Madame de Sade, de Yukio Mishima, mise en scène de Jacques Vincey.
Mishima avait écrit la pièce cinq ans avant de se suicider en 1970, et Sophie Loucachevski l’avait créée à Chaillot en 85, avec beaucoup de succès en faisant jouer les six personnages féminins par des acteurs.La pièce sera reprise par Alfredo Arias,.Jacques Vincey s’ est emparée avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité de ce texte qui, en trois actes, retrace trois journées de la vie du célèbre marquis Pendant son arrestation en 1772, puis en 1778 et enfin en 1790, quand il sortira de prison. Il y a là sa femme , sa belle-mère, et sa belle-soeur, deux amies ( Hélène Alexandridis, Marilu Marini, Isabelle Mazin, Myrto Procopiou et Anne Sée , toutes remarquables,et une servante jouée par un comédien Alain Catillaz, sans que l’on ne voit ni entende jamais le célèbre marquis. En fait toute la pièce tourne autour de la figure assez énigmatique de la Marquise de Sade qui soutiendra socialement et moralement son mari, alors qu’on lui apprend tout de sa vie passée mais qui refusera de le revoir, quand il deviendra libre. Sans doute, par peur, dix huit ans après de ne pas retrouver le jeune et bel homme qui l’avait été.La pièce de Mishima , plus de quarante ans après son écriture garde toute sa solidité, en dépit de quelques longueurs Mais ce qui frappe dans ma mise en scène de Vincey, c’est la maîtrise de sa direction d’acteurs qui possède une rare unité.On ne voit pas très bien pourquoi il a demandé à un homme de jouer la servante, ni pourquoi il a affublé ses comédiennes de robes à panier montées sur roulettes, ce qui n’apporte ni ne signifie pas grand-chose Malgré ces réserves, cette madame de Sade mérite le détour: c’est devenu si rare de voir un ensemble de personnages aussi bien interprété.
Philippe du Vignal
Théâtre des Abbesses/ Théâtre de la Ville, jusqu’au 24 octobre.