CÔTE D’AZUR La Serre de Lieusaint 10 novembre par Edith Rappoport

Scénographie, écriture scénique et mise en scène de Denis Chabroullet, Théâtre de la Mezzanine.

 

La Mezzanine travaille depuis une trentaine d’années en Seine et Marne, c’est une vraie compagnie qui a construit patiemment son écriture, qui a tissé des liens profonds avec son territoire. Depuis 20 ans, Denis Chabroullet a rompu avec le texte, ses spectacles sont sans paroles articulées, ils nous parlent de la violence du monde qui nous entoure, des pauvres gens qui se débattent et qui sont la richesse de notre monde. Depuis six ans, la Mezzanine a trouvé un havre précaire dans un ancien Jardiland à l’abandon, grâce à Alain Grasset qui avait été, pendant 2O ans le premier directeur de la Coupole, Centre d’animation culturelle de Combs la ville.Avec des moyens modestes, une convention de la DRAC et un soutien des collectivités territoriales, la Mezzanine tourne beaucoup à l’étranger, Allemagne, Italie, Portugal, un peu en France, malgré le dédain des grandes institutions françaises, y compris les plus proches.

 

Le public est accueilli dans un foyer chaleureux, on se croirait dans un chalet de montagne, les gens se pressent autour du bar, des jeunes, des vieux, un public mélangé, des professionnels sont venus dans une navette affrétée par le Théâtre de la Marionnette à Paris qui soutient régulièrement leurs initiatives. On pénètre dans une salle quadrangulaire cernée de panneaux de bois qui s’ouvrent par intermittences sur une station service Azur à l’abandon, vitres brisées, vieille pompe à essence des années 50, tank remisé, bar décati, le tout entouré d’eau. Une jeune femme s’acharne frénétiquement sur un flipper, le patron du bar éructe, un musicien s’agite sur sa batterie. Les 11 comédiens qui incarnent une humanité à l’abandon se vautrent dans les égouts, escaladent ces ruines, s’agressent, une jeune femme dénudée s’agite dans une baignoire, le tank sort poussivement du garage, une grande femme en guêpière se hisse sur le toit, un couple d’hommes promène un vieux landau d’où émergent des vagissements, on se fait brutaliser sur des chaises de dentiste, tout ça sur des rythmes musicaux frénétiques saisissants conçus par Roselyne Bonnet de Tuves et Lionel Sellier. Les spectateurs qui se déplacent autour du dispositif peuvent saisir tous les points de vue à travers les guichets. La Mezzanine m’a offert une belle émotion

Edith Rappoport


Archive pour 11 novembre, 2008

Côte d’azur, scénographie/ écriture scénique et mise en scène de Denis Chabroullet par Philippe du Vignal.

cotedazur.jpgCôte d’azur, scénographie/écriture scénique et mise en scène de Denis Chabroullet

Dernier opus du Théâtre de la Mezzanine, dans un ancien Jardiland- lieu de travail de cette compagnie-situé dans les champs à Lieusaint (Seine-et-Marne).

Imaginez une aire de jeu, close par une palissade de planches de vingt mètres sur dix environ, avec des sortes de meurtrières rectangulaires d’un mètre 2, munies chacune d’un volet coulissant en bois. Avec aussi , pour se reposer un peu, des banquettes où les quelque cent  spectateurs peuvent s’asseoir et regarder,  quand ils ne déambulent pas dans une galerie tout autour, où une série d’écrans vidéo retransmet des plans moyens ou gros plans de l’action. Vous suivez? Le dispositif est  intelligemment  conçu, et bien réalisé, puisqu’il place chaque spectateur dans une position de voyeur, qu’il marche ou qu’il soit assis, grâce ces meurtrières  masquées parfois par un rideau qui descend, le laissant frustré et l’obligeant à aller plus loin.

Dans l’espace scénique, un bar délabré des années cinquante aux vitres cassées, avec un billard électrique, et une pendule en noir et blanc, des sièges fatigués et un éclairage pâlichon; quant à  l’enseigne lumineuse AZUR, elle est bien fatiguée et l’éclairage de la lettre U ne cesse de sauter. Derrière ce bar, une sorte d’ancien garage, avec un tableau électrique hors d’usage, un vieux poste de radio en bois et, sous une bâche, un véhicule qui se révélera plus tard être un petit char d’assaut d’où sortira un soldat au casque en feu. Il y a aussi sur un des côtés, un monte-charge et sur l’autre, une vieille pompe rouge fané de gaz-oil. Sur l’aire de jeu, autour du bar et de l’ancien garage,  couverte d’une dizaine de centimètres d’eau,  deux anciens fauteuils de coiffeur  en moleskine rouge, une baignoire-sabot en zinc, une vieille moto-bécane, et un lit-cage … Vous suivez toujours?

Dès l’entrée, on reste admiratif devant cette installation plastique, (même si on  a pu voir autrefois  des choses proches au Centre Georges Pompidou) mais qui possède ici une présence dramatique rappelant souvent l’univers du grand Tadeusz Kantor qui avait une passion pour une réhabilitation éphémère, une seconde vie donnée à des reliques, des objets de « bas étage » comme il disait souvent, des caves, greniers, décharges…
La musique de Roselyne Bonnet des Tuves-jouée par Martial Bore à la guitare et par Lionel Seillier à la batterie, et l’univers sonore qu’elle a composé, sont de premier ordre :chansons populaires,  morceaux de textes classiques dont on arrive à capter la seule musique des alexandrins et des mots-symboles: amour, honneur, gloire, temps, vertu, malheur, etc.  et des airs d’opéra,  ou un chant de Noël, joyeux et désuet. Bref, une sorte de bric-à-brac intelligent,  en parfaite  osmose avec cet environnement. Il y a aussi le travail, de très grande qualité, de Jérôme Buet sur les lumières  qui disent bien le blafard et le glauque d’un univers de bofs.

Oui, bon, mais que s’y passe-t-il au juste? A vrai dire, pas grand chose d’intéressant! Les personnages hurlent, s’injurient, picolent de temps à autre, une fille se fait violer, tout le monde se vautre dans l’eau ou s’y fait traîner, une autre fille nue patauge dans la baignoire. Tout cela dans la buée et les fumigènes: bref, l’univers habituel de Denis Chabroullet… Les comédiens, peu ou mal dirigés, s’engagent physiquement mais font souvent un peu n’importe quoi, sur le plan de la voix et du geste, et, du coup, ne sont guère crédibles.

Il y a, dans les images proposées, les apparences de l’efficacité, mais seulement les apparences. Manque ici une dramaturgie avec une véritable unité entre la structure formelle de moyens scéniques assez considérables, et une fable… qui reste à inventer. Il faut avoir l’honnêteté de dire qu’une grande partie du public semble s’en contenter. Désolé, Denis Chabroullet, nous sommes peut-être trop exigeant, mais pour nous, le compte n’y est pas tout à fait…

Philippe du Vignal

Théâtre de la Mezzanine à la Serre, les lundi, vendredi et samedi jusqu’au 8 décembre; réservation obligatoire: T: 01-60-60-41-30.

Il y a une navette gratuite, Place Denfert-Rochereau à Paris (réservation obligatoire: T: 01-44-64-79-70) pour les samedi 15, lundi 17, samedi 22 et lundi 24 novembre. Si vous y allez en voiture, prenez votre GPS  et/ou une carte, et demandez bien le parcours, quand vous réserverez: ce n’est pas du tout évident à trouver…

 

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