Gombrowiczshow

  Gombrowiczshow, conception Sophie Perez et Xavier Boussiron

    Le dossier de presse nous prévient aimablement : vous allez voir ce que vous allez voir:  » scénographie et écriture pour elle, beau-arts et musique pour lui, ils n’ont pas leur pareil pour réinventer la mise en scène et pour dire la mise en abyme » (sic).  » Il ne s’agit pas de reprendre ni d’inspecter Gombrowicz mais bien de récupérer chez lui ce qui semble nous appartenir pour nous en débarrasser » (sic).  Oui, mais que nous donne-t-ton à voir?
  En fait pas grand chose, disons-le tout de suite…( et je serai plus sévère que notre co-blogueuse et néanmoins amie Christine Friedel) Et surtout pas du Gombrowicz. Cela commence déjà mal: rideau en lamé rouge, hommes en smoking, femmes

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en robes longues , dorures et paillettes et  hurlement de chansons dans les micros HF: Perez nous reconvoque une fois de plus à la mise en abyme, comme elle dit, du music-hall. Chansons, extraits de texte des Envoutés du célèbre auteur polonais qu’on essaye d’entendre en vain ( c’est sûrement fait exprès ?). puis on va chercher un spectateur dans la salle « pas un abonné de préférence » (sic) comme au bon vieux temps du Magic Circus de Jérôme Savary qui, lui, savait y faire ; juché sur un faux rocher, il sera prié de rester là jusqu’à la fin du spectacle. Bien entendu, comme on n’est pas à un ficelle près, on convoque aussi le théâtre dans le théâtre… C’est décidément une tendance très branchouille dans tous les mauvais spectacles actuels. De temps à autre, les comédiens s’affublent de masques et de perruques  dont certains, avouons-le, sont assez réussis; il y a aussi des jets de fumigènes et des coups de trompette, l’accouchement d’une femme qui expulse un os, et une petite maison, un grand oiseau qui surplombe la scène et qu’on emporte avec cérémonie sur les rochers qui encombrent la scène. Il n’y a même pas de véritables belles images,sans doute à cause d’une scénographie assez pauvrette ( signée aussi de Perez)
  Il y a aussi, comme encore chez Savary de la neige qui tombe, ( mais cette fois sans aucune poésie) une espèce de parodie des entretiens de Jacques Chancel qui est peut-être une des rares choses- avec certains moments musicaux- à sauver d’un spectacle qui voudrait passer pour une avant-garde de bon aloi mais qui enchaîne les poncifs. A la fin, on a droit à un texte de Rita, la veuve de Witold, sur les derniers jours de son écrivain de mari à Vence ( l’achat de rideaux, l’installation de l’appartement) : bref, que du passionnant…
  Ce Gombrowiczshow se voudrait burlesque, parodique et innovant, il ne réussit qu’à être plat, prétentieux et  vite ennuyeux. Sophie Perez, heureusement pour elle, a une équipe de  très bons acteurs -dont Gilles Gaston Dreyfus et Sophie Lenoir – qui font le maximum pour donner corps et vie à cet amalgame improbable de textes ( Gombrowicz mari et femme, Perez et Boussiron), et à ce semblant de mise en scène…Sophie Perez a aussi l’immense chance d’avoir une équipe technique de premier ordre à son service- et cela n’a pas de prix- et d’avoir été accueillie plusieurs fois par Ariel Goldenberg, l’ex-directeur de Chaillot qui  l’a encore programmé- comme Jean-Baptiste Sastre- avant son départ forcé.. On ne peut croire en effet que ce soit Dominique Hervieu et José Montalvo ( les nouveaux directeurs) qui soient à l’origine de cette commande.
   Il faut  seulement espérer que Sophie Perez ne va pas demander de l’argent à l’Etat pour continuer à se faire plaisir  et à faire savoir qu’elle est porteuse d’une certaine avant-garde à la fois théâtrale et plastique…. Qu’elle continue à faire joujou, grand bien lui fasse (après tout,  on est en démocratie) mais,de là ,à ce qu’elle bénéficie d’une aide publique, il y aurait quand même des limites. En tout cas, c’est sûr, ce n’est pas avec ce genre de choses que l’on donnera goût au théâtre aux jeunes gens.
  A voir? Sûrement pas; sauf, si vous êtes un inconditionnel de Perez ( il y en a et il a bien quelque rires dans la salle) mais le compte n’y est pas, surtout à 27 euros la place. (sic) . Allez plutôt voir Sombreros  de PhilippeDecouflé dans la Salle Jean Vilar, ou bien donnez  vos 27 euros aux Restos du coeur, cela fera au moins des heureux, et allez voir la Tour Eiffel illuminée. Si vous êtes provinciaux et que la choses passe près de chez vous, évitez-la.

Philippe du Vignal

Théâtre national de Chaillot,jusqu’au 6 décembre.

    

 


Archive pour 3 décembre, 2008

LA DOULEUR

LA DOULEUR  Théâtre des Amandiers Nanterre, par Edith Rappoport

 

De Marguerite Duras, interprété par Dominique Blanc, mise en scène Patrice Chéreau et Thierry Thieû Niang

Dominique Blanc, seule en scène sur le grand plateau est assise devant une dominiqueblanc.jpgtable pleine de papiers et d’un relief de repas. Elle a perdu la mémoire du carnet qu’elle avait écrit pendant le mois d’épouvantable angoisse dans l’attente du retour des camps de concentration, de son mari Robert Antelme. Elle classe nerveusement ses papiers, enfile son manteau, sort de chez elle pour rejoindre une rangée de chaises, où elle attend, elle attend, ne le trouve pas parmi les déportés. Et puis c’est François Morland (Mitterand) qui l’appelle pour lui dire qu’on a retrouvé Robert mourant à Dachau, qu’il faut très vite partir sauver de la mort. On le ramène, elle ne le reconnaît  plus, il faut l’empêcher de manger, lui donner pendant 17 jours, six cuillerées de bouillie, six fois par jours. L’extraordinaire sensibilité de Dominique Blanc donne une vie nouvelle à ce texte, sur lequel j’avais versé des larmes.

 

Edith Rappoport

TICKET

TICKET  Premiers pas Théâtre du Soleil par Edith Rappoport

Conception et mise en scène de Jack Souvant, Collectif du Bonheur intérieur brut

 

Ce spectacle documentaire nous emmène  dans un  inquiétant voyage, celui  des migrants clandestins, sous la conduite d’un passeur louche et déluré qui nous guide jusqu à un immense camion où nous nous entassons sous des couvertures. Pendant ce voyage immobile, on voit les brutalités insoutenables ordinaires qu’on préfère oublier, une jeune noire assoiffée qui doit subir la pire violence pour obtenir une gorgée, le passage à tabac d’un jeune chinois… Nous sommes débarqués dans une lumière éblouissante sans avoir touché la terre promise. Un étrange voyage qu’il faut absolument parcourir. Puissent les festivals de rue s’en emparer !

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