Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre Le Roland par Christine Friedel
Un point de départ : la violence, la guerre, la barbarie, c’est « le moyen âge ». Or, quelle guerre nous est mieux racontée que celle de Charlemagne contre les Sarrazins ? La Chanson de Roland vous a un côté G.W.Bush contre le terrorisme très tentant pour la troupe du “Théâtre irruptionnel“. Maintenant, plus que la guerre sanglante, la guerre économique enflamme le monde. Dans la réécriture de Hédi Tilette, Roland et Olivier, les beaux-frères ennemis devenus frères de sang à la vie à la mort (lire à ce sujet Victor Hugo) deviennent cadres sup’, chacun son style, dans l’entreprise Magne (Charles), « trahie » par un Ganelon passé à la concurrence. Ça se tiendrait, sans le tour de passe-passe qui fait qu’on ne sait plus où est l’ennemi.
Mais peu importe : les idées ludiques ne manquent pas. Ainsi, la guerre, c’est la boucherie. Donc l’équipe se sert fort justement des gants et tabliers de cottes de mailles fabriqués pour protéger les boucher d’aujourd’hui des inévitables glissements de couteaux. Et c’est là que ça va de moins en moins bien : ces beaux objets pleins de sens sont à peine utilisés, comme les poulets crus qui auraient dû nous montrer la crudité de la guerre (?), mais dont personne ne sait trop quoi faire, comme le public sur le plateau, tout juste soumis à un tir de pistolet à eau, comme ces « spectateurs » (ou amateurs complices ?) longuement retenus sur scène, pour leur plus grande fierté, certes, mais pour l’ennui certain du public…
Conclusion, hélas pas nouvelle : les « zidées » ne font pas le théâtre.
Christine Friedel
Nouveau Théâtre de Montreuil- CDN puis en tournée