La lettre. Pierre-Yves Chapalain (texte et mise en scène) par Christine Friedel

lalettre.jpgÀ la recherche de la tragédie contemporaine, Pierre-Yves Chapalain imagine un bord de mer assez attendu (À peine nous sortions des portes de Trézène…) quoique glacé, une histoire de lettre qui se matérialise par surprise dans la poche d’une veste oubliée (gardez la sur vous !), et une histoire de famille à complication. Mais, s’agissant de la famille, et de la tragédie, c’est presque un pléonasme. Frère disparu, père malade, mère passant sa vie à « découper la viande », passants qui passent, fille enceinte… Cela finit par un rappel explicite de l’affaire entre Atrée et Thyeste : la salutation à la tragédie antique n’était pas indispensable, d’autant qu’il s’agissait de trouver la tragédie contemporaine. Pourtant, scéniquement, cela tien debout.
Dans un décor riche de sa simplicité – un empilement sauvage de chaises, côté cour, et quelques uns de ces meubles modestes et dépareillés dans l’espace -, Pierre-Yves Chapalain réussit son coup avec une très bonne équipe de comédiens qui n’ont pas peur de prendre à bras le corps une langue charnue, poilue, non pas pauvre, mais avare, “regardante“. Elle pèse tout son poids de silence, et tout mot dit est maudit, par la difficulté même qu’ont eu les protagonistes à l’accoucher.

 

Christine Friedel

 

Théâtre de la Tempête – Cartoucherie


Archive pour 7 novembre, 2008

Une chambre à soi de Virgina Woolf, mise en scène d’Anne-Marie Lazarini.


  L’essai de la célèbre romancière anglaise, née à Londres en 82 et qui s’est suicidée à 58 ans , repris de deux conférences données en 28 à Cambridge  est considéré comme un pilier de la pensée féministe contemporaine. Virginia Woolf y revendique notamment l’indépendance financière comme celle des hommes et une chambre personnelle indispensable à la réflexion et à l’écriture ; elle pose aussi un certain nombre de questions dérangeantes du genre: Pourquoi les hommes boivent-ils du vin  et les femmes de l’eau ? (cela a quand même changé depuis 80 ans, encore que, dirait Anne-Marie Lazarini). Pourquoi un sexe est-il si prospère et l’autre si pauvre?,  etc.  Mais – that is the big question of this performance -une conférence retranscrite en livre et portée à la scène ne fournit pas forcément un bon argument théâtral!
.En effet, tout se passe comme si Anne-Marie Lazarini ne savait pas trop comment nous emmener dans un texte quand même un peu mince- ce n’est ni Orlando ni Mrs Dalloway  ni La promenade au phare, dont on connaît toute l’influence sur le roman du 20 ème siècle. Même s’il comporte quelques belles phrases caustiques à souhait  où Virgina Woolf règle ses comptes avec la société en général et avec les hommes en particulier.Il y  a, comme une sorte de ponctuation, la voix de Virgina Woolf, ce qui parait un peu redondant, et un beau décor de bibliothèque de François Cabanat, trop beau peut-être, mais où l’on ne se lasse pas de promener son regard, faute d’être vraiment accroché au texte.  Une petite forme, toute simple, où une comédienne nous lirait des extraits de l’oeuvre de Woolf paraîtrait plus adaptée…
  Tout se passe en effet comme si Edith Scob- au demeurant , excellente comédienne- avait voulu se diriger elle-même, au lieu de faire confiance à Anne-Marie Lazarini et essayait , dès le début, de nous convaincre de la valeur de ce qu’elle nous dit, en tapant sur la fin des mots avec  précision et  énergie… comme aucune apprentie comédienne n’oserait le faire, à tel point que cela devient vite insupportable à entendre, surtout, pendant plus d’une heure. Mais autant dire les choses : il ne semble pas y avoir beaucoup d’unité entre la metteuse en scène et sa comédienne, me trompe-je ?
  Alors à voir? Non, très franchement, sans doute pas….


Philippe du Vignal

Théâtre Artistic Athévains, jusqu’au 16 novembre.

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