Doubt (Le Doute)

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Le Doute de John Patrick Shanley,  mise en scène de John P. Kelly.

  Le Doute , du New Yorkais John Patrick Shanley  est   désormais  associée  au film avec  Meryl  Streep  et  Philip Seymour Hoffman,  dont le scénario a été tiré de la pièce par l’auteur.

  John P. Kelly, a mis en scène cette  œuvre à mi-chemin entre enquête policière et  drame de conscience. C’est une critique virulente de l’église catholique  et de  sa rigidité morale  incarnée par la Mère supérieure (Sœur Aloysius)  incapable de la moindre sympathie humaine.  Elle représente l’ordre, la discipline et le respect des règlements , surtout lorsque ceux-ci renvoient aux  principes religieux.   Personnage  coincé, antipathique, elle  s’accroche à sa foi comme quelqu’un qui aurait peur de voir s’écrouler les fondements de sa conscience morale.    Mais arrive le jeune  pasteur  Flynn, aux mœurs  « inhabituelles » et dont le style  « trop familier », voire franchement  « ambigu » avec  ses jeunes élèves, surtout  les garçons,  paraît vite suspect aux yeux de la Mère supérieure. Elle convoque Flynn  mais ,quand il  nie ses accusations,  elle se  lance dans une croisade personnelle pour extirper le « mal » du  couvent.
Cette confrontation symbolique entre l’église traditionnelle et  la nouvelle église touchée par le mouvement œcuménique est au coeur de la pièce, puisque  la culpabilité du jeune homme est difficile à affirmer  et que le doute subsiste.  Quant à la Mère supérieure, elle semble emportée par  ses obsessions,  et  on peut aussi  avoir quelques  doutes sur  ses convictions religieuses.
Quant à la mise en scène, assez statique , elle est surtout fondée sur le jeu des comédiens. Mary Ellis a eu du mal à cerner toutes les complexités de cette figure torturée par une vie de répression, et n’a pas vraiment saisi les nuances  d’un  personnage au bord du déséquilibre mental. Le metteur en scène avait  interdit à ses acteurs de voir  le film ,  de peur qu’il ne les influence.  Pourtant, Meryl Streeep  aurait pu  servir  de modèle à Mary Ellis qui est loin d’être une débutante, et regarder jouer les grands comédiens est toujours une expérience  stimulante, même quand  un  film  connait une surenchère médiatique.  Elle aurait pu sans doute ainsi mieux surveiller la tonalité et le rythmes de  sa voix souvent trop peu  modulée. 

    L’aueur de la pièce, John Patrick  Shanley vient  de New-York où  la technique de la  mémoire affective  détermine souvent  le jeu des acteurs mais , ici, Mary Ellis reste à la surface des choses.  Kris Joseph a lui, une belle présence  et sait  maintenir  l’ambigüité jusqu’à la fin mais son  rôle exige aussi beaucoup moins de subtilité… Nathalie Fraser-Purdy est aussi tout à fait remarquable.  La mise en scène, malgré tout, finit par nous séduire, dans la mesure où  Kelly  a su  traduire l’intelligence de la pièce.

Alvina Ruprecht

Gladstone Theatre à Ottawa.


Archive pour mars, 2009

LA FLÈCHE ET LE MOINEAU

LA FLÈCHE ET LE MOINEAU  Centre Pompidou

D’après Witold Gombrowicz, mise en scène Didier Galas, Ensemble Lidonnes
J’avais beaucoup apprécié à Calais en 1994, les frères Lidonnes, récital décapant de Didier Galas et Laurent Poitrenaux, puis Paroles horrifiques et dragées perlées d’après Rabelais, il y a deux ans dans cette même salle. Malgré un certaine virtuosité dans les déplacements dus sans doute à la présence du chorégraphe Sylvain Prunenec, les six comédiens s‘évertuent vainement dans le grand désordre de ces textes de Gombrowicz à déplacer des tables . Cette histoire de moineau pendu et de flèche découverte, n’a pas pour moi grand intérêt. Le public qui remplissait la salle, avait pourtant l’air d’apprécier.

Edith Rappoport

La Nuit de l’iguane

La Nuit de l’iguane de Tennessee  Williams, mise en scène de Georges Lavaudant.

Eh! oui … Encore Tennessee Willams:  Baby Doll en ce moment au Théâtre de l’Atelier, ( voir notre article récent ) et cette fois dans le théâtre dit public, La Nuit de l’Iguane à la MC 93 de Bobigny; ce n’est pas une des grandes pièces de l’auteur; écrite en 61, donc à la fin de sa vie, elle a été adaptée par Marcel Aymé et publiée en 72. il y aussi un film en noir et blanc (1964) de John Huston .. Mais  la pièce a été peu jouée en France.
  Cela se passe pendant la seconde guerre mondiale, en 1940, sur une plage du Mexique: Larry Shannon est un pasteur américain; la cinquantaine avancée, alcoolique, il a été suspendu pour fornication et blasphème,  et  a été obligé de se reconvertir en guide-accompagnateur de voyages organisés bas-de-gamme… Pendant le voyage en car, il n’a  rien perdu de ses habitudes et a fait l’amour une fois de plus  à une belle et séduisante nymphette qui voudrait l’épouser.

Mais Shannon est vite devenu le souffre-douleur d’une des touristes;  bigote, laide et frustrée,  visiblement homosexuelle, elle veut le traîner en justice, pour son immoralité et pour la médiocrité de  l’hôtel Costa Verde, assez délabré, et du voyage. Le Costa Verde est tenu par une belle jeune femme, Maxine à laquelle il n’est pas insensible  et réciproquement. Comme il commence à troubler  Hannah, une autre jeune femme qui erre en compagnie de Nono, son grand-père qui arrive dans cet hôtel en chaise roulante. Mais elle n’a pas un dollar en poche et essaye, pour gagner de quoi vivre, de vendre ses aquarelles ou de faire le portrait de  touristes de passage, comme ces Allemands fascistes qui passent des vacances au Mexique. Le grand-père, poète sans grand talent, essaye, lui, de dire quelques uns de ses poèmes en public , pour ramasser  quelques pièces …sans beaucoup plus de succès que sa petite fille.
 Bien entendu, Hannah sera vite  fascinée par cet homme déchiré entre ses pulsions sexuelles et une vocation spirituelle à laquelle il ne semble plus croire beaucoup. Séducteur tourmenté,   il voit bien, dans un éclair de lucidité, que le retour aux Etats-Unis devient pour lui chaque jour de plus en plus impossible. Mais,  en même temps, la vie au Mexique lui parait  loin d’être paradisiaque et, assez fauché, il doit vendre aux touristes qu’il accompagne des  pastilles  contre les « troubles digestifs », comme dit pudiquement Tennessee Williams. En fait, on s’en serait douté, le pasteur a  quelques sérieux  comptes à régler avec lui-même, surtout avec une enfance où sa mère lui a flanqué une bonne raclée quand elle a appris qu’il se masturbait.
  Les confidences échangées  dans la nuit entre Shanonn et  Hannah, dont le grand- père, déjà mal en point, vient de mourir,  sonnent  comme une sorte de renaissance possible pour ces deux esquintés de la vie: elle, dont les quelques  amours, si on l’en croit,  n’ont pas dû être fabuleux et,  lui, le grand séducteur  qui n’a jamais réussi à faire les bons choix et qui n’arrive pas à oublier son  passé de pasteur,  sans non plus très  bien voir  l’avenir…
 A la fin de la pièce, Shannon  coupe la  corde qui retient  un  petit iguane, comme pour se délivrer lui-même et  se faire pardonner ses errances en redonnant la liberté à cet animal promis à l’engraissement pour être ensuite mangé. Tennessee Williams , comme Shannon,règle lui aussi  ses comptes à la société puritaine de son époque où la sexualité  était encore sous la domination totale du christianisme. Quant à être homosexuel comme le fut Williams, on n’ose à peine imaginer les souffrances qu’il a dû subir… Mais en quoi, ces histoires peuvent-elles encore vraiment  nous concerner?
 Donc, Georges Lavaudant, à qui l’on doit de grandes et merveilleuses mises en scène, s’est emparé, Dieu sait pourquoi, de cette pièce mineure, assez bavarde et au scénario un peu mince, qui n’en finit pas de finir . Lavaudant a souvent parcouru le Mexique auquel il voue une véritable passion, et, comme s’il avait peut-être besoin d’assouvir une vieille obsession, il semble vouloir traduire sur scène  ce qu’il a ressenti en présence de l’océan et de la nature sauvage, dans un endroit perdu, où les passions humaines se dévoilent et où , dans la solitude, l’on est obligé de faire preuve de lucidité quant à sa propre vie. Mais cela  tient du syllogisme du genre: j’ai envie de parler du Mexique, comme Tennesse Williams a écrit une pièce qui a pour cadre le Mexique, donc je la mets en scène…
 . Et,  comme il y a de l’espace au Mexique, je la monte sur un grand plateau. Et pour que l’on sache bien que l’on y est, je demande à mon cher et fidèle Jean-Paul Vergier  de m’aligner une série de cactus géants au milieu de la scène. Quand le rideau se lève, comme dans le théâtre privé le public de professionnels hier soir a applaudi ; bravo, ce sont  sans aucun doute de beaux et majestueux  cactus mais… ils  gênent la circulation des comédiens qui jouent pratiquement toujours au centre  sur quelques mètres carrés…
 On dirait  que  Georges Lavaudant a travaillé contraint et forcé, et sa mise en scène a, disons,  du plomb dans l’aile … La pièce, quand même assez terne,  se traîne pendant deux heures interminables. Et  c’est quand même bizarre d’avoir dans sa distribution un jeune Mexicain comme Iannis Guerrero ( qui n’aurait sûrement pas demandé mieux que de l’aider),  et de faire dire à ses comédiens quelques mots avec un accent  espagnol aussi faux. Ne parlons pas de ces cinq touristes allemands qui traversent la scène en maillot de bain , marchant au pas et chantant plutôt bien- merci Ariane Pirié-dans  une grande bouée de canard, marquée du sigle nazi….au cas où, pauvres spectateurs  un peu débiles, nous n’aurions pas bien compris. Et cela voudrait sans doute être drôle mais ne  l’est pas du tout.
 Quant à la direction d’acteurs, elle flotte aussi: Tckeky Kario, par ailleurs , excellent acteur de cinéma, débite son texte au début comme s’il répétait dans un  coin de la scène, ou bien surjoue, comme s’il ne croyait pas vraiment  à son personnage ,et il faut souvent  faire un sérieux effort pour entendre ce qu’ Astrid Bas et lui peuvent bien se dire.  C’est assez grossier et méprisant pour le public! Que  Georges Lavaudant envoie son assistant Jean-Michel Vesperini en haut de la salle et  il  lui dira  de quoi il retourne.Un spectacle n’est pas fait seulement pour les premiers rangs, où se massaient  les huiles du Minsitère mais pour TOUS les spectateurs; c’est vrai que nous sommes un peu lâches et que si deux ou trois personnes avaient crié: « Plus fort, » Monsieur Tcheky Kario aurait peut-ête consenti à communiquer avec le public…Cela devient une manie dans le théâtre contemporain: soit les comédiens crient sans raison, soit ils parlent comme dans un micro…

  Seule, s’impose Dominique Reymond, ((Hannah) toujours aussi lumineuse et  que l’on entend, elle, très bien..et L’on a aussi du plaisir à retrouver Pierre Debauche dans ce personnage de vieux poète. Mais tout cela ne fait pas du tout, mais pas du tout une soirée! Et le public a chichement, et avec raison,  mesuré ses applaudissements.
 Alors, à voir? A la rigueur, si vous  voulez voir de très beaux cactus ,si vous habitez Bobigny près du théâtre et si  Patrick Sommier, le directeur de la MC 93,  vous invite;  sinon, ce n’est pas vraiment la peine de faire une demi- heure de métro.  Attendez plutôt le 26 mars à 20 h 30; comme le signale gentiment le programme, le  Magic Cinéma  à Bobigny ((tout près du métro) présente The Night of the Iguana de John Huston avec Ava Gardner et Richard Burton, ;  en plus,  c’est en v.o….. et ce n’est pas cher.

 

Philippe du Vignal

 

MC 93 de Bobigny jusqu’au 5 avril.

Le Garçon du dernier rang

 Le Garçon du dernier rang de Juan Mayorga, mis en scène de Jorge Lavelli.

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Juan Mayorga est sans doute l’auteur contemporain espagnol le plus connu (quelque trente pièces)  et Jorge Lavelli l’avait révélé avec Chemin du ciel  dans ce même théâtre de la Tempête. Le Garçon du dernier rang, c’est un lycéen qui préfère ne pas trop attirer l’attention sur lui et se placer au dernier rang, où l’on peut observer comment va le petit monde. Et son professeur de lettres quand il corrige ses rédactions s’aperçoit vite que le petit Claude est très doué pour analyser les relations curieuses au sein de deux familles, et bien sûr, il va en faire une sorte de feuilleton.  Germain, son professeur de lettres est marié avec Jeanne,  une  directrice de galerie qui veut se positionner comme on dit sur le marché de l’art le plus contemporain. Le petit Claude est curieux de tout et a une vraie sensibilité pour la littérature classique; son professeur , qu’il voit souvent ,est un peu usé par l’enseignement et  déçu par la faiblesse et le manque d’intérêt de ses  élèves pour la littérature,et il est  très admiratif envers  cet adolescent qu’il voit progresser très vite dans l’écriture.Claude a en effet vite perçu que l’écriture est un moyen d’acquérir une identité mais cette relation assez ambigüe ne va pas sans heurt ni difficultés. D’autant plus que le cher petit Claude se révèle être un redoutable manipulateur et qu’il n’hésitera pas à  essayer de séduire Jeanne. Mais elle est peut-être la seule qui ait  vraiment senti que cette passion de Claude pour l’écriture et l’analyse des sentiments n’allait pas sans risques  pour lui comme pour ses proches.

  Quant à l’autre famille, c’est celle de  son copain de classe qu’il va aider chez lui pour essayer de le faire progresser  en trigonométrie. Le père comme la mère sont plutôt des petits bourgeois: lui, est assoiffé de réussite au sein de son entreprise, et essaye de conquérir des marchés chinois, mais il échoue  et en sort meurtri . La mère , elle aussi, est ambitieuse et rêve d’une plus belle maison bien installée et décorée. Rapha, lui, est plutôt obsédé par les records sportifs. Claude se révélera alors comme un personnage incontournable, puisqu’il rend service . Mais il aussi une passion, celle de fouiller dans les tiroirs avec un certain cynisme pour aller dans des zones interdites et donc d’en savoir plus sur cette famille qui l’accueille volontiers.

   Redoutable manipulateur, il n’a aucun scrupule et ne  va pas tarder à séduire Esther, la mère de son ami Rapha. A la fois, en lui parlant , mais aussi en lui envoyant un poème. Il a bien conscience que la jeunesse et une certaine fragilité sont des atouts majeurs quand on cherche à attirer une femme. Encore adolescent, il a très vite compris que l’on peut, si on en a le courage et l’ambition, manipuler les autres , même s’ils appartiennent à un autre milieu social et surtout quand une femme n’a pas le même âge que lui.

Et, Claude en bon judoka de l’esprit mathématique,  habitué à se servir de ses faiblesses contre l’adversaire,  savoure ce genre de pratique. Il n’est pas vraiment voyeur, encore que..   Il a sans doute aussi un certain goût – sans en avoir bien conscience- pour les risques que comporte toute aventure sociale où les choses établies: amitiés, amours, réussite financière, ne durent jamais vraiment. Mais il y a parfois des surprises  qui l’attendent au tournant: écrire des mots n’est pas aussi innocent et on peut facilement se laisser emporter par un petit récit fictif qu’on s’amusait à écrire. C’est ainsi que l’on tombe amoureux d’une femme comme Jeanne pour laquelle il n’éprouvait guère d’intérêt, puisqu’elle était simplement la mère de son copain Rapha.

   Il l comprendra un peu tard que le petit jeu du pouvoir et de la séduction a ses limites , quand son professeur, à la fois admiratif mais excédé de le voir tourner autour de Jeanne,  mettra un point final à leur relation en lui envoyant une belle gifle. Mais l’humilié n’est pas celui que l’on croyait…Le professeur, déstabilisé,  a abandonné son rôle de grand initiateur:  zéro partout et la balle au centre.  Claude, à l’issue de cette histoire dont il est à la fois le créateur et le personnage central , aura peut-être acquis ses galons d’adulte.

  La grande trouvaille de Mayorga est d’avoir fait de cet adolescent à la  fois un personnage mais aussi une sorte de commentateur du propre récit qu’il est en train de vivre. Le fil conducteur est en fait l’écriture ,et la relation entre le professeur et son élève constitue la trame de cette pièce qui est aussi une sorte de roman d’apprentissage.Qui manipule qui ? Au début sans aucun doute possible, le professeur ,grâce à son expérience et à sa  grande culture . Mais , à la fin, quand ils regardent deux femmes, on s’aperçoit que le gamin , très sensible aux choses du quotidien, a un regard beaucoup plus acéré que son maître en littérature.
Cela nous rappelle une séance de travaux dirigés à la Sorbonne, où, sur un passage difficile des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, une jeune camarade de licence a osé dire à Jacques Seebacher, par ailleurs éminent spécialiste de Victor Hugo, récemment disparu qu’elle ne voyait pas les choses comme lui. Et relisant la phrase, ,il avait  simplement dit avec beaucoup d’humilité: « Exact, c’est vous qui avez raison »…
Cette mise à distance de la fiction fonctionne  avec beaucoup d’efficacité  dans le spectacle ; d’autant plus que Lavelli en a bien compris les mécanismes et signe ici une mise en scène de premier ordre. Tout est d’une précision exemplaire, et Lavelli sait parfaitement où il va quand il compose avec ses comédiens cette  quête existentielle où la  réalité,  parfois  glauque, n’est pas dénuée d’un certain humour. Il construit  avec beaucoup de savoir-faire la simultanéité des scènes- ce qui parait aller de soi mais n’est en rien facile- et établit de remarquables  passages  entre le  romanesque et le dramatique de pièce un peu longue qui aurait sans doute  gagnée à être  resserrée. Comme dit Edith Rappoport, toute pièce a toujours vingt minutes de trop…
Lavelli  a imaginé un espace vide où chaque personnage est situé en pleine lumière,à la fois banal et exceptionnel, sans aucun échappatoire et c’est d’une totale efficacité. Bien dirigés, les acteurs, en particulier le jeune Sylvain Levitte (Claude ) et Nathalie Lacroix  qui joue Esther, sont tous remarquables, même si Jorge Lavelli devrait veiller à ce qu’ils ne se mettent pas souvent  à crier sans raison. Le décor a quelque chose d’un peu triste avec ces grands miroirs pas vraiment utiles  ou cette photo projetée en fond de scène . A ces réserves près, c’est une belle réussite.
A voir ? Oui, si vous voulez découvrir un auteur  exigeant mais  encore peu joué en France; attention, ce type de pièce demande une attention soutenue mais il doit y avoir aussi une place dans le théâtre contemporain pour  ce type d’écriture où l’auteur invite le public à réfléchir et, en somme, à devenir co-auteur . En effet,  dit avec raison Lavelli, » le chemin dramaturgique n’est pas un jeu de piste balisé, certifié praticable. L’écriture de Mayorga , multiplie les points de vue,balaye toute certitude ».

 

Philippe du Vignal

L’ensemble du théâtre de Juan Mayorga est publié aux Solitaires Intempestifs.

 

Théâtre de la Tempête,  Cartoucherie de Vincennes, jusqu’au 12 avril.

Les fiancés de Loches

  Les fiancés de Loches de Georges Feydeau, mise en scène de Jean-Louis Martinelli.

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Sans  scrupule, nous replaçons ici le début de notre article sur La Puce à l’oreille du même Feydeau, mise en scène de Paul Golub,  paru dans le théâtre du blog de janvier, cela fera gagner du temps à tout le monde…

   On ne va  pas vous refaire toute la bio de  Georges Feydeau, bien qu’elle donne un sacré éclairage sur son théâtre ; né en 1862 , mort en 1921, il était le fils d’une belle polonaise Léocadie Boguslawa Zalewska et d’un  père qui aurait été soit Napoléon  III, soit son demi-frère le duc de Morny, lui- même fils présumé de Talleyrand. Marié,  il eut quatre enfants et divorça. Puis,  il vécut, seul, à 47 ans, au Grand Hôtel Terminus de Saint -Lazare ; atteint de syphilis sur la fin de sa vie , ce qui provoqua chez lui  de sérieux troubles psychiques, il se prenait pour Napoléon III et distribuait aux passants du boulevard  des postes ministériels. Finalement interné à Rueil-Malmaison, il disait avec humour de son compagnon de chambre : «  Regardez, il se prend pour le Président de la République », ce qui était malheureusement vrai du pauvre Paul Deschanel , tombé d’un train… et lui aussi ,assez mal en point. Bref, malgré une œuvre théâtrale  d’une haute intelligence, une vie sans doute difficile, marquée par la recherche d’un père introuvable. »

   Les Fiancés de Loches, écrit en collaboration avec un certain Desvallières, a été créée en 88; Feydeau avait seulement  26 ans  et il y a déjà en prémice plusieurs des thèmes qui feront la renommée de ses pièces plus connues comme La Puce à l’oreille,La main passe ou Occupe- toi d’Amélie: des situations imprévues donc comiques, en général ,l’arrivée de quelqu’un à un endroit  et/ ou à un moment qui peuvent entraîner une catastrophe, mais surtout la plongée subite de personnages dans un milieu où ils n’ont plus aucun repère, ce qui entraîne , bien entendu, quiproquos en rafales , calembours, jeux sur les mots et délires verbaux qui , 70 ans avant,  préfigurent parfois Ionesco..

Ce n’est pas encore du grand Feydeau mais il y a nombre de  répliques étonnantes , comme ce syllogisme apparemment comique  qui  va beaucoup plus loin  qu’un mot d’autreur à la Guitry et qui fait froid dans le dos:  » Quand une femme parle, c’est pour ne rien dire, donc quand elle ne dit rien, c’est qu’elle parle ». Lucidité dans la folie, folie dans la lucidité: c’est déjà tout Feydeau… Et il y a  déjà cette confrontation entre deux mondes ,  que l’on retrouve dans ses autres pièces, celui  des gens considérés par la société comme « normaux  » et d’autres que l’on a vite fait de qualifier de mentalement diminués, alors que les premiers  souvent atteints d’une grave parano , d’hystérie ou d’obsession permanente.

Il y a déjà aussi dans Les fiancés de Loches, un des thèmes récurrents chez Feydeau, c’est  la grande coupure que la société opère entre l’univers des domestiques et celui de leurs employeurs. Mais ils  ont tous en commun de n’être plus  vraiment maîtres de leur destinée, et ce sont, mariés ou non,  des êtres profondément seuls, comme a dû l’être l’auteur.

Si l’intrigue est compliquée, l’histoire est assez simple: deux frères, droguistes à Loches et leur soeur Laure, sur la foi d’une publicité de journal, viennent de leur petite ville près de Tours qui, à l’époque ne devait guère dépasser les 3.000 habitants, pour essayer de trouver l’âme soeur auprès d’une agence matrimoniale:  » Nous aurions bien pu trouver à Loches ,regrette Laure ,mais  Alfred réplique: « Mais nous en sommes déjà tous les trois, c’est assez de Lochards dans la famille et il ajoute:  » Cela appauvrit le sang »….

  Arrivés à la bonne adresse, ils  se trompent d’étage et arrivent dans un bureau de placement dont le directeur les case comme employés de maison  dans un centre d’hydrothérapie pour malades mentaux que préside le docteur Saint-Galmier . A  la suite d’une confusion, le bon docteur qui ressemble comme deux gouttes d’eau à un riche directeur de clinique privée,  les trouve bien dérangés et les interne d’office dans son établissement. Alors que les deux frères et soeur  croient être dans une mairie pour leur mariage!  Mais tout finira bien et les trois Lochois , désillusionnés, retrouveront leur chère Loches qu’ils n’auraient jamais dû quitter.

La pièce possède curieusement beaucoup  de vocabulaire très daté mais Jean-Louis Martinelli a choisi de ne pas toucher au texte. Mais alors pourquoi avoir situé le bureau de placement dans une sorte de Pôle-Emploi avec chaises en plastique, grands panneaux lumineux, etc.. Quant à l’appartement contemporain  du bon docteur Saint-Galmier , il est très bling bling avec parois de carreaux de verre, grande table basse avec fontaine, et le fameux centre d’hydrothérapie est tout aussi actuel avec des baignoires qui font penser davantage à des jaccuzi. Cela est peu cohérent et manque d’une unité artistique.

Et mieux vaut aussi  oublier les costumes sans aucune unité qui vont du très sobre à quelque chose qui se voudrait délirant mais qui reste facile et vulgaire.( voir photo des trois Lochois) Avec donc, à chaque fois, une modification du décor très construit et sans doute  cher. Et l’on n’échappe pas à une vidéo où les trois Lochois se baladent dans les jardins du Trocadéro et montent sur un manège… le temps de changer le décor.Tout cela ne vaut pas le coup de cidre!

La mise en scène de Martinelli manque singulièrement de rythme surtout au début, ce qui est plutôt gênant pour Feydeau et il est douteux que cela puisse maintenant  changer . D’autant qu’il aurait fallu sans doute réduire ce grand plateau qui ne convient pas du tout à  la pièce. Cela dit, comme la direction d’acteurs est très précise  et la distribution  de  grande qualité, la pièce fonctionne quand même et le public ne plaignait pas ses rires. Abbès Zahmani (le docteur Saint-Galmier) est remarquable; tour à tour, roublard, menteur, habile, séducteur, inquiétant, ridicule mais égoïste et cynique, donneur de leçons et méprisant: le personnage n’est pas si facile à jouer et Zahmani s’en s’en tire magnifiquement. Zakarya Gouram , Sophie Rodrigues et , en particulier , Mounir Margoum,  endossent les personnages des trois  naïfs Lochois avec beaucoup d’intelligence de la pièce. Et il en faut, puisqu’elle est construite un peu articificiellement sur  un quiproquo de départ, auquel il faut adhérer tout au long de la pièce comme à une sorte de convention.

Et puis, Martinelli a eu une belle idée en faisant  appel à des personnes atteints de troubles psychiques du Centre d’accueil et de soins hospitaliers de Nanterre pour jouer les figurants. Le pari était risqué mais  ils s’en sortent magnifiquement : il ya notamment  un homme et une femme plus tout jeunes, qui chantent un peu faux mais avec une vraie sensibilité Les feuilles mortes de Prévert et Kosma pendant un changement de décor.. Le public leur a fait à tous , une ovation bien méritée…

A voir? Malgré ces quelques réserves, on passe une assez bonne soirée et ce n’est pas tous les jours, comme le répète souvent  du Vignal, que l’on rit dans le théâtre public.

Philippe du Vignal

Théâtre Nanterre-Amandiers, jusqu’au 11 avril .

KNUT

 

KNUT  Sentier des Halles 

De Fred Tousch, le nom du rire

 

En guise de présentation du spectacle « Knüt est un engagement personnel sur le plan politique, moral, juridique et militaire. Le spectateur est projeté dans un tourbillon iconoclaste et surréaliste ». Fred Tousch est un étrange géant qui me fait mourir de rire quand il fait exprès de tomber de sa chaise pour me dérider. Je l’avais beaucoup apprécié dans Looking for Mister Castang, improbable spectacle d’Edouard  Baer à la Cigale. Il arrive avec une coiffe d’Indien emplumée, se propose d’être le fluidifiant qui permettra à 57% de ses propos d’être compris par le public présent (ce qui est énorme). En farfadet farceur, comme il se désigne lui-même, qui « préfère le doute et la persévérance aux oripeaux de l’apparence » il déploie un arsenal de quolibets et de diatribes, des chroniques pamphlétaires. Son extraordinaire présence insolite lui permet de faire passer n’importe quelle divagation, comme ce stage où il distribue de faux prénoms aux spectateurs montés sur le plateau, qui se termine dans une imaginaire partouze. Au pays du non sens, Fred Tousch se demande si tout cela  sert à quelque chose. En fait, c’est l’homme le plus sérieux du monde. Il est célèbre dans le théâtre de rue, où je ne l’ai pas encore vu.

Edith Rappoport

 

 

FOLIES COLONIALES

FOLIES COLONIALES  Grande Halle de la Villette
Conception et mise en scène de Dominique Lurcel, collaboration artistique Françoise Thyrion

Plus que jamais, les passeurs de mémoire méritent leur beau nom. Dominique Lurcel a longtemps médité sur ce projet né de la lecture du livre de son grand-père René Weiss, sur le centenaire de l’Algérie en 1930. Dix comédiens brossent une revue sur les « bienfaits » du colonialisme entièrement tirée de textes publiés à l’époque, tournant essentiellement autour des fêtes franco-françaises de ce centenaire. Autour d’un joli cadre de scène monté sur un plateau tournant et d’une table où se pressent les Français pour l’invraisemblable et pourtant authentique discours du Président de l’époque Gaston Doumergue, la compagnie décline avec une joie appliquée, chansons et slogans d’où sont totalement exclus les « indigènes » qu’on a dépossédés de leurs terres et de leur langue. Malgré quelques longueurs, le texte gagnerait à être élagué car il est  un peu surchargé de répétitions, ces Folies coloniales méritent un très large public.

Edith Rappoport

Koltès La rhétorique vive par André Job

Note de lecture

Koltès
La rhétorique vive
par André Job

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André Job concentre son étude de la sophistique revisitée dans l’écriture de Bernard Marie Koltès sur sa pièce culte Dans la solitude des champs de coton relevant sa place singulière dans l’œuvre de l’écrivain qu’elle surplombe tout en étant dans et à part. Une écriture en quête de sa propre forme qui crée sa propre origine et résiste à toute tentative d’appropriation. « Koltès nous a mis entre les mains une littérature que nous ne savons pas encore jouer » avait dit François Chatôt. Patrice Chéreau a été le premier à s’y affronter et à expérimenter les énigmes de l’écriture koltèsienne.Dans Dans la solitude des champs de coton il s’agit en effet d’une œuvre d’expérimentation d’une nouvelle forme de traitement de la problématique du lien social, du désir, du rapport social sur le mode de l’échange, de la transaction, qui met en jeu un changement de point de vue.La démarche de Koltès : alliance des procédés du discours empruntés au marché et d’une rhétorique érotisée, relève en effet de l’actuelle manipulation des valeurs.En croisant les approches multiples : anthropologique, philosophique, psychanalytique et sociologique, André Job s’attache à interroger le sens et la portée du retour de Koltès, dans cette pièce, sur le modèle antique de la sophistique qu’il réinscrit dans la modernité pour en tester l’efficacité tragique. Établissant des passerelles et des points de contact avec d’autres œuvres de Koltès, y compris romanesques, qui portent également des marques de l’expérimentation du changement de point de vue, de l’alternance de deux narrateurs, André Job repère quelques lignes de l’évolution de la recherche koltèsienne d’une forme intellectualisée, sophistiquée, d’échange, souvent sur le mode du dialogue, dont les protagonistes communiquent dans un constant effet de décalage.
Il analyse la sophistique revisitée par Koltès en décryptant les divers aspects de la relation vendeur – acheteur, dealer – client : dispositif textuel, scansions temporelles, possibilités des positions des protagonistes dans l’espace, en nourrissant largement son analyse de références aux modèles et à la pensée des anciens et des modernes : philosophie et tragédie grecques (Aristote, Protagoras…), lecture de l’inconscient de Lacan, réflexion de Baudrillard sur l’échange symbolique, virtuel et concret, point de vue de la philosophie politique d’Anna Arendt.
En concluant sur l’ambiguïté de la rhétorique, sociale ou rituelle ? mise en œuvre par Koltès, André Job met en évidence l’actualité de Koltès aujourd’hui où la rhétorique politique risque de perdre sa propre légitimité face à la rhétorique de masses s’imposant sur la scène sociale.
Une exégèse extrêmement complexe, documentée, de la sophistique revisitée et renouvelée chez Koltès. Fondé sur une connaissance solide de l’œuvre de Koltès, recourant à un dispositif référentiel et à un vocabulaire savant, spécifique, parfois hermétique, cet ouvrage risque cependant d’être peu accessible aux lecteurs non-initiés.

Irène Sadowska Guillon

Koltès
La rhétorique vive
par André Job
Éditions Hermann
Collection « Savoir lettres » fondée par Michel Foucault,
Paris 2008, 135 pages, 25 €

Le Collier d’Hélène

image1.jpgLe Collier d’Hélène de Carole Fréchette , mise en scène de Nabil el Azan.

La pièce a été écrite par Carole Fréchette après un séjour au Liban il y a presque dix ans. Créée en 2002 puis jouée  au Théâtre du Rond-Point l’année suivante.
Elle vient d’être reprise à la suite d’une résidence de création au Théâtre national de Palestine à Jérusalem, en collaboration avec la compagnie La Barraca.
Argument des plus simples: une jeune femme européenne, au Liban, pour un congrès mais est restée un peu plus longtemps.
Elle s’aperçoit alors qu’elle a perdu un petit collier de perles en  plastique sans aucune valeur qu’elle va tenter, sans l’ombre d’un espoir,  de retrouver dans une sorte de quête personnelle. Elle va parcourir  une ville à la fois dévastée et en reconstruction, et qu’elle ne connaît évidemment pas. Aucun souvenir, aucun indice pour l’aider, bien sûr à retrouver ce collier.
Elle  va rencontrer quelques figures emblématiques de cette ville; d’abord Nabil, un jeune et beau chauffeur de taxi qui lui sert de guide, à la fois patient et attentif à sa demande qu’il juge sans doute irréaliste  Sans doute Carole  Fréchette a dû être frappée par  la beauté des paysages maritimes mais aussi, tout proches par des quartiers entiers aux maisons dévastées. Le Liban, Gaza… Bref, nous avons tous vu ces immeubles éventrés, ces rues couvertes de voitures calcinées, où des gamins continuent quand même à jouer.
La guerre, toujours la guerre, puis le temps de l’après-guerre vécu comme une fatalité parce qu’il faut bien continuer à vivre. Hélène rencontre ensuite un contremaître quelque peu démoralisé, puis un  jeune femme au bout du désespoir qui n’arrive pas à admettre qu’elle a perdu son petit garçon, victime d’une bombe. Cette jeune femme  souffre cruellement de cette perte , sans  commune mesure, bien entendu, avec celle de ce pauvre petit collier.
Mais le sentiment de la perte est universel et Hélène se sent plus vite proche de cette jeune femme arabe dont elle ne connaît même pas la langue… qui, elle, est à la recherche d’une petite balle rouge appartenant à ce petit garçon.
Hélène va aussi trouver sur ses pas, après encore un parcours en taxi, toujours cornaquée par le beau Nabil, un réfugié qui lui redit dans une souffrance sans fin qu »on ne peut plus vivre comme çà et qui lui fait promettre de dire là-bas dan son pays où il n’ira probablement jamais:  » Dans les soirées, avec vos amies, quand vous buvez du vin, quand vous regardez par la fenêtre la ville toute blanche, si paisible et si bien ordonnée, dite-le, même si personne ne comprend, même si vous n’êtes plus certaine de savoir d’où vient cette phrase, parce que ça fait longtemps et c’est si loin, à l’autre bout de la terre. Dites-le. » Elle  rencontrera enfin un petit revendeur à la sauvette de n’importe quoi, qui veut lui refiler un collier pour remplacer celui qu’elle recherche avec tant de passion inutile. »

La pièce  de Carole Fréchette est écrite dans une langue à la fois simple et poétique, bien servie par la mise en scène et l’intelligente direction d’acteurs de Nabil el  Azan qui donne les choses à voir avec beaucoup de sobriété et de précision. La scène est vide , juste délimitée par des châssis pivotants. Les comédiens jouent, pour Mireille Roussel en français, et pour Hussan Abu Eiseh, Mahmoud Awad, Saled Bakri, Reen Talhami et Daoud Totah en arabe. Leur jeu est précis, calme et toujours juste et ils ont tous une présence étonnante.

Et il n’y aucune difficulté de compréhension, puisque la traduction  s’affiche en arabe, en anglais, et  français. Saluons la performance de Mireille Roussel, en scène du début jusqu’à la fin. Nous l’avions vu récemment chez Ludovic Lagarde  puis  chez Céline Pauthe dans S’agite et se pavane  mais elle est  ici exceptionnelle et possède  une force intérieure et une présence remarquables. A voir, oui sans aucun doute surtout  si vous aimez Carole Fréchette.
C’est l’occasion, même s’il y a peu de représentations; Ivry n’est pas toujours facile d’accès et le théâtre des Quartiers d’Ivry est à sept minutes du métro et quand on aime, on ne compte pas… Le Collier d’Hélène est d’une autre dimension et d’une autre saveur que cette Petite Pièce en haut de l’escalier de cette même autrice, récemment jouée au Théâtre du Rond-Point à Paris (voir Le Théâtre du blog ).

Philippe  du Vignal

Théâtre des Quartiers d’Ivry, rue Danièle Casanova, Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne);  jusqu’au 14 mars. et les  17 et le 18 mars, salle Max Jacob, Bobigny ( Seine-Saint-Denis).

Wakan Tanaka

Wakan Tanaka, d’après des contes amérindiens, ou Flecha et les chiens esprits, mise en  scène de Gilles Cuche.

flechasurchienesprit.jpg  La culture amérindienne est, comme on le sait orale, et les contes et légendes se sont transmis de génération en génération depuis dess siècles, avec comme thème essentiel, un respect inconditionnel pour la Terre nourricière.  » Les Anciens disaient que viendrait une époque difficile où les inventions et la vie moderne détruiraient l’air et les océans et brûleraient la Terre ». Pas mal vu bien avant Tchernobyl, etc..
Gilles Cuche a conçu une aire de jeu  ronde qui , plus tard, sera recouverte de sable et  les 150 enfants sont assis tout autour. Wakan Tanaka, reprend une de ces anciennes légendes,  où un petit garçon  incarné ici  par une marionnette ,pour aider ses grands- parents adoptifs qu’il voit vieillir,  part pour un long voyage qui prend la forme d’une quête initiatique, chercher un beau cheval esprit. Le vieillard du lac qui le reçois, masqué et couvert de lianes comme la marionnette du cheval et petit enfant sont d’une très belle qualité poétique. .

 Il y a trois conteurs musiciens (Herman Bonet, Bernard Cheze, Karine Tripier) qui vont donner vie à ce petit garçon et à son cheval de façon magique; ils passent de  la flûte, des percussions à  la voix parlée ou  chantée, avec aisance et efficacité. Pas d’effets inutiles de lumière ou de son: tout se déroule simplement, dans un calme et une paix propices à l’écoute d’un conte. Les percussions sont faite avec des calebasses, morceau de bois ou colliers de coquillages. Et les enfants sont subjugués par cette histoire simple mais qui dit aussi beaucoup de choses: immense respect pour la nature et la culture des produits indispensables à la vie,nécessaire  transmission des valeurs fondamentales aux enfants, solidarité absolue avec ceux qui devenus âgés, après avoir  donné toutes leurs forces  au bien- être de leurs proches: tout est dit ,avec une place importante consacrée à la musique jouée et chantée.
 Au chapitre des petites réserves: les percussions sur les calebasses couvrent un peu la voix du conteur musicien, l’espèce d’encens fumigène est inutile et fait tousser les enfants; quant aux  panneaux de lames de bois tressé qui encerclent l’espace circulaire, il est fort douteux qu’ils aient été traités avec des produits bio. Le respect de la nature et des être humains  commence aussi par là ; mille regrets, mais ce n’est pas la peine que les enfants respirent ces saloperies, même à toute petite dose pendant  l’heure que dure le spectacle. Allez , un effort, Gilles Cuche, demandez à votre scénographe de vous trouver autre chose…
 A part cela, à voir sans restriction; à partir de six/ sept ans.

Philippe du Vignal

Vaux-le-Penil le 13 et 14 mars; Vert-le-Petit le 31 mars; Marolles -en -Hurepoix les 28 et 29 mai et Boussy Saint Antoine le 13 juin. La compagnie de l’Atelier de l’Orage aussi , à son répertoire, d’autres spectacles pour enfants récents que nous n’avons pas encore pu voir.

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