20e/Première

20e/Première, mise en scène Georges Lavaudant
spectacle de la vingtième promotion des étudiants de l’École nationale supérieure des arts du cirque de Châlons-en-Champagne

Ça sonne comme un clap de film, ils font irruption sur la piste comme une volée de grains jetée à une volée de moineaux, ça résonne des bruits de la ville et de la vie : une belle énergie juvénile, d’entrée. La mise en piste a les qualités et les défauts du “nouveau cirque“ : à savoir, peu d’exploits, ou des exploits presque “en douce”, à l’opposé des roulements de tambour du cirque traditionnel, pas de costumes rutilants, mais des tenues de travail ou des impers et talons aiguilles qui renvoient aux mythologies du cinéma américain, un remarquable travail collectif dans la danse.
Mais, mais, mais… Malgré de superbes envols collectifs à la bascule, d’une précision étonnante, malgré un numéro très original de dressage de bicyclettes, le problème est que le vocabulaire technique des élèves est assez limité, et que le spectacle fait repasser les plats, au fil, à la corde, au tissu, au mât chinois, au numéro hip-hop… Le spectacle pouvait être plus court, plus dense, s’offrir un peu plus de silence, et l’on pouvait espérer de l’école plus de diversité et un peu plus d’exigence de virtuosité. Reste le charme tenace de ce collectif.

Christine Friedel
Espace chapiteaux à la Villette, jusqu’au 15 février
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Archive pour janvier, 2009

BoumKœur

BoumKœur, d’après le roman de Rachid Djaïdani, mise en scène Habib Naghmouchin. Avec Tony Mpoudja et Salim Kechiouche.

On pourrait entendre « boum cœur » et on serait dans du Charles Trenet, ou « bunker » et on serait dans l’image de la banlieue donnée par La Haine (le film). Troisième voie : un naïf, sous prétexte d’écrire les histoires vraies de sa banlieue, tombe dans les pattes d’un méchant “gremlin“ qui lui bricole un vrai-faux enlèvement on verra pourquoi. Il y a de jolis intermèdes sur les joies du supermarché et l’ennui de “tenir les murs“. Les deux acteurs sont parfaits, le décor impeccable. Une déception : le texte ne nous a pas paru à la hauteur de l’enthousiasme du metteur en scène : trop sage dans ses deux langues, le “relevée“ et la “verte“, même si le jeu entre les deux fait sourire.

Christine Friedel

Théâtre de la Boutonnière – Paris 11e
Du 6 au 31 janvier 2009

 

Montaigne

Montaigne, adaptation et mise en scène Thierry Roisin

Philosopher, c’est être en route. Donc, notre Montaigne d’aujourd’hui prend non l’avion mais le tapis roulant de l’aéroport, où il croise, suit, découvre, arrête les objets – et même de vraies valises – que déposent des magiciens-bagagistes cachés en coulisses. Chemin faisant, défaisant, rebroussant, il philosophe, donc. Pour son spectacle, Thierry Roisin n’a pu prendre que l’écume de la somme que sont les Essais, et cette écume est Montaigne lui-même, curieux, savant sans vanité, soucieux d’exactitude avant tout sur lui-même et sur ses limites, capable de se mettre à nu très simplement – pour changer de costume et d’époque -, et de s’indigner du gâchis mondial propagé par le vieux monde ou de l’inacceptable torture.
Il est accompagné, vraiment accompagné, comme par deux amis – pas La Boétie, c’est trop tard, celui-ci ne nous est connu que perdu -, une flûte et une clarinette, proches et sensibles. Autrement dit, Yannik Choirat, le comédien qui nous emmène sans jamais la ramener pas, et les deux musiciens, Agnès Raina et Samuel Maître.
On sort de là heureux de se sentir intelligent, et pas tout seul.


 

Christine Friedel

Au Nouveau Théâtre de Montreuil, jusqu’au 6 février.

LES VIPÈRES SE PARFUMENT AU JASMIN Théâtre 71 de Malakoff

LES VIPÈRES SE PARFUMENT AU JASMIN Théâtre 71 de Malakoff

Texte et interprétation de Nasser Djemaï, mise en scène Natacha Diet
Après Une Étoile pour Noël qui a connu une belle carrière, Nasser Djemaï vient de créer un deuxième spectacle coproduit par le Bateau Feu de Dunkerque et le Théâtre 71. Après un succès, un deuxième solo est parfois périlleux. Nasser DjemaÏ a un vrai talent, une présence étonnante, il jongle entre les personnages de sa famille, la mère, la fille, le fils adoré, le père disparu. Avec une simple malle, il évoque tout un monde familial, mais ne réussit pas pour l’instant, à captiver l’attention du public sur la durée du spectacle.

Edith Rappoport

T’ENTENDS ?

T’ENTENDS? Théâtre Dunois

Spectacle musical mis en scène par Catherine Vaniscotte, sur des textes et des chants de Jacques Rebotier, Élise Caron et Jean-Michel Espitalier, compagnie la Volière.
Ce délicieux spectacle joue avec les mots et les notes. Agnès Buffet et Iris Lancery saluent le jeune public avec les « Bonjour les n’importe qui, les n’importe comment, bonjour les rabougris, les rats des champs, bonjour les guili-guili les gouzis-gouzis, les bigoudis, les frisottis… » d’Élise Caron, elles voyagent dans les textes, les notes, les instruments pour le plus grand plaisir du public. La grâce de ce spectacle insolite séduit des plus petits aux plus grands. Même les enfants de maternelles qui remplissaient la salle qui vibraient un peu bruyamment aux bonjours, ont été séduits.

 

Edith Rappoport

RÊVE GÉNÉRAL

RÊVE GÉNÉRAL  Théâtre Jean Arp de Clamart

Compagnie le CRIK (Club de réflexion et d’investigation clownesque) mise en scène Jean François Maurier
Le CRIK  se définit comme «  une petite entreprise regroupant des travailleurs du champ sociétal élargi. Il s’appuie sur son produit phare, le clown de théâtre ». J’avais vu au Lucernaire Un p’tit jardin sus l’ventre, terrifiant solo sur la guerre de 14 et l’an dernier à Taverny ou Maurier avait mené pendant des années un travail exemplaire d’action culturelle ,  C’est une fille, beau spectacle de 4 clownesse au nez blanc dont j’ai parlé dans ce blog. C’était un jour de grève, la salle était pleine de jeunes qui leur avaient fait une ovation.
Rêve général est interprété par 6 clowns qui ont une belle maîtrise de leurs personnages. Après un début un peu laborieux, le spectacle est le fruit de 2 ans d’élaboration, il n’est encore affranchi des nombreux ateliers, les clowns brossent des images ironiques de la souffrance au travail qui ravissent le jeune auditoire de la salle. Il faut saluer le théâtre Jean Arp qui a su accueillir le Crik théâtre dans de bonnes conditions. Puissent de nombreux théâtres s’en emparer !

Edith Rappoport

Shakespeare de fracas et de furie

 Shakespeare de fracas et de furieimage21.jpg, adaptation et mise en scène de  David Fauvel

  Jean Lambert-wild,  le nouveau directeur  de la Comédie de Caen a  invité une jeune compagnie de la région: Le théâtre des Furies, à venir présenter son nouveau spectacle pendant deux semaines. Ce qui est  généreux et pas si fréquent… Quand on pense que Le Théâtre national  de Strasbourg n’a jamais voulu programmer le Théâtre de l’Unité, pourtant  son proche voisin de Franche-Comté qui a promené son  Vania à la  campagne  un peu partout en France comme en Europe et qui existe, lui, depuis quarante ans!  Cela donne une haute idée des rapports  entre les théâtreux puissants et les autres, même reconnus et  subventionnés depuis longtemps. Passons sur ce système de forteresses à la française…

David Fauvel a donc imaginé un spectacle en deux parties d’une  heure qui peut être considéré comme une sorte de condensé/adaptation  à forte connotations d’art contemporain de deux des pièces les plus connues de Shakeapeare: d’abord Desdémone, d’après Othello puis  après un entracte, Ophélie d’après Hamlet, mais en gardant que les  personnages les plus essentiels du drame et des morceaux de texte tels quels.

Antoine Vitez avait un jour proposé comme  exercice à ses élèves de l’école de Chaillot: jouez-moi Hamlet en quelques minutes. Sans préparation, sans costume, sans  texte à la main. Dans cette espèce de réduction/concentration à  l’essentiel qui était avant tout  un exercice sur la mémoire des  personnages, il y avait parfois des éclairs merveilleux de lucidité  et de fraîcheur.

Bien entendu, il ne s’agit pas ici d’un exercice d’apprentis-comédiens mais il y a chez David Fauvel cette même volonté de se  battre avec deux textes qu’il admire mais avec lesquels il ne se sent  tout de même plus en phase…On n peut n’être pas d’accord avec  beaucoup de choses de son spectacle mais au moins, il y a chez lui,  le plaisir de s’emparer d’un plateau et d’y projeter ses envies ,et  cela, ce n’est  plus si souvent le cas, comme ce le fut dans les  années 70/ 80 quand les metteurs en scène voulaient absolument en découdre avec le théâtre dit classique et avec le monde qui les  entourait.

Donc mais sans vouloir couvrir David Fauvel de roses rouges, les univers imaginés  par David Fauvel font penser à ceux de créateurs américains du siècle précédent: le grand John Vaccaro avec  ses comédies musicales délirantes, Richard Foreman, Jo Chaikin, Le Living Theater de Julian Beck et Judith Malina et Bob Wilson, bien sûr. (Je vois d’ici le regard effaré de David Fauvel  (qui a quand même 38 ans) protégé par son bonnet de  laine: « Ce du Vignal, avec tous ses ancêtres, il en voit des choses,  tant mieux pour lui mais, moi, je m’en fous ». Et il a sûrement raison mais le dire est plutôt flatteur pour lui qui sait diriger ses acteurs: Stéphane Fauvel, Fabienne Guérif, Sandra Devaux et lui- même.

Il a aussi voulu décomposer/recomposer le texte, casser les  effets de diction, imposer la nudité du plateau et mettre les éclairages rasants au pouvoir: il y a de la naïveté dans cette construction théâtrale qui obéit trop souvent à des poncifs contemporains; c’est là où David Fauvel devrait faire attention: l’eau partout utilisée et à n’importe quel moment, les  corps nus dans des films plastiques, les fumigènes bien immondes utilisés à outrance, les maquillages grossiers, etc… Une provoc qui ne date pas d’hier et usée jusqu’à la corde…

David Fauvel a voulu nettoyer ces deux textes à la vapeur, pour retrouver les motivations des personnages, en les transposant dans le  monde d’aujourd’hui; ce qui l’intéresse avant tout: le rapport à la sexualité et au costume-en particulier au vêtement et au  sous-vêtement féminin ( petit corsets, bas, chemisiers vaporeux  et à l’érotisme tel que l’on peut le vivre en 2009, quand on a une  vingtaine d’années…
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Il a donc imaginé une Desdémone tout à fait  contemporaine qui n’a absolument pas peur d’assumer ses fantasmes  sexuels. Quant à la pauvre Ophélie, menacée du bordel par Hamlet,  elle devient une sorte de déchet, ce n’est plus tout à fait la sainte païenne de la version officielle mais une sorte de réplique plus jeune de la pute qu’est devenue,  à ses yeux, sa mère. Et cela donne souvent des images d’une grande beauté, comme cette  longue table recouverte d’inox qui pourrait être à sa place dans un  musée d’art contemporain, des tulles blancs flottant au vent et  envahis de brume, des visages aux masques étranges.

Ce spectacle imprégné d’art conceptuel et minimal surtout est bien mis en  valeur par  une bande-son tout à fait remarquable signée Jean-Noël  Françoise et Arnaud Léger  avec, notamment du Chostakovitch et des  morceaux rock étonnants et par une lumière très soignée de Stéphane Babi-Aubert , si bien qu’on en pardonne les  maladresses et les naïvetés .
On  admire l’énergie et le rythme qui restent efficaces tout au long du spectacle. Bien sûr,  il faut décrypter et mieux vaudrait  connaître son Shakespeare mais, après tout, il n’est pas vraiment essentiel de  tout comprendre  et il y a un signe qui ne  trompe pas: la bande de lycéens qui était à la première, ont bien vu  qu’il s’agissait d’un travail d’une grande honnêteté , (à cent  kilomètres d’une création « répondant aux exigences du public »  qui  ravirait le petit Nicolas)… Ils étaient très attentifs et n’ont à aucun  moment boudé leur plaisir.

Ce type de spectacle ne peut sans doute être érigé en modèle -disons qu’il est un peu tendance en ce en ce moment -mais, c’est un exemple intéressant de la jeune création théâtrale en France. A voir? Oui, si vous n’avez pas de rhume,  de bronchite ou d’allergie,  à cause de ces foutus fumigènes…) et si vous avez encore des  envies de découverte. Et ces  deux heures, malgré quelques longueurs, passent encore  plus vite qu’un bon film.
On peut sans doute faire la fine bouche et  pourtant c’est du théâtre, enfin ce que nous appelons du vrai théâtre, au sens étymologique  du terme. Et nous avons un faible pour ces spectacles remplis de défauts mais aussi de promesses…Vous pouvez toujours laisser des commentaires désobligeants, si vous n’êtes pas d’accord, mais… voyez d’abord. Enfin, vous avez peu de chances de le voir, à moins de miracle avignonnais  ou parisien, sait-on jamais?

Philippe du Vignal

Comédie de Caen, (Calvados) jusqu’au 6 février, puis à La  Chapelle Saint-Louis à Rouen ; en mars à Flers, à Alençon et en  mai, au Préau-C.D.R. de Vire. 

Sweet home

image61.jpgSweet home , mise en scène de Jean-Pierre Garnier.

Inutile de répéter  l’intrigue, Philippe Duvignal l’a parfaitement rappelée à l’occasion de sa critique datée du 19 janvier. Bien qu’allant dans un sens similaire, mon avis est plus mesuré que celui de notre ami. En écho à sa critique, je souhaiterais mettre l’accent sur trois dimensions ayant particulièrement retenu  mon attention.

Première élément, et non le moindre, ce spectacle démontre une vraie vision de metteur en scène, par ailleurs respectueux du texte initial. Mais à trop vouloir adapter, on ne fait que respecter. En d’autres termes, oui il s’agit de théâtre – avec de très bons comédiens – et quelque ingéniosité permettant d’éviter trop de statisme, mais la théâtralité demeure réduite à sa plus simple expression. Rien de très problématique me direz-vous, sauf lorsque cela semble témoigner d’une trop grande déférence à l’endroit du roman qu’il ne faudrait pas prendre le risque d’interpréter.

Second élément, la forme du propos. Il m’est arrivé pendant la représentation de la rêver radiophonique. Pourquoi ? Parce que les corps, pourtant toujours en mouvement semblent systématiquement plombés par le verbe : il n’y résistent pas (à l’exception de Martin, remarquable dans ce registre). Quand le corps en scène ne produit que peu de sens, il y a lieu de s’interroger sur nature du parti pris de mise en scène.

Troisième élément, la scénographie oscille systématiquement entre métaphore émotionnelle et dénotation de l’action. On se perd, pris entre une image qui symbolise tantôt une sensation éprouvée par un personnage, tantôt un lieu où se déroule l’action. Ce procédé fini par lasser, et c’est dommage, car cette idée associée à une scénographie censée provoquer un mouvement, était plutôt astucieuse.

Jean-Pierre Garnier demeure un excellent metteur en scène, et cela continue à se sentir. Cependant, il me semble qu’il s’est laissé trop peu de marges de liberté par rapport au roman. Ce texte est cependant magnifique et le jeu ne le dessert pas.

Si l’on est un peu déçu par cette rencontre dont le potentiel est supérieur au résultat, ce travail mérite toutefois d’être rencontré.

Jérôme Robert

Théâtre de la Tempête, Cartoucherie de Vincennes T: 01-48-28-36-36, jusqu’au 15 février. Navette depuis le métro Château de Vincennes.

Pinocchio

Pinocchio de Collodi, adaptation et mise en scène de Joël Pommerat

 

 pinocchio1.jpg Au Nouveau Théâtre de Montreuil, une matinée scolaire parmi d’autres, dans ce misérable bunker rouge  foncé, fait d’angles et de recoins, (le bar pourrait être celui de  Dracula!), sorti de l’imagination de quelqu’un qui a dû se prendre  pour Frank Gehry! Au moins, la salle a une bonne acoustique et de  belle proportions…
Mais enfin, passons, pour se réconforter il y a 
cette incroyable série d’enfants entrant deux deux par deux,  se tenant  sagement par la main pour aller assister à un spectacle: cela fait  chaud au cœur..
  Une salle bourrée mais l’on sait que, depuis un bon moment, mettre le nom de Joël Pommerat  équivaut à un gage de très grande qualité.  Et  l’on n’est effectivement pas déçu par les aventures du petit pantin  de bois; mais là, attention, nous, c’est à dire la vingtaine  d’adultes seuls, et les enfants avec leurs instituteurs, assistons à un évènement exceptionnel,  pas à une de ces choses approximatives comme celles dont nous avons déjà parlé à propos de ce pauvre Pinocchio cette saison…
Et c’est sans doute une grande chance pour tous ces enfants d’avoir pu assister à des images d’une telle beauté, là devant eux ,et non par le truchement d’un petit écran ; ils  s’en souviendront -même si on peut douter que cette création réponde « aux attentes du public » pour reprendre la lamentable phrase pondue par une des fifres de Nicolas Sarkozy. Et il faut être d’une belle naïveté pour reprendre à son compte une telle bêtise!
En tout cas, ces enfants pourront remercier Gilberte Tsaï, la directrice du Théâtre de Montreuil, d’avoir invité Joël Pommerat ,et leur école de leur avoir permis de voir cela. Et nous savons  ce dont nous parlons…. Combien de spectacles pour enfants ont à la fois une interprétation de cette hauteur, un univers sonore  d’une telle qualité qui forme en fait le fil rouge du spectacle, imaginé par Yann Priest, François et Grégoire Leymarie,  une scénographie (Eric Soyer) d’une telle intelligence, des lumières qui créent le lieu en faisant écho au texte et une mise en scène et une direction d’acteurs irréprochables: Pierre-Yves Chapalain, Jean-Pierre Costanzello, Daniel Dubois ou Philippe Lehembre, Florence Perrin et Maya Vignando.
Joël Pommerat a repris quelques uns des épisodes des aventures de Pinnochio,   la naissance de petit pantin issu du travail d’un pauvre menuisier, son refus d’aller à l’école, ses retrouvailles avec son père dans le ventre de la baleine, la rencontre avec la belle fée bleue, etc…) Mais, ce que l’on aime dans son travail, c’est la profonde honnêteté avec laquelle il traite ce texte et le respect qu’il a pour la narration, alors que la déconstruction est tellement à la mode chez ses chers collègues;  » La narration, dit-il, est pour moi, est une façon d’inscrire le temps. Une histoire me permet d’inscrire un commencement, une succession d’événements qui marquent le temps jusqu’à un avenir ».
Et comme il l’avait déjà fait pour Le Chaperon rouge, toute sa mise en scène témoigne d’un souci de se relier au texte de sans faire de compromis mais aussi de l’ancrer dans le monde contemporain, sans fioritures ni chichis, comme le faisait Bob Wilson quand il n’était pas encore en phase d’auto-académisme, avec un volonté intransigeante de parvenir à la beauté, que ce soit dans sa mise en scène ou dans sa directions d’acteurs. Exactement, comme dans ses autres spectacles récents.
Mais attention, les aventures de ce petit être en proie à la pauvreté et à la dureté du monde des adultes, où le noir est quand même la couleur dominante, n’ont sans doute pas à être vues par des spectateurs de moins six ou sept ans.
A voir? Oui, sans réserve, et si vous avez des enfants ou petits enfants, allez-y ensemble si vous le pouvez: c’est bien qu’il y ait dans la salle adultes et enfants.

Philippe du Vignal

Ce Pinocchio passe un peu partout, plutôt dans le Sud actuellement: Cavaillon, Arles, Grasse, puis sera à Aubusson, Maubeuge, Beauvais, Saintes, Grenoble, etc.

Cœur ardent

 Cœur ardent d’Alexandre N. Ostrovski

 image5.jpgmise en scène Christophe Rauck

Christophe Rauck dont une remarquable mise en scène du Revizor de Gogol ne se laisse pas oublier, met en scène, dans le théâtre Gérard Philipe à Saint Denis qu’il dirige, Cœur ardent œuvre d’un autre grand classique du théâtre russe Alexandre N. Ostrovski (1823 – 1886).

Une caustique satire sociale de la Russie du milieu du XIXe siècle où on entend de lointaines résonances de Molière et du théâtre du Siècle d’Or espagnol. Un monde sclérosé, plongé en léthargie, anesthésié par la soumission et l’alcool, dont les protagonistes sont agités par la perte, la tromperie, le gain, la soif des honneurs mais aussi par la passion amoureuse.

Un riche marchand Kouroslepov oisif et alcoolique s’étant fait voler 2 000 roubles ordonne à Silan, son parent lointain, et à ses deux domestiques, Narkis et Gavrilo, de bien surveiller sa maison. Au terme de moult péripéties il découvrira qu’il est trompé et volé par sa femme, Matriona, exploitée par son amant Narkis, et que celle-ci maltraite Paracha, sa fille d’un premier mariage. Avant que tout ne s’achève par un happy end et le bon ordre rétabli : punition des coupables, mariage des jeunes amoureux, repentir du père abusé par sa femme et son homme de confiance, Ostrovski fait traverser à ses personnages des aventures rocambolesques : amour passionné et contrarié, condamnation injuste d’un innocent, fuites et poursuites, attaques de faux brigands, etc.. Il brosse une fresque de la société russe : de la campagne à la ville, en passant par la prison et le monde des notables et des riches dandy qui trompent l’ennui par des caprices et des farces grotesques, extravagantes.

Une belle, audacieuse et inventive traduction d’André Markowicz qui imprime au texte une truculence, une énergie, une violence, réinvente le langage maladroit, déformé des gens simples, et parasite le langage officiel ampoulé par des expressions grotesques.

La tentation certes était forte, en l’occurence irrésistible, de la faire entendre en mettant en scène la pièce quasi intégralement. Le hic c’est que le tout peut devenir trop. Il fallait sans doute faire des coupes, condenser le texte et le jeu, imprimer un rythme plus rapide aux séquences qui, particulièrement dans la première partie, traînent en longueur. Le rythme accéléré, le ton farcesque, grotesque, les gags, les effets scénographiques, de la seconde partie, parfois appuyés, surjoués, n’arrivent pas à faire décoller le spectacle. Pas de parti pris fort pour le jeu rarement convaincant, parfois au bord de la caricature. Pas de lecture qui articulerait la dramaturgie scénique qui fâcheusement s’effiloche. En définitive avec regret, on est amené au triste constat d’un rendez-vous manqué entre la pièce d’Ostrovski et la mise en scène de Christophe Rauck dont on apprécie souvent le travail.

Irène Sadowska Guillon

Cœur ardent d’Ostrovski mise en scène Christophe Rauck

Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis, du 19 janvier au 15 février

réservations 01 48 13 70 00

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