Une Histoire du monde
Une Histoire du monde, cabaret apocryphe, texte et mise en scène de Jean-François Mariotti.
Cela se passe à Ménilmontant , au Studio de l’Ermitage, une salle à tout faire avec un bar dans le fond , une petite scène de cabaret, et quelques rangées de chaises en plastique même pas attachées au mépris de la loi.. Cette Histoire du Monde, Jean-François Mariotti l’a voulu aux antipodes « d’une quelconque vérité universitaire »;on a envie de lui dire: heureusement… Cela correspond, dit-il, à une volonté de » comprendre comment nous autres, générations qui vivons au début du XXI ème siècle, pouvons survivre à à cette lourde histoire qui nous précède, comment nous la digérons, comment nous en escamotons la pesanteur par le rire, l’irrévérence, la farce, la grimace ».
Le propos est un peu prétentieux mais le spectacle mérite mieux que cela, même si, le texte, n’est pas très intéressant: souvent racoleur, facile et surtout trop bavard. Il s’agit d’une sorte de cabaret avec des sketches et des chansons, relatant à la moulinette les « grands moments » de l’histoire du monde occidental: tout y passe depuis la Genèse, et la création de l’homme avec Adam et Eve, les amours de Marc Antoine et Cléopâtre,, la Peste noire du 14 ème siècle, l’assassinat d’Henri IV… par Marat, la rencontre d’Hitler en fauteuil roulant avec Staline et Franco, le soulèvement des esclaves haïtiens ,les amours de Kennedy et de Marylin Monröe au mieux avec Jackie qu’elle embrasse sur la bouche, etc.. Cela se termine par une sorte de mise à mort emblématique du théâtre. Cela a un côté bande dessinée et fait souvent penser au Magic Circus de Jérôme Savary, quarante ans après! Comme quoi, c’est avec les vieilles casseroles que l’on fait les meilleures soupes….
Jean-François Mariotti a su s’entourer d’une bande de treize copains comédiens , flûtiste et pianiste qui savent vite créer une espèce de complicité avec une salle jeune et amicale; il faut dire que qu’ils ont chacun un solide métier( et l’on sait que le cabaret est une rude école où il faut savoir jouer et chanter dans un espace restreint). Et ils le font tous très bien, même si la distribution est inégale. Et il y a d’excellents moments, comme ces trois jeunes femmes en guépière rouge et bas noirs qui chantent en choeur: La Carmagnole puis Maréchal, nous voilà…. ou les retrouvailles à la fin d’Adam et Eve, justes couverts de leur feuilles de vigne. C’est le plus souvent assez drôle,mais pas vraiment impertinent et irrévérencieux comme le voudrait l’auteur et metteur en scène; disons que l’ensemble est, à coup sûr,trop long,trop vite écrit et manque de rythme : il y a une série de fausses fins qui plombent la vraie fin un peu bâclée..
Malgré tout, cela passe, grâce encore une fois, au savoir-faire des comédiens et à la maîtrise dont sait faire preuve Jean-François Mariotti pour diriger toute cette bande. Les petits cochons de la télévision publique/ publique ou publique/privée ,ou privée (on ne sait plus trop) le mangeront sans doute un jour mais, en tout cas, Jean-François Mariotti prouve qu’il est à l’aise dans ce type de spectacle, comme il l’avait été dans le passé avec …Claudel. C’est toujours fort bon signe quand un jeune metteur en scène n’hésite pas à passer d’un registre à l’autre.
A voir? Oui, si voulez découvrir une des tendances d’un théâtre marginal sans doute mais qui draine un public jeune et fidèle qui ne boude pas son plaisir mais, attention: le spectacle ,dit évolutif, ne bénéficie pas d’une programmation régulière .. (Mariotti crée aussi à intervalles réguliers une sorte de cabaret inspiré de l’actualité avec des pièces comme Gabegie ou Thermomètre à usage unique): à suivre donc mais mieux vaut consulter avant le site de la compagnie:www. une-histoire-du-monde.com
Philippe du Vignal