Habbat Alep de Gustave Akakpo, mise en scène de Balazs Gera

habbataleptheatrefichespectacleune.jpg Ce jeune écrivain togolais a déjà plusieurs pièces derrière lui comme Catharsis, Tactic à la rue des pingouins, La mère trop tôt. Habbat Alep raconte les tribulations d’un jeune métisse qui revient dans le pays de son père, originaire du Proche-Orient. Mais il est accueilli par sa cousine qui est enceinte et que son père lui destine pour sauver son honneur et celui de sa famille.
Le jeune homme, écrivain et non journaliste comme il le répète aux contrôles de douane, fait des recherches sur une langue menacée: le mina, langue orale parlée dans la région de Lomé. C’est en fait une sorte de récit de voyage dialogué où le jeune écrivain rencontre beaucoup de gens dans le quotidien d’un  pays pauvre.
La pièce est écrite dans une langue souvent magnifique, à la limite de la virtuosité et Gustave Akakpo reconnait avoir été influencé par Sony Labou Tansi; cela se sent, surtout dans l’approche particulière qu’il a de la langue française, à la fois disons réaliste et profondément poétique, à la façon d’un conteur.

Mais la mise en scène de cette pièce intéressante n’est pas tout à fait au diapason, en grande partie sans doute à une scénographie encombrante (de grands châssis noirs que l’on déplace sans cesse) et à une direction d’acteurs assez hésitante qui ne semble pourtant pas due au fait que ce soit des acteurs français jouant des personnages africains  On vous rendra compte d’A petites pierres, l’autre pièce de Gustave Akakpo qui se joue aussi au Tarmac.

Philippe Du Vignal

Le Tarmac de la Villette, Paris XIX ème jusqu’au 1 er novembre.


Archive pour 19 octobre, 2008

Le Shaga de Marguerite Duras, mise en scène de l’auteur.

La pièce avait été créée en 1968 au feu Théâtre Gramont devenu salon de coiffure! et où Michel Simon avait joué autrefois Du Vent dans les branches de Sassafras de René de Obaldia, tout près du restaurant où Marcel Proust avait ses habitudes. Après cinq mois de répétitions, absolument nécessaires, puisque Marguerite Duras partait en fait d’un canevas, on retrouve la pièce avec l’une des actrices Claire Deluca, accompagnée de Jean-Marie Lehec et Hervine de Boodt, exemplaires de rigueur et d’intelligence.

Le shaga est une langue inventée par Marguerite Duras à partir de mots cambodgiens, siamois et malais et que parle une jeune femme; les deux autres personnages, un homme et une femme parlent, eux, notre vieux bon français et tentent avec beaucoup de mal, de dialoguer avec elle…
Et ils parlent, ils parlent sans cesse pendant une petite heure, »impudiques et gais » disait Marguerite Duras. Ils fabulent aussi beaucoup mais les mots quotidiens et les expressions les plus usuelles employés minent le langage, de l’intérieur  et jusqu’à le nier. Dans une sorte de subversion où l’absurde et le non-sens font bon ménage avec un humour corrosif. Entre Samuel Beckett, Lewis Caroll parfois, Eugène Ionesco et  Raymond Devos…  Sur une petite scène,  aucun décor, quelques projecteurs, pas de musique et un bidon en plastique comme seul accessoire.Du pur artisanat mais cousu main et luxueux dans son extrême simplicité. A la fois jubilatoire et magnifiquement théâtral.

 Un bémol: cela se passe dans un tout petit espace: et il ne vous reste que trois jours: aujourd’hui dimanche à 17 heures, et lundi et mardi à 20 h 30. Et comme il n’y a que cinquante places, mieux vaut réserver. Le spectacle se rejouera sans doute mais où et quand? Parlez-en à Muriel Mayette, l’administratrice de la Comédie-française, elle aura peut-être une idée…

Philippe du Vignal

Le Théâtre du Temps  9 rue Morvan, métro Voltaire, Paris XIème. T. : 01-48-73-12-38

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