A TOUS NOS AMIS VISITEURS,

  A TOUS NOS AMIS VISITEURS,

D’abord un grand merci pour la fréquentation assidue pour notre blog  dont vous avez fait preuve depuis quelque trois mois,quand le blog a commencé à fonctionner et pour vos commentaires qu’ils soient élogieux ou parfois fielleux, voire méchants…Qu’importe le blog est bien vivant et c’est l’essentiel. Edith Rappoport est partie dans le grand Nord avec son traîneau et deux rennes qu’elle a achetés, Irène Sadowska fait de la marche à pied pendant une semaine entière dans la neige et le froid qu’elle adore; Gérard Conio a entrepris  de prendre son gros camion pour rencontrer plusieurs grands de ce monde mais il ne veut pas en dire plus, Christine Friedel fait un stage de tir à l’arc sur câble tendu entre deux collines du côté de nulle part ( près de Toulouse) si j’ai bien compris; Claudine Chaigneau fait aussi beaucoup de marche à pied dans la campagne qu’elle adore (c‘est faux! N.D.W.), du côté de Figeac en pensant à la façon de  donner plus de panache au blog et Philippe du Vignal a  rejoint son hameau perdu du Cantal; il s’apprête à couper des chênes renversés par le poids de la neige. Rideau donc pour le blog : la plupart  des théâtres parisiens préfèrent fermer leurs portes. Nous vous retrouverons dès les premiers jours de janvier; d’ici là, prenez soin de vous et God Jul,  comme on dit en Suédois…

Philippe du Vignal


Archive pour décembre, 2008

GOURMANDISIAQUE

GOURMANDISIAQUE .Studio des 3 oranges Audincourt par Edith Rappoport

Théâtre de l’Unité, par Jacques Livchine, Valérie Moureaux, Hervée Delafond

J’ai déjà assisté à 2 crash tests et deux représentations de ce spectacle sur la cuisine coquine longuement mûri au cours de résidences à Aurillac, Sotteville, et Amiens. Le studio des 3 oranges est plein d’un public amical, il y a Bernard Kudlak du cirque Plume et Patrice Jouffroy. Valérie Moureaux en Annie, cuisinière accomplie assume avec aplomb la verdeur du texte érotique avec son complice Félix . Le public est conquis, légèrement estomaqué. Le spectacle s’épanouit mieux à l’intérieur

47/ Censure

 Nous avons reçu ce message de Philippe Mourrat chef de projet et programmateur à La Villette, qui nous remet en mémoire un très sombre épisode d’une des premières luttes contre le colonialisme qui se termina par un bain de sang du côté bien sûr des Malgaches, que l’armée et l’administration françaises ont toujours  soigneusement  occulté et qu’avait relaté Jean-Luc Raharimana dans un excellent article accompagné de photos à peine supportables dans la revue Fictions dirigée par Jean-Pierre Han. Cet épisode avait donné naissance à un spectacle de Thierry Bédard   » 47 « , que l’on avait pu voir au denier festival des Francophonies de Limoges et qui,  depuis, est interdit de séjour dans les centres culturels français à l’étranger.

Il semble que M. Kouchner, ministre des affaires étrangères n’ait pas la moindre envie de se prononcer sur la possibilité de représenter le spectacle de Thierry Bédard, autrement dit, pour appeler les choses par leur nom, sur la nécessité de la censure en 2008, puisqu’il n’ a pas répondu à la lettre qui lui a été adressée. Un peu de courage, M. Kouchner, vous qui êtes d’habitude  si rapide à dénoncer les exactions commises un peu partout dans le monde, auriez-vous peur de déplaire à l’Elysée qui a dû donner ses instructions?  On ne peut pas croire, même si ce n’est pas vous qui avez directement pris la décision mais la Direction Générale de la Coopération Internationale et du Développement de votre Ministère, que vous n’ayez pas été tenu au courant. Nous aimerions bien connaître votre point de vue et il ne sera pas facile de vous en sortir avec une pirouette…. En tout cas, qu’on se le dise, ce n’est pas jolijoli cette censure qui n’ose même pas dire son nom… au pays des droits de l’homme. Cela prouve en tout cas que le théâtre peut encore ,malgré tout, déranger l’ordre des choses quand on veut présenter un petit spectacle à des milliers de kilomètres de la France.

Mais ce n’est pas rassurant pour autant, d’autant plus que les articles de presse ne se comptent pas par dizaines… Le Monde préfère sans doute, préparer encore un hommage à Carla Bruni ou quelque chose de ce genre, Le Monde, le célèbre Monde qui s’était permis il y a deux mois de publier dans le même numéro trois articles sur la même Carla Bruni. A quelques jours de Noël, ce n’est pas le genre de nouvelles qui va mettre les gens dans la rue mais on ne peut pas laisser passer cela sinon, après  l’affaire Vinaver de l’été dernier, nous pouvons tout craindre d’un pouvoir qui, très insidieusement, veut tout contrôler en France… comme à l’étranger quand cela dépend de lui. Et cela, c’est vraiment grave…

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13 décembre 2008

Lettre au Ministre des Affaires Étrangères

Objet :spectacle 47 / Raharimanana / mise en scène Thierry Bedard créé le 19 septembre 2008 au Centre Culturel Français Albert Camus / Antananarivo / Madagascar
présenté le 26 septembre 2008
au Festival des Francophonies en Limousin, puis en tournée en France.

Le 15 novembre 2008

à Monsieur Bernard Kouchner, Ministre des Affaires Etrangères et Européennes,

En septembre dernier, une équipe française et malgache a créé un spectacle intitulé 47, qui traite de l’insurrection malgache contre la colonisation française. Un spectacle qui “nous interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel et passé, sur le silence de part et d’autre, sur l’écriture de l’histoire par le Nord et la nécessité d’interroger cette histoire par le Sud”.

Un spectacle, comme l’ont souligné tous les critiques, qui ne présente aucun manichéisme, et traite avant tout du silence effroyable qui pèse sur cette tragédie oubliée. Que ce travail soit porté par des français et des malgaches, amène un « sensible » qui a bouleversé les spectateurs aussi bien à Antananarivo qu’en Métropole …

Le 5 novembre 2008, à Addis Abeba, a eu lieu une Réunion régionale annuelle de programmation culturelle et artistique pour la zone de « l’Afrique Australe Orientale et de Océan Indien », qui a succédé à une réunion présidée par la Directrice générale de la DgCID, Mme Anne Gazeau-Secret, réunissant les conseillers de coopération et certains directeurs de CCF et Alliances françaises, ainsi que des représentants de l’Etat (Ministère de la Culture) à Mayotte et à La Réunion.

A la demande de la “direction politique” (?) de la DgCID, le spectacle 47, soutenu dès l’origine par Culturesfrance, et ayant reçu un avis favorable pour une tournée dans l’Océan Indien, a été retiré des propositions de programmation.

Nous souhaiterions donc urgemment connaître les raisons qui ont justifié ce retrait inacceptable.

A Madagascar, une grande partie de la « société civile », nous a rendu hommage, et l’ensemble des historiens (en particulier des jeunes historiens) proches de Lucile Rabearimanana, cette grande historienne spécialiste de l’histoire contemporaine, était en accord avec notre démarche. Cette personne était présente aux deux représentations et a organisé une rencontre à l’Université. Elle a dit publiquement l’importance de l’accord entre des artistes et des scientifiques – c’est rare -, car notre travail traitait avec justesse de ce rapport complexe entre la mémoire et l’Histoire. Et en particulier, de l’Histoire de France. Il nous semble que le texte travaillé, d’après Madagascar 1947 publié en 2007, est « en ordre » sur cette question. Une question de plus en plus “lourde” en France …

Un sujet qui a immédiatement rencontré un public important en Métropole, un sujet qu’il nous semble absolument nécessaire de “porter”, dans les Centres Culturels Français.

Nous aimerions donc connaître votre sentiment – c’est certainement le bon terme -, et votre position sur ce sujet.

Est-il impossible de revenir sur l’histoire commune, en ce cas, de nos deux pays ? Tel que l’avait en particulier proposé le Président de la République Jacques Chirac, en 2005. Soixante ans après un drame qui a fait des dizaines de milliers de victimes, pour la plupart civiles. Drame qui a une portée en Afrique, comme vous le savez, très importante.

Est-il impossible de présenter notre travail, exemplaire, sous la responsabilité “morale” du Ministère des Affaires Etrangères ?

Ou, plus benoîtement, est-ce que la “question culturelle” est encore une question importante au sein de votre Ministère ?

Dans le cas de notre démarche, nous souhaitons insister encore une fois sur le caractère de cette rencontre entre des artistes malgaches et français, qui n’hésitent pas à se confronter à leur histoire commune aussi violente soit elle. Ce que de nombreux artistes et intellectuels des deux continents énoncent actuellement comme nécessaire, sans parler de l’urgence de telles rencontres …

Nous ressentons donc évidemment l’interdit de présenter notre travail comme une “Censure d’Etat”. Rare et incompréhensible. Censure contre laquelle nous sommes près à nous opposer.

En attente de votre réponse, Monsieur le Ministre, veuillez agréer l’expression de nos salutations distinguées.

Jean Luc Raharimanana, écrivain,
Thierry Bedard, metteur en scène, et toute l’équipe du spectacle 47,
Jutta Hepke, Éditions Vents d’ailleurs.

 

http://notoire47.canalblog.com/

Le chant des balles, jonglerie

«  Le chant des balles »,  jonglerie musicale de et avec Eric Bellocq et Vincent de Lavenère, mise en scène de Rémy Ballagué.


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 Ils sont deux, le musicien Eric Bellocq ( théorbe,luth et petits instruments à corde) et Vincent de Lavanère; ils  entrent sur scène en tirant en rond mais en sens inverse trois petits chariots : l’un avec ses instruments, l’autre avec  ses balles et un chistera. Durant une heure, ils ne se parlent pas, la musique est omniprésente comme toujours dans le jonglage, à la différence que cette fois-ci, le musicien est en scène et participe complètement  au jonglage. Les balles obéissent à Vincent de Lavenère, qu’il y en ait trois ou plus: il est là en pantalon noir  flottant, pieds nus: les gestes sont fluides et magnifiques , et le plus admirable est cette aisance et cette maîtrise du geste qu’il possède comme s’il avait toujours eu ce don en naissant. On dirait qu’il  devient le spectateur de sa jonglerie et de sa gestuelle,  dans une sorte de dédoublement . Bien entendu, il y a,  caché,un immense travail corporel et  scénique.
Les moments le plus étonnants: quand il manie, en bon basque, sa chistera et trois balles;  quand, l’un derrière l’autre avec son compère, il joue de sa petite guitare, en se repassant  les balles , comme si c’était absolument naturel. Et le clou du spectacle: cinq sonnailles de vaches descendent des cintres jusqu’à trois mètres de hauteur et Vincent de Lavanère arrive-Dieu sait comment mais lui le sait-  à envoyer une balle juste dans la cloche qu’il faut pour jouer un air tout en continuant à jongler avec les autres… Magique…… Aucun échange verbal, aucune parole mais un regard permanent vers le public qui , tout comme les Egyptiens d’ il y a 4.000 ans, reste fasciné par ce défi aux lois
de la pesanteur. Et il y a quelchantdeballes3.jpgque chose dans cet incessant ballet de balles qui tient d’une métaphore du mouvement des planètes.
De la pure beauté parfaitement en phase avec la musique du 16 ème et 17 ème siècle qui  donne le rythme aux nombreuses figures . On entre dans une sorte de rêve, alors que ce ballet a sans doute à voir avec les mathématiques, puisque nombre de scientifiques dont Jack Boyce, chercheur à Berkeley, sont des passionnés de jonglage, mais les maths et le rêve, ce n’est pas incompatible…
Un seul tout petit bémol: il vaudrait mieux que leur metteur en scène s’abstienne  de leur faire faire les comédiens: même si c’est à de rares moments, cela sonne faux … Mais les enfants comme les parents font un triomphe bien mérité à Eric Bellocg et Vincent de Lavenère. A voir, oui,  et sans aucune réserve, ce n’est pas tous les jours que l’on vous le dira. C’est du vrai théâtre au sens étymologique du terme, et cela va beaucoup plus loin, mine de rien ou mine de tout, que les petites âneries de madame Sophie Perez.

 Le spectacle s’est joué quelques jours au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers qui a bien fait de l’accueillir et continue à se  jouer un peu partout en tournée en France; si vous voulez en savoir plus :  La compagnie  Champ de balles aura prochainement un site auquel vous pourrez vous référer.

Les sept jours de Simon Labrosse

 Les sept jours de Simon Labrosse , mise en scène de Claude Viala.

 

  Carole Fréchette, il y a un moment que cette dramaturge québécoise est montée régulièrement en France ( Les Quatre morts de Marie, La peau d’Elisa, Jean et Béatrice et bientôt au Théâtre du Rond-Point, La petite pièce en haut de l’escalier. Les Sept jours de Simon Labrosse met en scène un jeune homme qui invite le public à assister à quelques petites tranches de sa vie à lui. Cela commence par une sorte de théâtre dans le théâtre-une fois de plus!- auquel on a bien du mal à croslabrosse166.jpgire, puis chaque jour qui commence, est  ponctué, sur une petite musique de Sanseverino, par la célèbre phrase de la Genèse »  Dieu appela la lumière jour et les ténèbres nuits : « il y eut un soir, il y eut un matin » que chantait autrefois Marie-Claire Pichaud (si, si, essayez de vous souvenir de ce quarante cinq tours assez mielleux des années 60).
  Donc, revenons à ce Simon Labrosse qui possède à la fois une imagination délirante et qui déborde d’énergie. Il propose aux gens qu’il rencontre ses services en tout genre: cascadeur émotif, finisseur de phrases, flatteur d’ego, spectateur de vie ou mieux encore allégeur de conscience. Il veut à tout prix, c’est à dire en faisant payer un peu les gens,  se réinsérer dans la vie active en gagnant leur confiance. C’est,  en fait, des morceaux de sa petite vie avec ses espoirs et surtout ses ennuis ( loyer impayé, fiancée disparue en Afrique,et…) que Simon Labrosse propose au public. Mais le pauvre jeune homme- assez risible et dérisoire- semble condamné à la solitude dans une société qu’il n’intéresse pas, et où « il pleut des briques Il a quand même deux amis: Léo, un poète huluberlu qui voit tout en noir et Nathalie qui, elle, ne rêve que de son avenir personnel.
  C’est parfois drôle, et plein d’invention, parce que le trio Cédric Revollon ( Simon), Hervé Laudière ( Léo) et Léonore Chaix  (surtout , avec un côté nunuche et sotsot qui fait dire qu’elle doit être d’une belle intelligence pour arriver à ce degré d’interprétation; c’est correctement -mais pas plus- mis en scène par Claude Viala qui devrait quand même conseiller à Cédric Revollon de mettre un bémol à ses criailleries. Le temps parait un peu long, et ce qui ferait quelques sketches réussis peine à s’imposer comme véritable pièce. Le public dans l’ensemble ne boude pas son plaisir, mais, bon, désolés,  on reste malgré tout un peu sur sa faim.
  Y aller?  Oui, si vous êtes sensible à l’écriture poétique de Carole Fréchette mais, soyons honnêtes, ce n’est pas une soirée inoubliable, et il a toujours Le monde moderne de Depardon au cinéma, si vous ne l’avez pas encore vu….

Théâtre de l’Opprimé, rue du Charolais ( métro Dugommier) jusqu’au 28 décembre.

FEUX. August Stramm.

FEUX .Théâtre de la Cité internationale, D’August Stramm, mise en scène, scénographie et lumières de Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma par Edith Rappoport.

 

Ces trois nouvelles de Stramm, auteur allemand du début du siècle mort en 1915, mettent en scène des personnages à la dérive. Rudimentaire retrace la vie d’un couple au chômage, vivant dans une accumulation de débris, indifférent à la mort de leur enfant qu’ils n’ont même pas remarquée. La visite d’un ami les réveille un peu, la jeune femme hystérique s’accroche éperdument, tour à tour à l’un ou  à l’autre, agitant le cadavre de son enfant. Je n’ai pas vu la fiancée des landes plongé dans la pénombre, mais j’ai été sidérée par la force du jeu des acteurs dans Forces, un chassé-croisé de couples mené par l’hôtesse, une grande mondaine éperdue. Axel Bougosslavsky, Jean-Louis Coulloch, Julie Denisse, Mathieu Montanier et Dominique Reymond portent ce texte avec une grande force. Belle surprise inattendue !

Edith Rappoport

LES BORGNES (Aneth)

 

 

LES BORGNES Lavoir Moderne De Mustapha Benfodil (Algérie) texte inédit mis en lecture par Michel Cochet, résidence d’écriture à ANETH, café littéraire organisé par Monique Blin et Caya Makhele par Edith Rappoport

L’infatigable Monique Blin continue de se faire découvreuse, après plus de 20 ans de Festival des Francophonies de Limoges et des années d’Écritures vagabondes. Mustapha Benfodil est là, il est grand reporter, il a fait nombre de missions parfois dangereuses, mais il sépare cette activité professionnelle de celle de romancier, poète, nouvelliste, dramaturge. Salah, vieil instituteur à la retraite croupit auprès de ses élèves qui inventent une colonisation à l’envers. Ce sot les algriens qui ont colonisé la France, ils se sont installés dans les villages. Cette vie à l’envers ouvre des horizons inconnus. Pendant le débat, cet homme timide et courageux peine à se faire entendre.

Edith Rappoport

Pour Louis de Funès

Pour Louis de Funès. de Valère Novarina Maison de la poésie (Paris), lecture par Dominique Pinon, Laurence Mayor et Dominique Parent. par Gérard Conio

   La Maison de la poésie poursuit jusqu’au 21 décembre son hommage à Valère Novarina. Pour ceux qui n’ont pas encore suivi ces événements, il est temps encore de voir du mercredi 17 décembre au dimanche 21 décembre «  Devant la parole » créé par Louis Castel, assisté de Nicolas Struve, et «Le repas » dans la mise en scène de Thomas Quillardet. Lundi 15 décembre à 19 h Dominique Pinon a lu   « Pour Louis de Funès », avec des extraits de «  Vous qui habitez le temps » et de « La chair de l’homme » dits par Dominique Parent, Laurence Mayor, Nicolas Struve et Agnès Sourdillon. Les spectateurs qui ont eu la chance de vivre ce moment de grâce auront eu le sentiment de passer dans une autre dimension de l’espace et du temps. Je crois que dans toute l’histoire du théâtre on n’a jamais magnifié l’art de l’acteur avec une crudité aussi transcendante, aussi extralucide, aussi hypnotique. Le terme de lecture paraît bien faible pour définir le rapport que les acteurs, les actrices ont établi avec ces textes inspirés et inspirants, avec des mots  qui parlaient leur langue natale et  exprimaient  leur foi dans une vocation qui, de tout temps, les a mis en marge tout en les marquant du sceau des fils de rois. Il y avait une osmose entre les textes, les interprètes et les spectateurs. Un courant sous-jacent  reliait les uns aux autres  ces axes si souvent divergents et chacun pouvait alors se rappeler  que la mission trop souvent occultée  du théâtre est celle d’une communion  que seul le russe, sans doute, a su rendre dans le mot «sobornost ». Mais c’est le paradoxe du théâtre que cette communion s’instaure grâce à un état que Valère Novarina appelle dans ses « Carnets » « une solitude publique ». L’impact sera d’autant plus fort sur les récepteurs que le retrait sera plus  grand chez les interprètes, chez les donneurs  de son et de sens.


 Valère Novarina avouait après la représentation qu’il avait fort peu répété ses textes avec ses comédiens et comédiennes, leur  laissant, à  son habitude, la plus grande liberté. Au théâtre, comme en musique, il est sage de ne pas abuser des répétitions qui risquent de glacer l’inspiration. C’est pourquoi  Valère Novarina confiait  à ses «  Carnets » : « Surtout ne faire aucune lecture préparatoire…Le soir, lorsqu’il a fallu régler le son et faire quelques essais de voix avant l’arrivée des spectateurs, voulant éviter de prononcer les mots du texte, j’ai dit une liste idiote de titres de journaux… L’attention se porte de plus en plus sur des détails invisibles….Concentration totale sur le texte, immobilité d’un bout à l’autre ; ni gestes ni écarts de voix. Tenir une ligne. Etre sourd au public. Sourd et aveugle. Dans un état proche du sommeil. »   Et il notait aussi : «  J’ai fait disparaître au début du texte le titre et mon nom ». Et Louis de Funès : « Parce que le théâtre est sans auteur et le seul lieu où l’on doit être, quelle que soit sa place, joué par un autre, travaillé par un autre. Tous les vrais metteurs en scène savent ça : qu’ils ne sont pas les auteurs du spectacle, mais des metteurs au monde, des donneurs de rythme, des passeurs de paroles et que leur art doit devenir invisible. »
Cette abstention relève d’une ascèse  à l’opposé de l’exhibitionnisme qui régit une société rongée par une fausse théâtralité.
  Pour que la lecture prenne chair, pour devenir un « théâtre de paroles »  il faut qu’elle se détache du texte, de la page écrite. Dominique Pinon avait joué il y a déjà dix ans  «Pour Louis de Funès » et il le savait encore par cœur. Et les autres comédiens, comédiennes l’ont suivi dans cette libération de l’appui matériel, pour qu’advienne «  la lumière du corps »,  l’incarnation, le passage de la parole par le corps tout entier et non par la seule profération d’un texte lu. La voix alors sort de l’être tout entier et non d’une partie différenciée, de même que le ou la pianiste jouera avec tout son corps et non avec ses seuls doigts.
La prise de risque est nécessaire pour que s’élève la voix intérieure, pour que la lettre morte sur la page se vivifie au dessus de l’abîme, au-dessus de ce trou, de ce vide, dont parle si bien Louis de Funès, ce trou, ce vide  qui est l’homme, «  parce qu’il faut bien qu’il sache, l’acteur, s’il veut continuer à jouer, que c’est de vide que l’énergie s’alimente … »
Ce soir-là l’auteur, les acteurs et les spectateurs ont tous puisé cette énergie à un même foyer invisible, insondable, apophatique,  de forces à la fois lumineuses et funèbres, comme le nom même de Louis de Funès. 
Gérard Conio

 

NOUVEAU SPECTACLE EXTRAORDINAIRE

 Nouveau spectacle d’après la nouvelle d’’Edgar Allan Poë,  mise en scène d’Anne Bitran


C’est encore à un étrange voyage où nous convie cette compagnie inventive sur l’invitation d’Yves Chevallier, châtelain de la Roche Guyon avec la complicité du Théâtre de l’Apostrophe à Cergy- Pontoise. Sous la conduite de Frédéric Aurier qui nous guide dans un voyage inquiétant à travers les dédales du château, nous arrivons dans une salle obscure où nous pouvons enfin nous asseoir. Anne Bitran dialogue avec une petite marionnette autour du Masque de la mort rouge décrit par  Edgar Allan Poe, on nous guide enfin vers un joli salon où trois musiciens, Frédéric Aurier au violon, Noémi Boutin, au violoncelle et Valérie Kafelnikov,  à la harpe, interprètent avec une belle maîtrise des extraits d’œuvres de Janacek, Ravel, Britten, Bartok et Ligeti etc….

Anne Bitran s’empare d’une étrange machine pour projeter sur les tapisseries de somptueuses images conçues par Olivier Vallet. La compagnie des Rémouleurs nous surprend depuis une quinzaine d’années et nous avions découverts ses créateurs avec Chaosmos et Ginette Guirolle. Ce nouveau spectacle extraordinaire porte bien son nom.

Edith Rappoport

Spectacle vu au château de la Roche-Guyon.

Kolmårdstomten ou le père Noël de Kolmården.

1002811.jpgKolmårdstomten ou le père Noël de Kolmården.

  Kolmården est un village dans les bois à la périphérie de Norrköping, qui était une ville d’industrie textile, (80.000 habitants) située à 150 kilomètres de Stockholm, avec d’anciennes usines  à l’architecture de brique remarquable, reconverties en théâtre, musée du design, boutiques et appartements.
  Le 13 décembre, a lieu la fête de la Sainte-Lucie (où l’on peut assister dans chaque temple à une cérémonie où des jeunes filles blondes, comme on voit dans les films de Bergman, chantent, la tête couronnée de bougies, des chants de Noël). A la même date, de la tombée de la nuit à 15 heures (sic) jusqu’à 20 heures, un étrange rituel draine des centaines de personnes venues en famille, et cela jusqu’au 23 décembre.
  Les voitures roulent dans un bois jusqu’à une aire de stationnement à 2 euros (au profit d’œuvres caritatives), puis  on est invité à monter dans les bois  par des sentiers un peu verglassés, balisés par des dizaines de lanternes à bougie ; mieux vaut être bien couvert, même, si en ville, il fait moins froid qu’à Paris ces derniers jours. Et l’on arrive, après dix minutes d1002799.jpg1002801.jpg1002783.jpge marche (tout se mérite dans la vie), à une installation qui pourrait être imaginée par un artiste contemporain et qui plairait sans doute à Lévi-Strauss, l’auteur de si belles pages sur le modèle réduit : c’est un hameau constitué de petites maisons en bois soigneusement construites avec, d’abord, la maison de la mère Noël qui se repose, installée dans un fauteuil à bascule au seul éclairage des bougies. Il n’y de la place que pour une dizaine de personnes, enfants compris.

 

Un peu plus loin, on pe1002779.jpgut admirer la  piste de départ du grand traîneau du père Noël pour ses tournées du 24 décembre. Les  six rennes,  malheureusement, ne sont pas encore là. Tomten est en fait un vieux personnage mythique chez nos amis suédois :  entouré par sa bande de lutins, il habite sous la maison et protège le bâtiment, les humains et les animaux ;  c’est pour cela que l’on place encore souvent un bol de porridge à leur intention près de la porte d’entrée, au moment de Noël.
    On peut donc admirer, à proximité, l’école des lutins qui, comme toutes les maisons, est juste éclairée par des bougies. Il y a un tableau noir où sont inscrits des noms d’enfants…Et un temple, avec son harmonium et sa chaire, où trône une grosse Bible ouverte et, juste à côté, une petite bouteille de Julmust : un  soda de Noël à base de sucre, houblon et malt, boisson favorite des enfants (50 cl: 1, 50 euro). Et pas besoin d’avoir cinq ans seulement pour ressentir toute la magie des lieux, d’autant plus que la lumière des bougies joue sans cesse sur les planches et les poutres de pin blond. Il y a aussi le dortoir des cinquante deux lutins avec une télévision spéciale sans écran avec un fond de mouches (on dirait chez nous de la « neige ») avec encore une bougie.
  Dans une sorte de petit hangar, il y a enfin une charrette faite d’un tronc  creusé (de pin évidemment) avec des roues pleines montées sur rails, prête à descendre les lutins sous la terre, via une grande trappe. Le clou de cette installation est un puits de quelques mètres qui débouche de l’autre côté du globe terrestre en apportant la lumière solaire qui est la bienvenue le 13 décembre, date de l’ancien solstice d’hiver. Vous êtes sceptique ? Tant pis pour vous, puisqu’on entend même un brouhaha de voix chinoises… C’est bien une preuve, non ?
  Près de là, le père Noël en personne, la cinquantaine, grand et un peu bedonnant (un peu trop d’Aquavit peut-être ?) et les cheveux bien blancs et propres comme tout père Noël respectable, raconte plein de merveilleuses histoires aux enfants près d’un grand feu de bois où leurs papas font cuire des saucisses.
   Vous avez dit magique ? Oui, magique, dans sa simplicité, son respect de l’environnement (mise à part, la nécessité d’y aller en voiture) et sa grande poésie. Et c’est conçu et animé par qui ? Håkan Thornell, un agriculteur du village qui fait tout cela bénévolement, loin des centres commerciaux de Noël, dans le Norrland de la Suède. Grand merci, Monsieur et madame Thornell. God Jul , comme on dit en suédois, à vous et à  tous nos amis lecteurs…

Philippe du Vignal

  Jusqu’au 23 décembre de 16 heures à 20 heures. Quand vous arrêterez votre traîneau à Norrköping, le plus simple ensuite est de demander la route avant la nuit (c’est près de la mer Baltique si vous venez avec votre bateau) mais c’est tout à fait accessible à condition de connaître le chemin. Encore une fois, God Jul…

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