Vents d’horizons

Vents d’horizons  par la Compagnie Au fil du Vent
Le samedi 17 janvier au Centre culturel Marcel Pagnol de Bures-sur-Yvette (Essonne)

Il est des endroits où l’on va en toute confiance, assuré de la qualité de la démarche de programmation et de la façon dont les artistes sont accompagnés. Une fois encore, cette considération portée à l’endroit du Centre culturel Marcel Pagnol s’est  concrétisée.
Fraîchement sortis de résidence de création, Johanna Gallard (Fil-de-fériste et directrice artistique de  la compagnie) et Thierry Bazin (compositeur et musicien) nous proposent un spectacle qui explore (en allant franchement plus loin) l’univers de leur proposition précédente qui s’intitulait Territoires inimaginaires.
Sur un dispositif frontal où le fil occupe le premier plan s’exposant de jardin à cour, et devant un magnifique piano à queue, un personnage burlesque et androgyne organise son espace, s’étonne, explore, se dissipe à l’occasion de l’intrusion de nouveaux objets incongrus qui pénètrent son univers.
Dans la lignée des spectacles estampillés « poésie visuelle »,  la compagnie parvient à nous embarquer durant 1h10 environ, dans une atmosphère chatoyante et planante (les lumières et la musique sont particulièrement bien composées).
On objectera ici ou là que quelques petites choses sont encore à régler et que les intentions du personnage ont encore à gagner en lisibilité, mais dans l’ensemble on accepte de suivre ce petit voyage imaginaire, proposant une esthétique fruste et fantastique qui n’est pas sans entretenir de rapport avec l’Arte Povera (une tendance adoptée par un certain nombre de spectacles de cirque contemporain).
On l’aura compris, ce travail tout neuf nous a convaincu, et ce, alors même qu’habituellement, la poésie visuelle n’est pas le genre qui nous séduit le plus.

La chose est par ailleurs suffisamment rare pour être soulignée, Johanna Gallard mène aussi un travail de réflexion sur la notion d’écriture appliquée au cirque. En ce sens, elle a entrepris la transcription scripturale de son spectacle précédent, adoptant une démarche rare dans son champ. http://www.lekti-ecriture.com/editeurs/Territoires-inimaginaires.html

 

Jérôme Robert


Archive pour 18 janvier, 2009

DéBaTailles

debatailles.jpgDéBaTailles par la Cie Propos – Denis Passard
Le vendredi 16 janvier au Théâtre Paul Éluard de Bezons (Val d’Oise).

« Je ne comprends rien à la danse contemporaine », « ce spectacle est trop conceptuel, trop formaliste ». Même s’il peut nous arriver de penser,  voire d’exprimer, ces deux idées, rien n’est perdu. La preuve, ce spectacle qui a pleinement sa place dans ce blog, dans son volet le plus transdisciplinaire.
Décomplexé, ludique, brillant, il met en scène cinq danseurs issus de cultures du mouvement corporel différentes (danse contemporaine, hip-hop, cirque) et trois musiciens eux aussi d’influences visiblement éclectiques (du rock aux musiques traditionnelles).
En ce sens, et avant même le début du spectacle, ce dernier est-il résolument contemporain de par son métissage. Mais voilà, une distribution et un concept, aussi intéressants soient-ils, ne suffisent pas à faire une œuvre. Ici, le spectre de la juxtaposition de grammaires corporelles qui ne se rencontrent jamais réellement est résolument dépassé. Tout se mélange suivant des géométries extrêmement variées, créant des images et des esthétiques rarement rencontrées.
Comme pour s’assurer d’un tel résultat, Denis Plassard propose une dramaturgie aussi simple qu’efficace : les interprètes se lancent des défis par équipes, chaque membre de ces dernières étant susceptible d’en changer au cours du jeu. De cette manière, nous voici certains de rencontrer toutes les combinaisons possibles, à l’occasion de Battles endiablées (concours/confrontations auxquels se livrent usuellement des artistes issus du mouvement hip-hop).
Les quinze défis (si nous avons bien compté) prennent corps sur une idée simple : l’apposition d’une contrainte univoque (danser les mains dans les poches, réaliser des portés, des arrêts sur image, tout en contact, etc.). Les musiciens sont aussi des M. Loyaux juchés sur leur podium (façon Bal Pop’) et servent musicalement de façon admirable ce qui se joue sur l’arène située à quelques mètres en contrebas de leur position. Pour corser l’affaire et noyer le poisson, les danseurs sont vêtus de la même manière (en costumes façon jeunes-cadres-dynamiques) : aucun signe ne permet alors de supputer les spécialités des uns et des autres, ce qui ne fait que renforcer le trouble du spectateur.
Débridés, délurés, sauvagement drôles à la manière d’enfants tantôt complices, tantôt cruels dans une cour de récréation, les états de corps se déploient sur le vaste plateau pendant 1h30 (que l’on ne sent pas passer) sans nous laisser une seule seconde de respiration. Car là aussi il y a prouesse. Nous ne sommes pas seulement les spectateurs de battles chimériques : le dispositif scénographique et la sobriété dramaturgique occasionnent que nous soyons dans une empathie telle que nous touchons au vertige.
Espérons que ce fort bel ouvrage passera près de chez vous (ce qui peut tout à fait arriver si le directeur de la salle de spectacle local a croisé la route de DéBatailles et que son plateau soit en mesure de l’accueillir).

Jérôme Robert

Pour en savoir plus : http://compagniepropos.free.fr/
Spectacle en tournée :
Théâtre Durance – Château-Arnoux (04) 
20 février 2009 / 14h00 & 21h00
Théâtre de Riom (63)  
3 mars 2009 / 20h30
Centre Culturel Aragon – Oyonnax (01)  
12 mars 2009 / 20h30
Comédie de Valence – CDN (26)  
31 mars 2009 / 20h00
1er avril 2009 / 14h00 & 20h00

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