La lettre. Pierre-Yves Chapalain (texte et mise en scène) par Christine Friedel
À la recherche de la tragédie contemporaine, Pierre-Yves Chapalain imagine un bord de mer assez attendu (À peine nous sortions des portes de Trézène…) quoique glacé, une histoire de lettre qui se matérialise par surprise dans la poche d’une veste oubliée (gardez la sur vous !), et une histoire de famille à complication. Mais, s’agissant de la famille, et de la tragédie, c’est presque un pléonasme. Frère disparu, père malade, mère passant sa vie à « découper la viande », passants qui passent, fille enceinte… Cela finit par un rappel explicite de l’affaire entre Atrée et Thyeste : la salutation à la tragédie antique n’était pas indispensable, d’autant qu’il s’agissait de trouver la tragédie contemporaine. Pourtant, scéniquement, cela tien debout.
Dans un décor riche de sa simplicité – un empilement sauvage de chaises, côté cour, et quelques uns de ces meubles modestes et dépareillés dans l’espace -, Pierre-Yves Chapalain réussit son coup avec une très bonne équipe de comédiens qui n’ont pas peur de prendre à bras le corps une langue charnue, poilue, non pas pauvre, mais avare, “regardante“. Elle pèse tout son poids de silence, et tout mot dit est maudit, par la difficulté même qu’ont eu les protagonistes à l’accoucher.
Christine Friedel
Théâtre de la Tempête – Cartoucherie