Couteau de nuit écrit et mis en scène par Nadia Xerri-L par Irène Sadowska Guillon

L’histoire est tirée d’un fait divers. Tout est résumé dans un prologue dit à l’avant-scène avant que la pièce ne commence et elle pourrait presque s’arrêter là
Il y a eu meurtre. Des fêtards de fin de semaine, l’alcool, les ressentiments qui surgissent au sortir d’un bar, la bagarre. Un jeune homme, Alex, en tue un autre avec un couteau qui mystérieusement disparaît. Comment en est-il arrivé là ? Qui en porte la responsabilité ? La famille, l’entourage du jeune homme, la société tout entière ?
La pièce se déroule trois minutes (qui durent presque deux heures) avant l’ouverture de l’audience. En scène ses protagonistes : Alex, le meurtrier qui, enfermé dans son mutisme, répétera seulement «ce n’est pas mon histoire», et les autres : son jeune frère, sa mère, son père, sa petite amie, Germain, frère de la victime et la narratrice. Ils ressassent les souvenirs, les questions sans réponse, essayent de comprendre. On évoque l’enfance et l’adolescence d’Alex, une vie de famille normale, banale, il n’a manqué de rien. Alors pourquoi ? Est-il vraiment meurtrier ?
Coup de théâtre quand sa petite amie avoue avoir trouvé et caché le couteau ensanglanté d’Alex après le meurtre. Tout cela est très statique, seule circule la parole délivrée sur un ton monocorde, pressé.
Le sujet est intéressant mais la pièce pâtit de son traitement scénique rigide, désincarné.

 

Irène Sadowska Guillon

Couteau de nuit écrit et mis en scène par Nadia Xerri-L du 5 au 22 novembre 2008 au Théâtre de la Ville – Théâtre des Abbesses.


Archive pour 6 novembre, 2008

Couteau de nuit, texte et mise en scène de Nadia Xerri-L.

couteaudenuit162.jpg  Il sont sept devant nous : le jeune Alex, (26 ans), présumé coupable comme on dit,d’avoir donné un coup de couteau ayant entraîné la mort d’un autre jeune un soir de beuverie. Jean -Pierre et Patricia, ses père et mère, Frédéric son jeune frère, Cécile, sa petite amie, Germain,  le frère jumeau de Rémi qui a été tué baignant dans son sang sur un trottoir, et Hélène la narratrice, quelques  minutes avant l’ouverture du procès en assises.
En bref, des familles, fascinées par l’irréversible et l’irréparable, marquées au fer rouge par un acte criminel commis par l’un d’entre eux , qu’ils doivent malgré tout assumer devant la société et qui les poursuivra jusqu’à la fin de leur vie. Avec leurs doutes, leur orgueil,  surtout celui des parents du jeune Alex, leurs espoirs aussi que la vérité, leur vérité( Alex n’aurait jamais pu faire cela) sorte enfin au fil des audiences qui vont se dérouler. Il y a aussi  la prise de conscience que la violence  que le père a utilisée dans  l’éducation de leur enfant, a fini par se transmettre. Ce que veut aussi dire Nadia Xerri-L., c’est une morceau de la vie de gens  sans histoires qui a soudainement basculé,  face à une douleur trop grande pour eux; du tragique, le plus souvent sordide, celui des faits divers de la France d’aujourd’hui comme on en connaît  un exemple à quelques kilomètres de chez  soi, voire dans le voisinage immédiat. Lors d’un soir de fête, la frontière du fameux « Tu ne tueras pas » des dix commandements a vite été franchie, avec, au compteur annuel français, deux cent meurtres jamais vraiment élucidés… L’horreur vécue au quotidien par des gens appartenant souvent à des » milieux modestes, » comme on dit à France-Inter.

Nadia Xerri-L.  a pris comme point de départ un article de Ouest-France relatant le procès d’un jeune homme accusé de meurtre qui répète en boucle- ce qui a dû exaspérer le jury d’assises-:  » ce n’est pas mon histoire » et dont l’arme du crime, un couteau n’a  jamais été retrouvé. Cela pourrait être effectivement l’amorce de ce que Peter Weiss a appelé le théâtre-documentaire, comme on avait pu le voir dans le spectacle Rwanda 94, où l’on tente d’élucider des faits, de parvenir à une vérité. ce peut être aussi une sorte de révélation, comme le firent les journaux vivants en Angleterre pendant la seconde guerre mondiale.
Le Théâtre de l’Unité a très bien réussi ce pari avec ses fameux kapouchniks ( en russe: soupe)  à Audincourt qui théâtralisent l’actualité de la semaine, mais Jacques Livchine et Hervée de Lafond  ne changent pas  d’un mot les extraits d’articles qu’ils ont été cherchés au fil de la presse hebdomadaire. Oui, mais………….. cette transposition scénique est fondée sur une véritable dramaturgie… Ce qui n’est  pas le cas avec  ce texte qui, à quelques exceptions près,  ne possède pas de dialogues suffisamment solides pour éviter le bavardage. Que nous dit cette pièce que l’ on ne sache déjà?  Rien, c’est un fait, et les faits sont têtus.
Et la mise  scène n’arrive pas non plus à compenser le déficit textuel;  comme c’est tragique, Nadia Xerri-L. pense que la scène doit être noire, vraiment noire,  avec une lumière rouge ( pourquoi rouge? Cherchez bien, vous allez trouver);  les comédiens , simple coïncidence sans aucun doute, ont aussi des costumes noirs!  Ils sont placés face public la plupart du temps, et, pas vraiment dirigés, ils font ce qu’ils peuvent, mais  la pièce distille un ennui qui s’installe assez vite. A voir?  Allez plutôt voir le dernier film de Depardon; il sait faire, côté document, et rapport qualité /prix, vous ne serez pas déçu, à moins que le sort des  derniers paysans du Sud de la France ne vous laisse indifférent. Sinon, grimpez jusqu’au Théâtre des Abbesses.

 

 

Philippe du Vignal

Théâtre des Abbesses, (métro Pigalle) jusqu’au 22 novembre  à 20 h 30,dimanche à 15 h.( vous avez le temps de réfléchir; au moins, on vous aura prévenu)

Nadia Xerri-L (texte et mise en scène) – Couteau de nuit par Christine Friedel

Trois minutes avant l’ouverture du procès. Une affaire de coup de couteau entre bande de jeunes après une soirée bien arrosée. Banal. Pas banal pour les protagonistes : il y a mort d’homme et procès d’Assises.
Nadia Xerri-L a choisi d’étirer le drame dans les trois minutes qui précèdent l’entrée de La Cour en donnant la parole à chacun des intéressés, le frère jumeau du mort, la famille de l’accusé, la visiteuse de prison amoureuse de l’accusé (la “narratrice“) et la petite amie de celui-ci. Alex, l’accusé, est celui qui parle le moins : « ce n’est pas mon histoire », répète-t-il, et le couteau n’a pas été retrouvé.
Ce dispositif d’écriture fonctionne bien : toutes ces vies brisées, le spectateur les reçoit en plein visage. Rien à dire de la scénographie, grise, efficace. Pas besoin de plus. Dommage que la metteuse en scène n’ait pas fait assez confiance à l’auteur : par crainte d’un jeu “psychologique“, elle laisse les jeunes comédiens saturer leur jeu d’une énergie qui s’épuise dans le “fortissimo“. Seul Jean-Jacques Simonian (le père) sert le texte et l’émotion du spectateur avec la précision et la maîtrise qu’ils méritent. Apparemment, un public très jeune n’est pas gêné par cet effet de saturation (la boîte de nuit ? ) : il applaudit très fort, et très brièvement.

 

C.F.

 

Théâtre de la Ville–les Abbesses, puis en tournée.

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