Rêve d’automne de Jon Fosse mise en scène David Géry au Théâtre de l’Athénée à Paris par Irène Sadowska Guillon

image1.jpgHéritier d’Ibsen et de Maeterlinck, Jon Fosse (né en 1959), un des plus importants écrivains de la jeune génération norvégienne, est auteur d’une vingtaine de pièces traduites dans une trentaine de langues et dont plusieurs ont été créées en France.
Un théâtre singulier, énigmatique, à l’atmosphère étrange, imprégné de mélancolie, sa couleur de base, habité par des personnages sans nom, sans âge, sans adresse, dont on ne sait rien. Mais que savent-ils d’eux-mêmes ? Une écriture sans ponctuation, minimaliste, répétitive, trouée de silences, de pauses, de ruptures, de suspensions, émaillée de questions sans réponse, de non dit, d’attentes, de propos contradictoires.
C’est l’automne, peut-être l’automne d’une vie ? Dans un cimetière un homme assis sur un banc, une femme apparaît, ils se reconnaissent. Elle est de passage, il est marié et père d’un fils. Pris soudain d’une passion fulgurante ils vivent dans ce cimetière une histoire d’am
our hors de toutes les contraintes, dans un temps en suspension, immobilisé pour eux, tandis qu’il passe pour les autres qui autour – les parents et la femme de l’homme – viennent enterrer leurs morts.
David Géry apporte un éclairage nouveau sur le théâtre de Jon Fosse en le libérant, sans rien perdre de sa dimension métaphysique, de l’hermétisme, de la gravité sombre, pesante dans lesquels l’ont enfermé certaines mises en scène. Il décrypte avec une remarquable justesse l’écriture de Fosse, ses tensions, sa vocalité, ses rythmes, ses ruptures, ses sens multiples, les retours de thèmes obsessionnels, en les transposant en partition scénique.
Pour l’interpréter cinq excellents acteurs : Yann Collette (l’homme), Irène Jacob (la femme), Judith Magre (la mère), Simon Eine (le père
), Gabrielle Forest (Gry) qui créent des personnages à la fois consistants et fragiles et, tout en conservant leurs singularités, leurs sensibilités très différentes, leurs sonorités particulières, forment un quintet parfait.
Une absolue maîtrise du jeu temporel, des entrelacements et des superpositions du temps distordu, arrêté, accéléré, condensé comme dans un rêve.
Le décor, le cimetière avec trois pierres tombales, un mur, un banc, du gravier, est à la fois un repère du réel et un lieu où les frontières entre le réel et le rêve, le présent et le passé, la vie et la mort s’estompent. L’histoire qui se déroule devant nous est-elle réelle ou rêvée ? Ses protagonistes existent-ils vraiment, sont-ils dans un rêve où sont-ils déjà morts ? Les mots qu’ils disent se heurtent à l’indicible, tournent autour, reviennent, s’étiolent, révèlent l’impossibilité de dire, d’exprimer, de savoir.
David Géry et ses acteurs traduisent sur scène avec intelligence et une rare intuition ce théâtre de l’incertitude, de la fragilité d’être.

 

Irène Sadowska Guillon

Rêve d’automne de Jon Fosse, mise en scène David Géry
Théâtre Athénée Louis Jouvet à Paris
du 25 septembre au 18 octobre 2008

 

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