Montaigne
Montaigne, adaptation et mise en scène Thierry Roisin
Philosopher, c’est être en route. Donc, notre Montaigne d’aujourd’hui prend non l’avion mais le tapis roulant de l’aéroport, où il croise, suit, découvre, arrête les objets – et même de vraies valises – que déposent des magiciens-bagagistes cachés en coulisses. Chemin faisant, défaisant, rebroussant, il philosophe, donc. Pour son spectacle, Thierry Roisin n’a pu prendre que l’écume de la somme que sont les Essais, et cette écume est Montaigne lui-même, curieux, savant sans vanité, soucieux d’exactitude avant tout sur lui-même et sur ses limites, capable de se mettre à nu très simplement – pour changer de costume et d’époque -, et de s’indigner du gâchis mondial propagé par le vieux monde ou de l’inacceptable torture.
Il est accompagné, vraiment accompagné, comme par deux amis – pas La Boétie, c’est trop tard, celui-ci ne nous est connu que perdu -, une flûte et une clarinette, proches et sensibles. Autrement dit, Yannik Choirat, le comédien qui nous emmène sans jamais la ramener pas, et les deux musiciens, Agnès Raina et Samuel Maître.
On sort de là heureux de se sentir intelligent, et pas tout seul.
Christine Friedel
Au Nouveau Théâtre de Montreuil, jusqu’au 6 février.