De l’omme

texte, musique et mise en scène de Jacques Rebotier

  De l’omme est le troisième volet du Cycle de l’homme ( 1 contre les bêtes,( prologue) 2 La tragédie de Pluto  et 4 La Revanche du dodo .Cela fait presque une dizaine d’années qu’on a découvert ce théâtre protéiforme associant des collages de texte, des musiques,  des images fixes,des vidéos, des projections de phrases , le tout dans une joyeux capharnaüm … orchestré de main de maître. Et ce  volet du cycle n’échappe pas à la règle.dodo9.jpg
  L’omme, à ce que l’on comprend, est sous la surveillance d’une triste bande de Pères Noël qui se sont emparés du pouvoir pour couvrir  la planète de sang, avec pour compagnons/ complices/témoins de cette énorme fête à la bêtise qu’est devenu Noël, le Grand Saint-Nicolas, un chirurgien déjanté,  Marion une marionnette à taille humaine, et surtout Léon, une espèce de chien-robot qui ,de temps à autre, intervient pour commenter la situation. Il y a aussi des barquettes  et des morceaux de viande accumulées, (parfaitement obscènes au sens étymologique du terme car projetées sur grand écran ou flottant dans l’air) sorties tout droit d’un catalogue de supermarché, plusieurs caddies dont un surdimensionné et  rempli de gros ballons,etc… Et l’on y parle d’anatomie, de sexe, de moyens de reproduction, de l’univers, celui des hommes et celui des bêtes, bref de tout ce qui peut encombrer un cerveau humain, quand il se met à en parler!
 Comme le dit Jacques Rebotier, tout y passe dans « cette encyclopédie médiévale écrite au vingt deuxième siècle, par un papillon, ou une grenouille, ou un dodo… ». Cette revue loufoque où sont convoqués  des jeux sur le langage, des images et des graphismes tout à fait poétiques- qui font souvent penser aux collages de l’excellent Roman Cieslewicz- , pour mieux dire  l’espèce de folie de surconsommation, de suicide collectif qui s’empare régulièrement du monde, surtout au moment des fêtes.
   Il y a des idées fabuleuses  dans ce spectacle  ( on vous les livre en vrac):  un être humain en bougie qui, petit à petit, se consume; ce n’est qu’une image mais qui fait froid dans le dos malgré la flamme qui danse sur l’écran, ou bien ces photos pornos projetées à toute vitesse,et qui servent de base à une loterie, cette fausse déclaration des droits de l’homme aussi absurde  que juste, une ballade en train dans un paysage enneigé qui défile derrière les épaules du conducteur,métaphore d’un monde qui court à sa perte, ou  ces déclarations péremptoires: Les bêtes se battent comme des sauvages »,  » le monde appartient à Dieu et à l’ome qui se lève tôt« , ou cette dernière petite phrase pour la route en guise de moralité finale:  » Si vous n’avez pas envie que le monde vous appartienne,si vous avez envie que le monde n’appartienne à personne, restez couchés ».
 Rebotier, à petits coups de griffe et sans avoir l’air d’y toucher, dit finalement et avec plaisir, beaucoup plus de choses sur l’aventure humaine, sur les animaux, sur le corps humain et sur notre rapport au  monde, que le texte assez  bavard à prétention métaphysique d’Ordet ( voir le blog d’hier)
   Certes, le spectacle ne va pas sans à- coups, sans baisses de rythme dans les enchaînements, surtout vers la fin, et tout n’est pas d’égale valeur,( une petite séance d’élagage n’aurait pas fait de mal), même si le jeu des comédiens, les chansons , la musique et la mise en place restent jusqu’au bout d’une grande rigueur. Quelle vitalité,  quelle absence totale de prétention, quelle  envie de donner du plaisir en  jouant avec les mots et les images sans jamais être vulgaire, avec des vidéos tout à fait justifiées et une scénographie signée Virginie Rochetti , aussi intelligente que subtile ! (Madame Sophie Perez pourrait y prendre de la graine…)
 Cela fait du bien de voir  que la France d’aujourd’hui, trop souvent empêtrée dans un suivisme et un conformisme de bon aloi qui risque de perdurer, possède au moins un Rebotier  qui sait  marier,  avec beaucoup de sensibilité aux êtres et aux choses, les fondamentaux , comme on dit maintenant, du théâtre aux  arts plastiques. Cela fait aussi du bien de voir aussi un public, dont la couleur de cheveux n’ a pas encore viré au gris, comme un peu partout dans les autres salles, ne pas bouder pas son plaisir..
  Y aller ? Oui, absolument,si le spectacle passe près de chez vous…

Philippe du Vignal

Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis,pour les autres parties du cycle, encore jusqu’au 7 décembre; et La Revanche du Dodo ,que nous n’avons pu encore voir, se joue du 16 au 19 décembre au Centre dramatique régional de Tours, puis du 21 au 23 janvier au Théâtre Universitaire de Nantes.

RAPPEL IMPORTANT

  Le Théâtre de bouche de Ghérasim Luca ( le plus grand poète français, parce que roumain,disait avec intelligence Gilles Deleuze), mis en scène par Claude Merlin , et dont nous vous avions rendu compte il y a trois semaines, se joue encore au Théâtre Le Colombier à Bagnolet ( Métro Gallieni) le 16,17,18,19 décembre à 20h30 et le 20 décembre à 16 h et à 20 h 30, puis au Picolo , 58 rue Jules Valès à Saint-Ouen,(Métro Porte de Clignancourt).
  Courez vite lire tout le bien qu’on en avait dit ( le blog du 14 novembre)


Archive pour 5 décembre, 2008

De l’omme

texte, musique et mise en scène de Jacques Rebotier

  De l’omme est le troisième volet du Cycle de l’homme ( 1 contre les bêtes,( prologue) 2 La tragédie de Pluto  et 4 La Revanche du dodo .Cela fait presque une dizaine d’années qu’on a découvert ce théâtre protéiforme associant des collages de texte, des musiques,  des images fixes,des vidéos, des projections de phrases , le tout dans une joyeux capharnaüm … orchestré de main de maître. Et ce  volet du cycle n’échappe pas à la règle.dodo9.jpg
  L’omme, à ce que l’on comprend, est sous la surveillance d’une triste bande de Pères Noël qui se sont emparés du pouvoir pour couvrir  la planète de sang, avec pour compagnons/ complices/témoins de cette énorme fête à la bêtise qu’est devenu Noël, le Grand Saint-Nicolas, un chirurgien déjanté,  Marion une marionnette à taille humaine, et surtout Léon, une espèce de chien-robot qui ,de temps à autre, intervient pour commenter la situation. Il y a aussi des barquettes  et des morceaux de viande accumulées, (parfaitement obscènes au sens étymologique du terme car projetées sur grand écran ou flottant dans l’air) sorties tout droit d’un catalogue de supermarché, plusieurs caddies dont un surdimensionné et  rempli de gros ballons,etc… Et l’on y parle d’anatomie, de sexe, de moyens de reproduction, de l’univers, celui des hommes et celui des bêtes, bref de tout ce qui peut encombrer un cerveau humain, quand il se met à en parler!
 Comme le dit Jacques Rebotier, tout y passe dans « cette encyclopédie médiévale écrite au vingt deuxième siècle, par un papillon, ou une grenouille, ou un dodo… ». Cette revue loufoque où sont convoqués  des jeux sur le langage, des images et des graphismes tout à fait poétiques- qui font souvent penser aux collages de l’excellent Roman Cieslewicz- , pour mieux dire  l’espèce de folie de surconsommation, de suicide collectif qui s’empare régulièrement du monde, surtout au moment des fêtes.
   Il y a des idées fabuleuses  dans ce spectacle  ( on vous les livre en vrac):  un être humain en bougie qui, petit à petit, se consume; ce n’est qu’une image mais qui fait froid dans le dos malgré la flamme qui danse sur l’écran, ou bien ces photos pornos projetées à toute vitesse,et qui servent de base à une loterie, cette fausse déclaration des droits de l’homme aussi absurde  que juste, une ballade en train dans un paysage enneigé qui défile derrière les épaules du conducteur,métaphore d’un monde qui court à sa perte, ou  ces déclarations péremptoires: Les bêtes se battent comme des sauvages »,  » le monde appartient à Dieu et à l’ome qui se lève tôt« , ou cette dernière petite phrase pour la route en guise de moralité finale:  » Si vous n’avez pas envie que le monde vous appartienne,si vous avez envie que le monde n’appartienne à personne, restez couchés ».
 Rebotier, à petits coups de griffe et sans avoir l’air d’y toucher, dit finalement et avec plaisir, beaucoup plus de choses sur l’aventure humaine, sur les animaux, sur le corps humain et sur notre rapport au  monde, que le texte assez  bavard à prétention métaphysique d’Ordet ( voir le blog d’hier)
   Certes, le spectacle ne va pas sans à- coups, sans baisses de rythme dans les enchaînements, surtout vers la fin, et tout n’est pas d’égale valeur,( une petite séance d’élagage n’aurait pas fait de mal), même si le jeu des comédiens, les chansons , la musique et la mise en place restent jusqu’au bout d’une grande rigueur. Quelle vitalité,  quelle absence totale de prétention, quelle  envie de donner du plaisir en  jouant avec les mots et les images sans jamais être vulgaire, avec des vidéos tout à fait justifiées et une scénographie signée Virginie Rochetti , aussi intelligente que subtile ! (Madame Sophie Perez pourrait y prendre de la graine…)
 Cela fait du bien de voir  que la France d’aujourd’hui, trop souvent empêtrée dans un suivisme et un conformisme de bon aloi qui risque de perdurer, possède au moins un Rebotier  qui sait  marier,  avec beaucoup de sensibilité aux êtres et aux choses, les fondamentaux , comme on dit maintenant, du théâtre aux  arts plastiques. Cela fait aussi du bien de voir aussi un public, dont la couleur de cheveux n’ a pas encore viré au gris, comme un peu partout dans les autres salles, ne pas bouder pas son plaisir..
  Y aller ? Oui, absolument,si le spectacle passe près de chez vous…

Philippe du Vignal

Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis,pour les autres parties du cycle, encore jusqu’au 7 décembre; et La Revanche du Dodo ,que nous n’avons pu encore voir, se joue du 16 au 19 décembre au Centre dramatique régional de Tours, puis du 21 au 23 janvier au Théâtre Universitaire de Nantes.

RAPPEL IMPORTANT

  Le Théâtre de bouche de Ghérasim Luca ( le plus grand poète français, parce que roumain,disait avec intelligence Gilles Deleuze), mis en scène par Claude Merlin , et dont nous vous avions rendu compte il y a trois semaines, se joue encore au Théâtre Le Colombier à Bagnolet ( Métro Gallieni) le 16,17,18,19 décembre à 20h30 et le 20 décembre à 16 h et à 20 h 30, puis au Picolo , 58 rue Jules Valès à Saint-Ouen,(Métro Porte de Clignancourt).
  Courez vite lire tout le bien qu’on en avait dit ( le blog du 14 novembre)

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