils aimaient faire de la danse ensemble pour préparer le spectacle de fin d’année mais la prof n’est plus là. Un nouveau professeur, ancien interprète de danse classique de ballet arrive et les dirigera avec fermeté mais aussi avec une tendresse parfois ambigüe. La petite bande promet de se retrouver dans vingt ans sous les tables de classe où ils ont écrit des fragments de leur vie… Une invitation faite au public à  retrouver son adolescence, même si depuis, tout a bien changé réseaux sociaux, portables, circulation de la drogue un peu partout et aussi dans les lycées, agressions, voire assassinat d’enseignants…

Belle idée que ces aller et retours dans le temps mais la mettre en pratique est une autre histoire…  Il y a une scénographie réussie de Léa Jézéquel qui a imaginé des murs de la salle en mauvais état, comme la verrière du toit. Et les metteurs en scène savent créer des images comme cette classe de danse  en silence tout à fait remarquable ou cet échange de baisers entre ados derrière les vitres. L’image est un mode de représentation plus fusionnel que les paroles, et plait visiblement aux nombreux jeunes dans la salle.

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Mais le texte n’est vraiment pas à la hauteur des ambitions du collectif Bajour: (…)  » Nous avons quelques textes écrits en amont par le metteur en scène, des canevas, des thématiques. L’acteur amène le détail, la complexité de l’histoire grâce au travail de plateau, mais surtout s’approprie et invente le langage spécifique du spectacle. S’ensuit un aller-retour du plateau au texte qui se construit pas à pas. Au cours du travail et des représentations, l’acteur écrit ainsi en direct, traversé par le texte, le fruit des improvisations en répétitions mais avant tout par le présent de la situation. La pièce est ainsi construite par des textes et des canevas d’improvisation selon ce que demande chaque scène. (…) « C’est pourquoi; nous allons travailler sur l’écriture beaucoup plus en amont et de manière plus précise que sur nos précédents spectacles. L’écriture s’enrichit aussi des acteurs, du plateau et des improvisations. L’écriture collective reste le cœur de notre travail. » Vous avez dit: un poil prétentieux?
Ce sont trop souvent les mêmes arguments qu’on retrouve dans les notes d’intention rédigées sur un coin de table et les mots: texte, improvisations, écriture, plateau, répétés plusieurs fois, semblent être un obsession chez le collectif Bajour. Et c’est bien ici justement que le bât blesse et malgré quelques airs de Britney Spears, Daft Punk ou Louise attaque, la pièce est souvent confuse et ces deux heures, bien longuettes…
La faute aussi à une mise en scène où fleurissent les stéréotypes: pans de décor qui s’abattent, fumigènes à gogo, fréquents transports de table et chaises… et à une direction d’acteurs trop approximative: diction vraiment faible sauf chez l’acteur qui joue le prof de danse, jeu de trois quarts dos au public… Bref, ce qui voudrait être une chronique de la vie adolescente avec ses bonheurs et malheurs, sur l’identité au cours de la vie  aurait mérité de véritables dialogues et une réalisation plus exigeante.  Ces jeunes acteurs sont sympathiques mais cette Eclipse nous a laissé sur notre faim et on se demande bien pourquoi Pauline Bayle, directrice du Théâtre Populaire de Montreuil, l’a programmée.
Allez, pour se consoler, quelques mots de Jean-Pierre Vernant (1914-2007), grand historien et résistant, qui a écrit un beau livre sur l’individu, la mort et l’amour et dont on a donné le nom à la salle où se joue le spectacle: « Pour être soi, il faut se projeter vers ce qui est étranger, se prolonger dans, et par lui. Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être. On se connaît, on se construit par le contact, l’échange, le commerce avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont. »

Philippe du Vignal

Jusqu’au 20 décembre, Théâtre Public de Montreuil-Centre Dramatique National, 10 place Jean-Jaurès, 63 rue Victor Hugo, Montreuil (Seine-Saint-Denis). T. : 01 48 70 48 90.

 


Kolizion, texte et mise en scène de Nasser Djemaï

Kolizion, texte et mise en scène de Nasser Djemaï

 Un sorte de fable contemporaine à l’usage des grands et moins grands: Mehdi (en français : le guide éclairé par Dieu) est né par une nuit de pleine lune mais sans avoir été vraiment désiré- septième fils! de Malek et de Hayat (en français le Roi et la Vie). Ils n’étaient pas bien riches et cette naissance tombait mal pour ce mineur et  pour cette femme au foyer comme on dit. Avec tous ces enfants, il y avait du travail: ménage quotidien, courses, rangements, lessive et jamais beaucoup d’argent. Une famille très unie et Medhi est très aimé de ses parents et de ses frères. Mais, quand il avait six mois, confié à un aîné qui le berçait trop vite, le bébé percute un mur et sera hospitalisé deux semaines, d’où le surnom: Kolizion, qu’on lui donna. Et, à neuf ans, pour s’amuser, il allume un feu dans le jardin avec de l’essence et sera gravement brûlé…

© F. Robin

© F. Robin

Mehdi, brillant élève, obtiendra ensuite sans difficulté brevet puis bac avec mention très bien et sera admis en maths-sup et maths-spé.
Devenu étudiant, il bosse comme un fou, mange peu et quand il a le temps, n’a aucun loisir mais prend des médicaments pour arriver à tenir le coup et ne pas sombrer dans la dépression qui le guette.
Il arrivera à finir ses études et trouvera facilement du travail dans une entreprise où il se rendra indispensable et où il grimpera vite dans la hiérarchie.

Ce benjamin aimé, très soutenu par les siens, est le seul à avoir fait de longues études-ses frères sont tous artisans du bâtiment- et il ne peut les décevoir…Très bien payé, il réussira à acheter une maison à ses parents. Mehdi est bien conscient que toutes ces années de travail acharné et de sacrifices,  risque pourtant de le faire tomber malade et passer à côté d’une vie plus paisible…voire heureuse avec une belle jeune femme qu’il convoitait…
Mais il accepte les méfaits du capitalisme et la rentabilité qu’on impose aux cadres de son entreprise. Et quel que soit le prix à payer, il travaille de plus en plus et à la limite de ses forces. Jusqu’au jour où… Nous ne vous dévoilerons pas la fin-un peu téléphonée-de cette saga personnelle que Nasser Djemaï met en scène brillamment en une heure quarante, dans une série de dix-huit tableaux.

 Cela se passe sans doute en France ou dans un pays européen. Une belle scénographie signée Emmanuel Clolus.  Sur le plateau couvert de copeaux d’écorce avec au centre de grosses bougies symbolisant les membres de la famille  et où s’entassent de nombreux livres-ceux qui n’existaient pas dans la maison familiale-une théière en inox, une cocote-minute, des fagots de bois mort, un fauteuil en rotin, un cadre de porte… Radouan Leflahi, acteur déjà confirmé, est exceptionnel: jeu intense et juste sans aucune criaillerie, diction magistrale, maîtrise absolue de la langue française et gestuelle impeccable:rare et cela le plus grand bien..
Il emporte le public là où il veut dans ce récit personnel écrit et mis en scène par Nasser Djemaï, le directeur du théâtre des Quartiers d’Ivry. C’est un travail précis mais ce monologue est sans doute un peu trop long et dans les vingt dernières minutes, fait un peu du sur-place. Nasser Djemaï aurait pu aussi nous épargner d’abondants jets de fumigène et des lumières stroboscopiques : deux stéréotypes inutiles… A ces réserves près, c’est un bon spectacle qui sera joué longtemps et servi-nous insistons-par un acteur vraiment exceptionnel. 

Philippe du Vignal

Jusqu’au 20 décembre, Théâtre des Quartiers d’Ivry-Centre Dramatique National, 1 place Pierre Gosnat, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne).

Du 4 au 7 février, sur ces dates: avec Adil Mekki,  MC2 Grenoble-Scène nationale (Isère)

Le 7 mars, Les Passerelles-Centre culturel de Pontault-Combault (Seine-et-Marne). Du 20 au 22 mars  Théâtre Joliette-Scène conventionnée, Marseille (Bouches-du-Rhône). Du 25 au 30 mars, Scène de Bayssan (Hérault).

Les 3 et 4 avril, Théâtre Sartrouville et des Yvelines-Centre Dramatique National. Du 9 au 11 avril, Théâtre de Nîmes- Scène conventionnée (Hérault).

Le texte est paru aux éditions Actes Sud-Papiers.



 


Festival d’Automne Le Ring de Katharsy, conception, écriture, chorégraphie et mise en scène d’Alice Laloy

 Festival d’Automne

Le Ring de Katharsy, conception, écriture, chorégraphie et mise en scène d’Alice Laloy 

 Elève de 98 à 2001 de l’école du Théâtre National de Strasbourg, section scénographie-costumes, elle créera D’Etats de femmes en 2004, puis Moderato, deux ans plus tard. En 2012, recrée Batailles, prix de la création/expérimentation de l’Institut International de la Marionnette. Invitée par Fabrice Melquiot à concevoir un spectacle sur le dadaïsme, elle crée Ça dada en 2017 au Théâtre Amstramgram à Genève.
Puis Alice Laloy entreprend une recherche photographique autour de Pinocchio et ira en Mongolie, à l’occasion du programme Hors les murs 2017 de l’Institut Français dont elle a été lauréate. Elle en présentera une version scénique:
Pinocchio (live)#1 à la Biennale Internationale des Arts de la Marionnette en 2019. Et deux ans plus tard , elle crée Pinocchio(live)#2 au festival d’Avignon, un magnifique spectacle (voir Le Théâtre du Blog) avec les enfants-danseurs du Centre Chorégraphique National de Strasbourg et les jeunes élèves en art dramatique au Conservatoire de Colmar..

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© Simon Gosselin

Cette pièce a été créée en octobre dernier au T.N.P. à Villeurbanne. Deux hommes assis dans un fauteuil manipulent des êtres vivants sur un ring dessiné par deux bandes de craie, comme dans un jeu vidéo mais ici ritualisé, hurlant leurs ordres au micro : « Avance, recule, plus vite, etc. Dans le fond une cantatrice debout ( Marion Tassou) dans une très longue robe grise comme les rideaux à jardin, à cour et dans le fond : un univers dystopique, comme on dit maintenant pour faire chic. Ici, tout est uniformément gris : sol, visages, corps et costumes de ces vraie/fausses marionnettes humaines comme magistralement animées en quatre manches. Ce sont des êtres réels mais vivants? on ne sait plus trop, surtout quand deux assistants les prennent dans leurs bras et les replacent sur des bancs. Un moment magnifique. Entre temps, ils ont sauté, couru comme des automates, le regard terriblement vide…
Sur le mur du fond, s’affichent les scores sur deux écrans et ces slogans qui nous agressent partout jusque sur les panneaux lumineux dans le métro, genre:  black friday, click and collect…  pour nous pousser à acheter et à consommer encore plus, selon l’évangile trumpien. De temps à autre, les écrans bafouillent: des lettres de mots s’affolent, ou bien apparait le très laid dessin géométrique d’un visage. Alice Laloy dénonce ici cet envahissement de ce qu’on ose appeler : « communication ».

© Simon Gosselin

© Simon Gosselin

Régulièrement tombent des cintres pour rythmer chaque épisode, une table, des chaises, un fauteuil, un canapé, un lampadaire mais aussi des carottes (un souvenir de Samuel Beckett?) un tas de vêtements noirs et des cartons remplis de feuilles et déchets de papier  qui envahissent le plateau . Mais toujours exactement à l’endroit nécessaire, pour être utilisés par les mannequins-automates. Cette machine scénographique, toute noire, inquiétante, bien visible, suspendue au-dessus du plateau, a été conçue par Alice Laloy, avec un fonctionnement d’une précision qui donne le vertige, elle a quelque chose d’implacable comme le jour et la nuit, ordonné par on ne sait quelle divinité,  et de quasi-métaphysique: Alice Laloy sans avoir l’air d’y toucher, nous parle de la relation entre esprit et matière, entre être et identité: tous ces pseudo-humains sans aucun nom, sont déplacés dans un espace et un temps qui ne leur appartient pas: ici dans un présent fugitif, mais ni passé  ni futur envisageables. Ici  ces humains automatisés semblent soumis à une causalité qui leur échappe.
Le spectacle-et cela se sent-est le fruit du travail de toute une équipe et a dû faire l’objet de nombreux réglages. Avec une exceptionnelle maîtrise, Alice Laloy entraîne le public dans une quête fascinante où se mêle vrai et faux.

© Slmon Gosselin

© Simon Gosselin

Ici, pas de texte ou si peu, ni psychologie, ni personnages. Aucune véritable narration ou scénario mais l’objet, lui, est un personnage à part entière: comment ne pas penser à l’armoire et au lit du curé dans Wielopole, Wielopole, aux pupitres en bois achetés à une école de la campagne polonaise, dans La Classe morte avec ses petits élèves-poupées qu’étaient les vieillards et qui les portent sur leur dos…
Des éléments essentiels dans ces spectacles-culte imaginés et réalisés par Tadeusz Kantor auquel les jeunes générations de créateurs ne cessent de se référer et qu’Alice Laloy connait visiblement bien.

Katharsy ou catharsis? Et ce Ring de Katharsy dans un défoulement de violence gestuelle et sonore a aussi quelque chose à voir avec le théâtre antique grec… Sous le regard chorégraphique de Stéphanie Chêne, Coralie Arnoult, Lucille Chalopin, Alberto Diaz, Camille Guillaume, Dominique Joannon, Antoine Maitrias, Nilda Martinez, Antoine Mermet, Maxime Steffan et Marion Tassou, la cantatrice font ici un travail exemplaire. Les deux joueurs finissent par ne plus avoir la maîtrise de ce combat permanent, et seront couverts par des jets de poudre violette envoyés par les acteurs-marionnettes.
Et, à la fin, sorti de la robe de la cantatrice envahira tout le plateau, un immense drap de cette même couleur.  Celle de la tenue liturgique durant les périodes de jeûne mais peu utilisée par les peintres. Mais Henri Matisse, Edgar Degas, Egon Schiele, Pablo Picasso… se sont emparé de ce violet, à chaque fois indiqué: manteau, tutu, bas, costume, dans le titre du tableau, pour habiller leur  personnage.   Cette couleur a aussi été à la même époque- sans doute pas par hasard-celle des suffragettes. Et ensuite souvent les féministes ont-elles porté des vêtements mauve dans les manifs… Une revanche contre le paternalisme et le pouvoir religieux?
Ce spectacle poétique hors-normes est très accessible et d’une beauté exceptionnelle, dans la lignée exacte de son Pinocchio. Alice Laloy s’y interroge aussi sur le corps humain et la marionnette qu’il tend à devenir dans la société actuelle. Y emmener votre vieille tata? Pas sûr (encore que!)  mais vous, allez-y. Le public-pour une fois en majorité jeune- se retrouvait dans ce questionnement et a fait une ovation debout aux acteurs, à la créatrice et aux nombreux techniciens. Au moment des saluts, Alice Laloy et Daniel Jeanneteau, directeur du T2 G, ont rappelé avec juste raison que ce spectacle nécessitant de gros moyens, avait pu être créé grâce au service public.  Et c’est bien que les habitants de Gennevilliers puissent aller le voir.  Madame Le Pen, même si elle n’ira sans doute jamais en prendrait de la graine…

Philippe du Vignal

Jusqu’au  16 décembre, T2 G Centre Dramatique National , 41 avenue des Grésillons, Gennevilliers (Seine-Saint-Denis). T. : 01 41 32 26 10.

La Rose des Vents, Scène nationale  de Lille-Métropole, Villeneuve-d’Ascq (Nord), les 9 et 10 janvier.

Théâtre Olympia-Centre Dramatique National de Tours, l’Hectare, les Territoires vendômois- Centre National de la Marionnette et  Université de Tours  (Indre-et-Loire), du 26 février au 1 er mars.

Scène nationale de Malakoff (Hauts-de-Seine), dans le cadre du festival Marto, les 13 et 14 mars. Théâtre d’Orléans-Scène nationale (Loiret), les 20 et 21 mars.

Théâtre de l’Union-Centre Dramatique National du Limousin, Limoges (Haute-Vienne), les 3 et 4 avril. La Comédie- Scène nationale de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), les 9 et 10 avril.

Théâtre de la Cité, Centre Dramatique National de Toulouse-Occitanie (Haute-Garonne), du 23 au 26 novembre.


Adieu Kostas Georgoussopoulos

Adieu Kostas Georgoussopoulos 

Profonde tristesse devant cette disparition! Egalement connu sous le pseudonyme de K.H. Myris, Kostas Georgoussopoulos aura beaucoup  apporté aux lettres, aux arts et à la scène. Philologue, traducteur, chroniqueur de théâtre, parolier de chansons emblématiques et professeur, il s’est aussi consacré jusqu’à la fin de sa vie à l’étude de l’histoire du théâtre grec et de la dramaturgie antique.


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Né à Lamia en 1937, Kostas Georgoussopoulos avait étudié la philosophie à l’université d’Athènes, et suivi les cours du département d’histoire et d’archéologie.  Mais il a aussi appris le théâtre au Conservatoire national avec Dimitris Rontiris et Yannis Sideris.
Puis il a enseigné dans l’enseignement privé et public, et à l’Université. En 78, il a été chargé par le ministère de l’Education et des affaires religieuses, d’éditer  Poésie dramatique, un recueil qui a été pendant  vingt-cinq ans au programme du secondaire. Depuis vingt ans, il a été président du Centre d’études et de recherches du théâtre grec-Musée du théâtre.

En 86, il a reçu le premier prix d’État pour son essai  L’Après Théâtre et   s’est vu remettre le prix de l’Académie d’Athènes en 1999 pour De Strindberg et Tchekhov, à Pirandello et Bertolt Brecht.
En 2006, l’Université de notre capitale lui a décerné un doctorat honorifique et en 2008, le Grand prix d’État de littérature pour l’ensemble de son œuvre.
Kostas Georgoussopoulos fut aussi critique théâtral depuis 71 au quotidien To Vima, puis à Ta Nea, jusqu’à la fin de ses jours Ses essais critiques, pamphlets et commentaires ont été publiés dans  Clefs et codes du théâtreLe drame antique, Le Théâtre grec, Théâtre mondial: De Ménandre à Ibsen De Strindberg et Tchekhov à Pirandello et Brecht De Miller à Müller. Et sous le pseudonyme de K. H. Myris, il a publié des nouvelles et poèmes mis en musique, entre autres, par Yannis Markopoulos ( Chronique, Ithagénia... ) Cher Kostas, nous te saluons avec respect et admiration pour ta grande poésie que le peuple grec a chanté, chante et chantera, pour tes magnifiques traductions de tragédies, pour ton activité de critique de spectacles sur plus de cinquante ans! et  pour ton amour de l’art théâtral! Tu nous inspireras toujours et nous ne t’oublierons pas !
 
Nektarios-Georgios Konstantinidis
Les obsèques de Kostas Georgoussopoulos auront lieu mercredi 11 décembre à 13 h au cimetière de Papágou-Cholargós.

Les Chroniques, d’après l’œuvre d’Emile Zola, adaptation et mise en scène d’Eric Charon (conseillé à partir de quinze ans)

Les Chroniques, d’après l’œuvre d’Emile Zola, adaptation et mise en scène d’Eric Charon (à partir de quinze ans)

Cet écrivain et journaliste (1840-1902) est sans doute, avec Honoré de Balzac et Victor Hugo, un des écrivains  français les plus populaires, et a été traduit dans le monde entier. Dans Les Rougon-Macquart, une fresque romanesque en vingt livres, il peint la société sous le second Empire, à travers plusieurs générations. Entre autres dans Le Ventre de Paris (1873), L’Assommoir (1877), Nana, 1880, Pot-Bouille (1882), Au Bonheur des dames (1883), Germinal (1885), La Terre (1887), La Bête humaine (1890), un roman magistralement filmé avec Jean Gabin, quarante-huit ans plus tard par Jean Renoir. Et Thérèse Raquin, qu’Emile Zola adapta lui-même pour le théâtre. Il écrivit aussi quelques pièces… mais jamais passées à la postérité.

Maître dans l’art de la fiction à base de naturalisme, il a une obsession de la vérité des personnages et situations. Et grâce à une solide documentation et aux recherches sur place, à un sens du détail et du narratif, le traitement  qu’il fait des thèmes sociaux et ses dialogues ciselés sonne juste.Des éléments pouvant aussi intéresser les metteurs en scène et cela ne date pas d’hier L’Assommoir, Germinal, Nana, Le Ventre de Paris, Pot-Bouille  et Thérèse Raquin, ont été adaptés de son vivant pour la scène, ce dernier même par lui…
Et La Terre qu’il avait écrit, quand le blé américain avait inondé le marché français, entraînant la chute des prix et des tragédies rurales, est d’une rare actualité! L’histoire bégaie avec l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur : Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay… Tiens, tiens comme c’est curieux et comme c’est bizarre, le premier de ces pays avait « importé » des  œuvres d’Emile Zola pour les monter au théâtre.
La Terre a été adaptée avec succès cette année (voir Le Théâtre du Blog) au Théâtre Gérard Philipe par Anne Barbot où se jouent ces Chroniques.

© Simon Gosselin

© Simon Gosselin

Membre du collectif In Vitro depuis 2009, Éric Charon dit avoir été séduit par la modernité et la puissance des thèmes sociaux et politiques que le grand romancier a traités dans Les Rougon-Macquart. Pour ces Chroniques, il a travaillé  dans L’Assommoir sur le personnage de Gervaise, vingt-deux ans qui vit misérablement avec Auguste Lantier, un ouvrier et leurs deux enfants, Claude et  Étienne. Mais Auguste l’abandonnera. Devenue blanchisseuse, elle est en couple avec  Coupeau. Tombé d’un toit un couvreur s’est cassé une jambe. Mais il a peur de ce travail, ne travaille plus et sombre dans l’alcool. Lantier revient et s’installera chez eux…

Après un prologue sans grand intérêt dans le hall et sur le parvis du théâtre où on voit Gervaise faire un semblant de lessive au son de l’accordéon, nous arrivons dans la petite salle. Scénographie bi-frontale avec des tables et chaises des années cinquante, et accrochées au mur du fond, quelques percussions et devant, un saxophoniste et un accordéoniste qui se déplaceront ensuite. Nous allons assister d’abord à une remarquable scène avec, en voix off, un juge, tirée de  La Bête humaine où l’on retrouve Jacques Lantier, le fils de Gervaise.

© Simon Gosselin

© Simon Gosselin


Roubaud, sous-chef de gare au Havre, a fait injustement l’objet d’une plainte. Il apprend que Séverine a été l’amante de Grandmorin, président de la compagnie des chemins de fer.
Fou de jalousie, il décidera alors de le tuer, avec Séverine, comme complice. Jacques Lantier, vingt-six ans, lui, mécanicien sur la ligne Paris-Le Havre, va souvent chez sa marraine Phasie Misard dans le logement de son mari, garde-barrière sur la même ligne.

Flore, leur fille de dix-huit ans, est amoureuse de Lantier qui croit avoir vu un meurtre dans son train. Misard lui dira ensuite que c’est bien le président Grandmorin qui a été tué. Roubaud et sa femme, ayant voyagé dans ce train, seront entendus comme témoins.  Lui dira qu’il l’a rencontré cet homme par hasard mais qu’il ne sait rien de plus, comme sa femme. Lantier affirme, lui, avoir été témoin mais n’a pu voir clairement l’assassin. Denizet, le juge d’instruction  soupçonne les Roubaud: ils ont une maison que leur a léguée Grandmorin. ..
« Ces deux opus imbriqués, dit Eric Charon, auscultent l’humain dans ce qu’il a de sublime et de plus pathétique, de plus fort et de plus faillible, reliant sans cesse histoire intime et grande histoire. Ces allers-retours confèrent à cette création plusieurs couleurs et plusieurs registres dramatiques, du rire aux larmes. »  Le metteur en scène a adapté et entremêlé ces histoires d’amour, violences et mort.  Emile Zola met le doigt là ou cela fait mal et pose habilement la question du déterminisme et de la justice sociale.

© Simon Goselin

© Simon Gosselin

Le présent ou plutôt un présent des années cinquante si on en croit le mobilier avec des acteurs, parfois conteurs, qu’accompagne la musique de Maxime Perrin. Brutalité dans les familles, extrême violence du patronat envers les ouvriers, jeu, alcoolisme et prostitution, criminalité, système judiciaire appartenant à la bourgeoisie, logements ouvriers sales et surpeuplés, accidents du travail fréquents et vus comme une fatalité, assemblée nationale réactionnaire, justice sociale en berne…
Et hérédité lourde à porter : Eric Charon sait dire tout cela avec efficacité et cite à juste titre Gilles Deleuze: « La fêlure est donc cette prédisposition héréditaire à cause de laquelle un personnage est dominé par ses pulsions, par son instinct. À travers elle, l’instinct cherche l’objet qui lui correspond dans les circonstances historiques et sociales de son genre de vie : le vin, l’argent, le pouvoir, la femme… »

Emile Zola revient souvent sur la question de l’hérédité criminelle-il y a chez Jacques Lantier, quelque chose chose de maudit- et sur la profonde injustice qui gangrène le monde puissant de la Justice. Il est aussi un des premiers romanciers à mettre en scène le train, les gares et le réseau ferroviaire… Ce sera le paysage d’innombrables films et, avec tous ses croisements de lignes, symbole de la vie humaine chez les riches, comme chez les prolétaires…
Côté dramaturgie, l’histoire, pas toujours facile à suivre et cette imbrication de scénarios ne sont peut-être pas l’idée du siècle, comme la musique trop fréquente sous le texte de Maxime Perrin, à l’accordéon et de Samuel Thézé,  à la clarinette. Et il y a souvent, dans la seconde partie, un manque de rythme, dû en partie à cet espace tout en longueur, pas facile à apprivoiser.
Mais la direction d’acteurs est de tout premier ordre et l’interprétation, exemplaire: Zoé Briau, Éric Charon, David Seigneur, Aleksandra de Cizancourt, Magaly Godenaire (mention spéciale)  et Olivier Faliez en voix off, tout de suite absolument crédibles dans de multiples rôles, savent donner au texte une belle saveur et même parfois une émotion, peu fréquente dans le théâtre contemporain… Les jeunes gens-majoritaires pour une fois-et le reste du public-les ont longuement, et avec raison, applaudi.

 Philippe du Vignal

Jusqu’au 15 décembre, Théâtre Gérard Philipe-Centre Dramatique National, 59 boulevard Jules Guesde, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

 


Moins que rien d’Eugène Durif d’après Woyzeck de Georg Büchner, mise en scène Karelle Prugnaud

Moins que rien d’Eugène Durif d’après Woyzeck de Georg Büchner, mise en scène de Karelle Prugnaud

Il faut toujours du courage pour mettre en scène un texte, lui donner une forme concrète et sensible. Avec Woyzeck, une œuvre inachevée de Georg Büchner (1836), la responsabilité est plus pressante encore : comment, et de quel droit « finir » un  texte ? En même temps, la dernière pièce de ce génie mort à vingt-quatre ans, auteur de La Mort de Danton, Lenz, Léonce et Léna, sans compter ses textes révolutionnaires et son travail scientifique, est d’une telle force, qu’elle soutient ceux qui décident de la monter. Eugène Durif, avec Karelle Prugnaud, a choisi (aussi par nécessité) de réunir ces fragments en un monologue, celui du «moins que rien», un Woyzeck, marionnette et cobaye traversé par les voix de ses oppresseurs: le capitaine et le médecin expérimentateur.

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Troufion, Woyzeck est soumis aux brimades de ses congénères dotés d’un tout petit pouvoir de commandement. « Porc », « ombre d’un porc », traîné au sol dans la crasse, malmené, injurié… Comme si cela ne suffisait pas, il arrondit sa solde en vendant son corps à la science  mais interdiction de se soulager contre un mur, toutes ses « humeurs » appartiennent au docteur, pour études.
Au fond du fond, il perd ce qu’il croyait à lui, le seul être sur lequel il lui restait un peu de pouvoir : il assassine sa fiancée parce qu’elle s’est laissée regarder (et offrir des boucles d’oreilles) par d’autres. Animal de laboratoire ? Allons plus loin, expérimentons sur cet être «immoral » la torture punitive. Il faut tester les effets de la « question ».
Dans la première partie du spectacle, est exposée , une chorégraphie des brimades militaires. Vient ensuite l’expérience de la torture sonore, en utilisant des fréquences supposées de plus en plus intolérables à l’oreille et au cerveau. Le spectateur, impressionné par la distribution de bouchons d’oreilles à l’entrée, est presque déçu de ne pas percevoir grand-chose de ces stridences lancées fictivement (on le voit en vidéo) par le véritable responsable de la création musicale du spectacle, Kerwin Rolland, et répercutées par la gestuelle de l’acteur.

La tension monte ensuite. Enfermé dans une sorte de vivarium vertical à l’allure de cabine téléphonique, le « moins que rien » y est soumis peu à peu à l’inexorable montée de l’eau, bientôt teintée de sang. Et, même s’il lui arrive de s’évader par le sommet de la cabine, il y retombe jusqu’à la noyade. Des silhouettes militaires entourent la cabine, trop tard et en vain, plus besoin de surveillance : tout se passe entre l’homme, l’eau, et sa prison.
L’homme ? Comment l’appeler : le patient, le prisonnier ? Presque nu, il lutte contre ce qui l’enferme et en même temps, contre sa propre histoire, telle qu’il l’entend et telle que les voix des autres la lui martèlent en tête. D’aucuns trouveront Bertrand de Roffignac trop beau, trop habile et agile pour le rôle… Mais faut-il enlever à celui qui représente les basses classes écrasées par la classe dominante le droit à la beauté ?
Le choix de l’acteur, créateur du spectacle, à égalité avec l’auteur et la metteuse en scène, transcende la dimension sociale de la pièce pour arriver à une réflexion sur l’Homme, celui qui commet le crime et celui-ou plutôt l’institution-qui le punit, tout en l’ayant conduit, aussi inexorablement que l’eau qui monte, au geste criminel.

Avant de venir au Théâtre 14, le spectacle a été créé en plein air, dans un espace et une ampleur difficiles à imaginer : l’acteur était hissé par une grue pour être plongé dans l’aquarium ! Un modeste bémol : les grandes affiches de Tarik Noui dénonçant le féminicide, fonctionnaient sans doute mieux dans un espace ouvert que sur une scène : trop proches des spectateurs.
Karelle Prugnaud et Eugène Durif font régulièrement équipe depuis près de vingt ans, elle, avec son expérience de la performance et des arts de la rue, lui, avec son écriture sur le vif. Avec le plasticien Tarik Noui et le scénographe Gérard Groult (performeurs sur scène en soldats) et Kerwin Rolland, ils ont créé ensemble un objet théâtral puissant et troublant. Il faut ajouter : beau, grâce à la présence de Bertrand de Roffignac, Arlequin mémorable-et l’on sait qu’Arlequin est le plus pauvre des pauvres paysans, d’où son habit fait de morceaux-Woyzeck superbe et vaincu, dont la vie, malgré tout, n’aura pas été pour rien. À voir d’urgence.

Christine Friedel

Théâtre 14, 20 avenue Marc Sangnier, Paris (XIVème). On peut encore voir ce spectacle créé en dernier au festival Les Invité à Villeurbanne ( Rhône)  les jeudi 5 à 19h, vendredi 6 à 20 h et samedi 7 à 16 h . T. : 01 45 45 49 77.

 

 


Résistance féminine en déportation, une rencontre avec Alya Aglan, professeure d’histoire contemporaine à l’université Panthéon-Sorbonne, Christiane Page, professeure en études théâtrales à l’université Rennes II-Haute-Bretagne et Danièle Lebrun, conduite par la journaliste Leïla Kaddour-Boudadi

Résistance féminine en déportation, une rencontre avec Alya Aglan, professeure d’histoire contemporaine à l’Université Panthéon-Sorbonne, Christiane Page, professeure en études théâtrales à l’Université Rennes II-Haute-Bretagne et Danièle Lebrun,

Cette rencontre a été conduite par la journaliste Leïla Kaddour-Boudadi. Dans Les Héroïnes oubliées de la libération,Mélina Gazsi écrit: «Le 20 février 2014, quand le président François Hollande remet à l’Elysée, la médaille de Grand officier de la Légion d’honneur à Cécile Rol-Tanguy, 95 ans, elle s’en étonne encore : “Cela m’émeut de voir qu’on a beaucoup oublié les femmes. Dix ans plus tôt, quand elle avait été promue Officier de la Légion d’honneur par Jacques Chirac, elle avait dit : « J’ai considéré que je représentais toutes les femmes qui n’avaient rien eu. Ces oubliées sont toutes celles qui ont participé, chacune à leur manière, à libérer Paris de l’occupation nazie et dont personne ne se souvient. Quelques-unes, comme elle, engagées dans la Résistance et la libération de la capitale, sont passées à la postérité. Comme Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Germaine Tillon qui  reposent aujourd’hui au Panthéon. Mélinée Manouchian vient de les y rejoindre.»

© Jean Couturier

© Jean Couturier

D’autres, elles, déportées, ont aussi fait acte de résistance et sont mises à l’honneur ce soir. Dans ces textes lus par Danièle Lebrun, Alya Aglan précise qu’elles venaient de milieux socio-professionnels très différents et ne correspondaient pas à la description habituelle de « terroristes ». Elles participaient aux renseignements, premier maillon de la Résistance, aidaient aux évasions et aux sauvetages, soignaient les blessés. Pourtant, sur les 1.038 compagnons de la Libération, six femmes seulement ! Christiane Page, elle, a parlé de Charlotte Delbo qui rencontra Louis Jouvet à l’occasion d’une interview et qui l’engagea comme assistante. De 37 à 40, elle prendra en note ses cours au Conservatoire National d’Art Dramatique. En 41, elle participe à la résistance auprès de son mari mais arrêtée en 42, sera déportée à Auschwitz-Birkenau de janvier 43 à janvier 44 puis à Ravensbrück jusqu’en avril 45. Son mari, lui, avait été exécuté.

Daniel Lebrun lit un extrait d’Une Connaissance inutile, trilogie, Auschwitz et après (1970): «On ne rêvait pas, on délirait, parler restait la seule évasion. (…) Nous allons monter une pièce ». Avec un amie, elle va écrire de mémoire, Le Malade imaginaire! La pièce sera jouée devant des Polonaises qui comprenaient le français. «Pendant deux heures nous y avons cru, plus qu’à notre improbable liberté future. »
Et une œuvre artistique marqua leur existence là-bas: Une Opérette à Ravensbrück de Germaine Tillion, qui, elle, arrêtée en 42, avait été déportée dans ce camp en octobre 43. Elle y parle sous une forme légère de leur vie, mêlant dialogues, danses, airs connus d’œuvres classiques ou de chansons populaires. Avec ce spectacle, elles pouvaient s’offrir une minuscule parcelle de liberté. La pièce, adaptée et mise en scène par Claudine Van Beneden, a été jouée avec succès il y a deux ans  au Théâtre du chien qui fume dans le Off d’Avignon (voir Le Théâtre du Blog).
Résister et survivre là-bas passait aussi par l’art. Le jeu était une forme de résistance et ont ensuite apporté leur témoignage, toutes ces femmes anonymes ou pas. «Témoigner, dit Alya Aglan, c’est encore enlever quelque chose à la barbarie.» Et « 
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Jean Couturier.

Le 2 décembre, au Vieux-Colombier- Comédie-Française, 21 rue du Vieux-Colombier, Paris (VI ème).
T. : 01 44 58 15 15.

Diffusion le 19 décembre à 20 h 30 sur comédie-française.fr


Adieu Niels Arestrup

Adieu Niels Arestrup

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Mort à soixante-quinze ans.  Cet excellent acteur au regard bleu d’acier dont le père était ouvrier, avait été formé, non dans des écoles classiques mais chez la formidable enseignante qu’était Tania Balachova. Il  était bien connu du  grand public grâce surtout au cinéma  où il jouait souvent des personnages ambigus d’abord chez Claude Lelouch, Yves Boisset.. A cinquante ans, il joua davantage, notamment dans  De Battre mon cœur s’est arrêté  (2005) et Un Prophète (2010) de Jacques Audiard, Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier; pour chacun de ces films, il reçut un César du meilleur second rôle.

Et aussi dans  Elle s’appelait Sarah, L’affaire Farewell, Villa Caprice, La Femme flic, Le Futur est femme, Parlez-moi d’amour.  Il  était devenu réalisateur du Candidat.   Au théâtre, nous l’avions découvert en 73 dans Crime et châtiment d’après Dostoïevski, mise en scène d’André Barsacq, puis brillant dans Don Juan de Molière, Platonov, d’Anton Tchekhov, mise en scène de Gabriel Garran, et La Cerisaie du même grand dramaturge, mise en scène de Peter Brook en 82. Mais il jouait aussi bien des auteurs classiques, que contemporains. Avec toujours la même présence incendiaire d’homme qui a des comptes à régler. Ainsi  en 90  dans Sade, concert d’enfers d’Enzo Cormann, mise en scène de  Philippe Adrien et la même année dans Le Misanthrope de Molière, mise en scène de Pierre Pradinas. Il reçut un Molière pour Rouge de John Logan, il y a quatre ans.

Il avait aussi créé en 88 avec des moyens limités, le Théâtre-École du Passage, rue Boyer, à Paris qui avait fait référence mais avait la réputation d’avoir un sacré caractère… Nous en avions quelque chose. Venu pour faire une interview de lui à l’Odéon où il jouait brillamment dans La Mouette d’Anton Tchekhov, mise en scène par Andreï Kontchalovski, nous l’attendions à l’entrée des artistes mais il nous avait aussitôt dit que j’avais peut-être rendez-vous avec lui mais que, finalement, il n’avait pas envie de parler! Cela, avec une pointe d’agressivité et sans un mot d’excuses… Il finit par accepter une autre date mais s’était montré dur et assez méprisant, éludant les questions, ou y répondant en trois mots. Bref, le bonheur pour un journaliste…
Et il avait la réputation de s’être montré parfois assez violent avec ses partenaires féminines au théâtre En 83, quand il jouait avec elle, Mademoiselle Julie, il aurait giflé Isabelle Adjani puis avait dit que c’était elle qui avait commencé! En tout cas, elle avait, vite fait, abandonné le rôle. Quant à Myriam Boyer, il  avait commencé à l’étrangler en 96 dans Qui a peur de Virginia Woolf? d’Edward Albee et avait dû lui verser 800.000 francs de dommages et intérêts.
Malgré cela, aucun doute là-dessus, ce fut un immense comédien. Requiescat in pace…

Philippe du Vignal

 


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