Théâtre Firmin Gémier d’Antony Mise en scène de Gilles Cuche, avec Bernard Chèze, Karin Tripier et Hernàn Bonet, compagnie Atelier de l’Orage
L’Atelier de l’Orage qui travaille depuis une dizaine d’années en milieu rural en Essonne a réalisé un joli spectacle pour enfants d’après des contes et légendes amérindiens. Nous sommes assis autour d’un espace circulaire encerclé de palissades de jardin, les 3 comédiens racontent la naissance d’un univers ou Fletcha petit garçon sourd d’abord rejeté par sa tribu, est recueilli par un vieux couple qui l’adopte. Ses grands parents ne pouvant plus suivre la tribu, il part dans une longue quête à la recherche des « chiens esprits » qui pourront porter les lourdes charges nécessaires à leur survie. Il trouvera enfin le cheval qui leur apportera le salut. Avec des accessoires simples et beaux, des morceaux de bois, des bouts de tissu, une marionnette, un costume, sur des rythmes du musicien Bernard Chèze et ses étranges instruments, des mélopées indiennes chantées par Karin Tripier, ce Wakan Tanka enthousiasme les petits enfants qui saluent l’avènement du cheval tournant autour de la piste. En exergue du spectacle une prophétie iroquoise à méditer « les anciens disaient que viendrait une époque difficile où les inventions de la vie moderne détruiraient l’air et les océans et brûleraient la terre. Ils disaient qu’alors, la voix des Indiens surgirait et qu’enfin, le monde l’écouterait »
Posté dans 6 mars, 2009 dans critique. Commentaires fermés
Bones par Michael Batz (Compagnie Yorick) au Théâtre 95 (Cergy-Pontoise)
Aller voir une pièce montée par Michael Batz, c’est anticiper un moment dense où, les deux pieds ancrés dans le social, et l’on s’attend toujours à se faire conter une histoire révélant un pan de notre humanité; là où elle atteint ses limites, et aussi là où elle se fait la plus criante.
Résolument signée, à la manière d’un Ken Loach (la comparaison saute vite aux yeux), cette pièce parvient à nous embarquer dans une histoire où la possibilité d’une réconciliation entre Blancs et Noirs d’ Afrique du Sud interroge, tant les silences sont lourds, et masquent une mémoire consumée par les exactions commises. L’histoire met en scène deux femmes opposées en tout point : l’une est blanche, l’autre noire; l’une est âgée l’autre jeune; l’une est riche, l’autre pauvre, l’une tente d’oublier, quand l’autre attend son heure pour lui montrer ses fautes…
Deux parcours de vies écorchées dans un huis clos bien rythmé qui offre une occasion de libérer les paroles, progressivement portées par des musiques sobres et une magnifique création lumière.
On l’aura compris, la trame est un prétexte qui permet de mettre en lumière des questions fondamentales:le pardon, la mémoire, la réconciliation…, tout en évitant la tiède opposition et la prise de position facile.
Le texte montre des faiblesses ( quelques dialogues inutiles, la suggestion suffisait), le jeu n’est pas toujours complètement tenu (parfois, les voix dérapent et certains déplacements sont hésitants). Malgré tout, ce travail est une réussite dont il ne faut pas se priver.
Par Jérôme Robert
Théâtre 95, du 3 au 6 mars à 21 heures.
De Sean O’Casey, texte français et mise en scène de Irène Bonnaud, scénographie de Claire Le Gal, production déléguée de Théâtre Dijon-Bourgogne
Irène Bonnaud dont j’avais vu Music-Hall 56 de John Osborne à Montreuil et Lenz de Bûchner au Studio théâtre de Vitry, continue d’explorer un vrai théâtre politique, « qui appuie là où ça fait mal, les contradictions d’une politique qui avance sur des cadavres et s’allie aux pires valeurs réactionnaires, le nationalisme et le fanatisme religieux ». La charrue et les étoiles, c’est le nom d’un pub où se retrouvent les militants de l’IRA pendant l’insurrection de Pâques 1916.
Jack a quitté sa jeune femme Nora qu’il vient d’épouser, pour aller participer à un meeting qui dégénère. Elle le cherche vainement dans les rues de Dublin, finit par rentrer dans son immeuble où la vieille Bessie qui a perdu son fils dans les rangs de l’armée britannique, clame sa haine rageuse de la lutte pour l’indépendance des Irlandais. Tout le monde se retrouve au pub pour écluser des whiskies, et l’on voit la vie de l’immeuble où Madame Gogan, la concierge, tente de mettre de l’ordre et de calmer les affrontements violents des locataires.
Nora enceinte, retrouvera son Jack qui la quittera à nouveau pour finir dans les combats, elle perdra son enfant, et au bord de la folie, sera prise en charge par la vieille Bessie et mourra, victime d’une balle perdue. Ce spectacle un peu mélodramatique et sentimental, met en scène une belle équipe d’acteurs où Bernard Escalon campe notamment un barman irlandais plus vrai que nature, Martine Schambacher une Bessie étincelante , et Edmond Vuillioud, un généreux Fluther à l’écart de la lutte.
De Bertolt Brecht, mise en scène Frédéric Fachena, Collectif 12
Le Collectif 12 travaille depuis dix ans à Mantes la Jolie, ils animent nombre d’ateliers et ont réalisé plusieurs spectacles à partir d ‘un lieu vivant ouvert sur l’international aménagé dans une ancienne fabrique entre Mantes et Mantes la jolie fondé par Catherine Boskowitz et 11 autre artistes. Celle-ci a quitté le groupe il y a un an, Frédéric Fachena a pris le relais, il s’est lancé depuis plusieurs mois dans la réalisation de cet Opéra de quat’sous avec la complicité de l’École nationale de musique sous la direction de Jean-Christophe André. Ils sont 22 comédiens sur le plateau, 9 comédiens professionnels accompagnés par un chœur d’amateurs issu de leur ateliers, accompagnés par 9 musiciens qui nous offrent un vrai régal. La modernité étonnante de cette œuvre écrite au lendemain de la crise de 1929, m’a fait croire à une adaptation, quand j’ai entendu « il vaut mieux être banquier que bandit » dans le final au moment de l’exécution annulée de Mackie le surineur. Peachum qui fait fortune sur une entreprise de faux mendiants veut se venger de Mackie qui vient d’épouser sa fille Polly. En dépit de l’amitié d’enfance qui lie le bandit Mackie à Tiger Brown le chef de la police, le bandit se fera surprendre au bordel où il est allé retrouver Jenny des lupanars qui le dénoncera. L’exécution n’aura pas lieu et Mackie triomphera. Malgré des flottements et quelques imperfections en cette matinée de première, cet Opéra de quat’sous qui impose de véritables acteurs chanteurs complets, la partition de Kurt Weill est respectée et chantée avec une vraie maîtrise, s’avère un spectacle généreux de premier ordre.
Edith Rappoport
Prochaines représentations 6, 7, 13, 14 mars à 20 h 30, 15 mars à 16 h à l’École nationale de musique de Mantes, 21 mars au théâtre de Saint Germain en laye
La dernière fois que j’ai vu Tadeusz Kantor, c’était à l’automne 99 où j’étais allé à Toulouse faire une conférence sur son travail.Il y répétait son dernier spectacle au Théâtre Garonne , qu’il devait créer quelques mois après ; il ne paraissait pas ses soixante quinze ans; très actif , attentif au moindre détail , il avait des journées interminables mais son visage trahissait souvent une inquiétante anxiété, et il m’avait dit plusieurs fois qu’il se sentait très fatigué.
Je ne l’ai jamais revu, et Aujourd’hui, c’est mon anniversaire fut créé sans lui à Cracovie où il est mort subitement en décembre 99 mais j’ai mis longtemps, très longtemps à croire qu’il pouvait être mort; nous nous voyons en effet régulièrement deux à trois fois par an depuis 1971, quand il avait créé La poule d’eau à Nancy puis à Malakoff. Nous nous rencontrions l’occasion d’une création, d’une reprise ou d’un colloque à Paris, ou à Barcelone ou Milan… ; à l’époque, il était encore peu connu et je me souviens d’une représentation des Mignons et des Guenons au Théâtre national de Chaillot où nombre de chaises étaient vides, et où certains spectateurs n’hésitaient pas à quitter la salle avant la fin…Ses comédiens venaient en car par économie et logeaient chez des parents ou amis polonais…
Je me souviens de son immense culture et de son impeccable français; je me souviens des longs entretiens qu’il m’accordait avec générosité pour l’Art Vivant, pour Art-press ou pour d’autres magazines ou quotidiens; je me souviens de son épouse Maria Stangret; je me souviens de tous ses comédiens, en particulier, les deux jumeaux Waclaw et Leslaw Janicki, la comtesse ,comme l’appelait Tadeusz , Maria Krasicka; le vieux surveillant de La Classe morte , Kasimierz Mikulski, Lech Stangret, le neveu de Maria, Anna Halczak qui fut un temps la compagne de Kantor, Myra Rycklicka…
Beaucoup l’ont depuis rejoint au royaume des morts. Je me souviens de ses colères mémorables, oubliée une demi heure après ;je me souviens aussi des cadeaux qu’il m’a faits et que je garde précieusement dont plusieurs dessins.
Je me souviens surtout qu’à chaque fois que j’ai parlé de son œuvre théâtrale et plastique- et la dernière fois c’était à l’Institut polonais,-il y avait toujours beaucoup d’émotion , alors que personne dans la salle ne l’avait rencontré… Chacune des promotions de L’Ecole du Théâtre National a eu, bien sûr, droit à quelques conférences, ce qui était frappant, lorsque je projetais La Classe morte, je ne donnais la date ( 1975),pas plus que celle du fameux 1789 du Théâtre du Soleil, ( 1970), et jamais les élèves n’avaient envie de la demander comme si ce spectacle datait d’hier, alors qu’il avait déjà au minimum déjà quinze ans.. Je commençais aussi toujours par rappeler qu’il avait fait partie du jury de recrutement de la première promotion, et comme il avait dû partir avant la fin, il m’avait laissé la liste des quelques candidats qu’il voulait absolument voir retenus, et je dois dire qu’il ne s’était pas trompé. Kantor, longtemps après sa mort , m’a aidé et m’aide encore à vivre,et je suis vraiment content que Michaël Filller, élève de la dernière promotion de l’Ecole et son ami, Alexandre Moisescot, comédien et réalisateur, aient pu réaliser un projet qui leur tenait à cœur.
N’hésitez pas à y aller: ce n’est pas tous les jours que vous pourrez faire connaissance avec une œuvre théâtrale d’une telle importance qui continue encore d’influencer nombre de créateurs.
Philippe du Vignal
A LA MEMOIRE DE TADEUSZ KANTOR rétrospective dédiée à Tadeusz Kantor et au Cricot 2
du 24 au 27 mars 2009 aux Caves Esclangon (Paris) organisée par la Compagnie Gérard Gérard
Nous avions cinq et six ans quand Tadeusz Kantor est mort. Nous n’avons jamais assisté à un spectacle du Cricot 2. Nous ne sommes pas professeurs, pas chercheurs, encore moins savants, experts ou journalistes. Si notre discours semble décousu, brouillé, sachez que c’est peut être notre intention, mais ce n’est en rien pour vous fâcher. Jacquie Bablet et Patrick Penot viendront nous aider à prendre la parole, Caroline Rose à nous souvenir en mots et en images, des films aussi, et quelques interviews, des traces de notre voyage. Pour vous accueillir, nous avons choisi deux longues caves. Avec quelques ampoules au plafond.
La rétrospective que nous organisons a pour but de retranscrire cette quête d’un théâtre disparu de la manière dont nous l’avons vécue, de reconstituer le voyage que Kantor nous a permis de réaliser, un voyage dans le temps, à travers des gens, dans une Pologne qui s’efface aujourd’hui peu à peu. C’est pourquoi, nous avons voulu placer cette rétrospective sous le signe de l’évocation, du partage des mémoires, de l’échange et essayer de faire vivre le souvenir de représentations éphémères. Et dans ce fouillis de souvenirs, dans ce hasard de rencontres, dans ces contradictions de paroles et ce décalage de regards, peut-être parviendrons-nous à toucher un instant ce qu’a été le théâtre impossible de Tadeusz Kantor.
Alexandre Moisescot et Michaël Filler
Cie Gérard Gérard
Une rétrospective
La Compagnie Gérard Gérard propose de cheminer dans l’œuvre foisonnante de Tadeusz Kantor en abordant progressivement l’univers de l’artiste à travers la projection de captations des spectacles, des reportages, des enregistrements de happenings, la présence d’invités, des témoignages vivants ou filmés, un concert et une exposition de photographies. L’accent est mis sur l’œuvre théâtrale de Tadeusz Kantor.
En plus des séances publiques, chaque film peut être diffusé sur demande dans la seconde cave Esclangon, conjointe, qui sert d’espace d’exposition et de consultation libre. C’est là que se tiendra l’exposition des photographies de Caroline Rose.
L’intégralité de la manifestation est gratuite et est prioritairement destinée aux étudiants. Les places sont limitées, s’inscrire est fortement recommandé.
Les intervenants
Jacquie Bablet, photographe et réalisatrice (CNRS)
Patrick Penot, directeur du Théâtre des Célestins (Lyon)
Caroline Rose, photographe
le groupe Yankele
Le programme
Au fil de ces séances, nous projetterons les témoignages de B.Renczynski, M.Vayssière, J.J.Lerrant, M.Bataillon, J.P Leonardini, A.Crombecque, J.M.Boeglin, G.Delahaye, W.Znorko, N.Zarzecka, Ph.Du Vignal et A.Ptaszkowska, que nous avons filmés lors du colloque organisé par le Théâtre des Célestins à Lyon en 2006.
MARDI 24 MARS
10h Tadeusz Kantor, parcours d’un artiste total
invité : Patrick Penot, directeur du Théâtre des Célestins (Lyon)
14h « Le Théâtre de Tadeusz Kantor » (1988), 1ère partie
Documentaire de Denis et Jacquie Bablet
16h « La Classe Morte » (1975) : présentation d’une séance dramatique
18h Un cricotage : « Où sont les Neiges d’Antan » (1979)
20h Caroline Rose : confidences de théâtre
MERCREDI 25 MARS
10h Happenings, Deménagements et Emballages
11h “Kantor est là” de Dietrich Mahlow (1969)
14h « Le Théâtre de Tadeusz Kantor » (1988), 2ème partie
15h “Wielopole Wielopole” (1985)
21h Soirée concert avec le goupe klezmer Yankele
JEUDI 26 MARS
10h “Kantor” de Andrzej Sapija (1985)
11h “Qu’ils crèvent les artistes !” (1987)
15h “Je ne reviendrai jamais” (1989)
17h “Kantor en répétition : un portrait” (1984-2006) »
19h Le spectacle « Je ne reviendrai jamais » et son évolution
séance exceptionnelle présentée par Jacquie Bablet
VENDREDI 27 MARS
10h Carte blanche à la Cie Gérard Gérard
14h Entretiens avec Tadeusz Kantor” de Denis Bablet (1977)
16h “Des répétitions, rien que des répétitions” (1990)
18h « Aujourd’hui, c’est mon anniversaire » (1991)
20h Soirée polonaise
infos pratiques
RETROSPECTIVE GRATUITE
destinée prioritairement aux étudiants
ouvert de 10h à 20h sauf pour le concert de Yankele et la soirée polonaise (jusqu’à 23h)
CAVES ESCLANGON
Campus de Jussieu
Bâtiment Esclangon, derrière la Tour 66
en sous-sol (prendre l’escalier à droite dans le hall)
2 place Jussieu / Paris 5ème
Métro : Jussieu (7), Cardinal Lemoine (10)
Bus 47, 67 et 89 : arrêts Jussieu et Cardinal Lemoine
La jauge est limitée. Pour vous inscrire, il suffit d’envoyer un mail à contact@ciegerardgerard.fr, précisant les séances que vous avez choisies. L’inscription est obligatoire pour les groupes et les classes.
Ce projet a reçu le soutien du Théâtre des Célestins (Lyon), de la Cricoteka (Krakow) et des universités La Sorbonne (Paris 4), Pierre et Marie Curie (Paris 6) et Denis Diderot (Paris 7). L’exposition des photographies de Caroline Rose est co-organisée par l’association Le Retour d’Ulysse.
D’un carnaval à l’autre: Liestal et Bâle, mise en scène de la population, des autorités municipales et des pompiers.
Comme chacun sait, les carnavals sont une des spécialités suisses, et il y a peu de villes qui échappent à cette tradition. Premier arrêt: Liestal, chef lieu du canton de Bâle, avec ses vieilles et petites rues et maisons à colombages. Vers quinze heures, le premier dimanche de mars depuis le Moyen-Age, sans doute pour enterrer l’hiver, sur nombre de places de la cité ancienne, des fanfares avec trompettes, trombones et grosses caisses jouent des airs de variétés ou des musiques traditionnelles du canton. Mais avec une maîtrise et une qualité de musique absolument parfaite, les quelque vingt participants par fanfare (appelée aussi clique), tout âge et sexe confondus, masqués de gueules d’animaux, ou tête nue, jouent sans partition devant un très nombreux public venu de la Suisse entière mais plutôt de la partie germanophone.
Aucun flic à l’horizon, des tonnes de confettis par terre et des saucisses qui grillent un peu partout. A la nuit tombante, quelque vingt chariots en fer remplis de bûches empilées arrivent d’un peu partout dans les rues, conduits par des hommes et quelques femmes, masqués le plus souvent de têtes d’animaux avec des lanternes en papier couvertes de dessins humoristiques qui vont se rassembler en haut de la ville.
But de l’opération: faire descendre ces chariots avec leur cargaison de bois auquel on a mis le feu, dans la rue principale, après avoir franchi l’étroite porte d’entrée de la ville surmontée d’une tour. Toutes les lumières électriques de la ville publiques ou privées ont été éteintes auparavant; il y a des milliers de spectateurs entassés qui attendent le passage de ces foutus chariots qui dégagent une incroyable chaleur. Ils sont précédés et suivis par d’une centaine de petits groupes d’hommes et de quelques femmes et enfants casqués qui portent sur l’épaule des espèces de torches faites des mêmes bûches de bois. Les comédiens stagiaires nigériens du Théâtre de l’Unité regardent sans y croire….
Vous n’avez pas dit impressionnant? Si, si, c’est impressionnant, les images sans doute simples sont de toute beauté, quand on voit ces chariots de feu avancer et pénétrer après un arrêt, dans la ville . Même si, ( on est en Suisse), tout se passe dans le calme mais avec quand même une armada de pompiers qui arrosent, avant chaque passage des chariots, la voûte de la vieille porte et veillent au bon déroulement des opérations: la voiture citerne n’est jamais très loin et l’ambulance attend portes ouvertes son premier brûlé. Il faut dire que les flammes de la plupart des chariots atteignent facilement le deuxième, voire le troisième étage des maisons. A quoi cela sert? A rien ou à tout, d’abord à enterrer l’hiver mais aussi à être convaincu que, comme disait Gaston Bachelard, dans La Psychanalyse du feu: « La conquête du superflu donne une excitation spirituelle plus grande que la conquête du nécessaire ».
Il est minuit; très courte nuit de deux heures, et l’on repart pour Bâle pour être sur la grande place ce premier lundi après les Cendres… A quatre heures pile, horlogerie suisse oblige, la ville entière éteint ses lumières… Quelque deux cent fameuses cliques se mettent alors en marche. Une vingtaine de musiciens par clique, tous costumés et masqués, souvent de têtes d’animaux, avec tambours et fifres aigus que l’on entend dans toutes les rues. Depuis trois heures du matin, cafés , échoppes et bars vendent des cafés, de la bière et de la Mehlsuppe, une espèce de soupe à la farine, ni bonne ni mauvaise, ni chaude ni froide, saupoudrée de fromage râpé. Les masques fabriqués industriellement et vendus un peu partout, parfois retouchés ne sont pas toujours d’une grande qualité esthétique, mais l’ensemble de la clique est impressionnant.
Les trottoirs et les rues du centre ville sont envahis de spectateurs. Les cliques avancent lentement dans la foule, avec des lanternes en papier et de grandes boîtes éclairées à l’électricité de l’intérieur, couvertes de dessins et de caricatures politiques en dialecte bâlois donc qui nous échappent quelque peu… Là aussi, comme à Liestal, mais, en plus urbain, l’image de cette ville, sans lumière et livrée à cette débauche de cliques qui jouent souvent les mêmes thèmes musicaux dans un calme et un silence complet, est hors normes. Il y aura aussi plus tard dans cette même journée de lundi, une centaine de schnitzelband, sorte de sketches poétiques et burlesques joués dans les restaurants et brasseries.
Délire total d’une ville assez sévère comme on en voit rarement en Europe, même la nuit de notre fête de la musique. Dans la vieille ville, des gens se baladent en attendant que le jour veuille bien se lever sur le Rhin… Il est temps de repasser la frontière en direction de Villars-les-Blamont…
Philippe du Vignal
Pour Liestal et Bâle, il faut dormir la veille sur place; mais prenez vos précautions( mais vous avez le temps de vous préparer): vêtements bien chauds, un peu d’argent suisse pour Liestal, où on ne prise guère les euros, aucun objet précieux vu la foule. Mieux vaut aussi ne pas avoir le moindre soupçon d’agoraphobie mais l’envie irrésistible de passer une nuit blanche. Cela vaut le coup de voir la chose au moins une fois dans sa vie, et les TGV, comme leur nom l’indique, vous emmèneront très vite à Bâle puis à Liestal par le train.
La carte postale que vous écouterez est signée Sylvie Gasteau, créatrice de sons, qui avait notamment conçu et réalisé une très belle émission sur Yvette Horner à France-Culture l’été dernier, et que nous remercions mille fois.
54 ème kapouchnik, par le théâtre de l’Unité, à Audincourt, mise en scène d’Hervée de Lafond et Jacques Livchine.
Jacques Livchine annonce plutôt fièrement à un public de plus de 300 personnes: c’est notre 54 ème kapouchnik.
Kapouchnik en russe signifie soupe et désigne aussi le pot-pourri de sketches, chansons, etc…que des comédiens concoctent pour fêter un anniversaire, un départ à la retraite,… Livchine d’origine russe et de Lafond, grands spécialistes du théâtre d’improvisation, sont basés depuis 2.000 à Audincourt dans la banlieue de Montbéliard, après avoir dirigé le Théâtre d’art et de Plaisanterie de ce même Montbéliard , ville aujourd’hui durement frappée par la récession et par la mévente des voitures Peugeot . Ils se sont souvenus des petits spectacles préparés dans l’urgence, que donnaient des comédiens professionnels américains qui ,sinon, auraient été au chômage , au moment de la grande dépression économique des années 30: The Living newspaper .En utilisant les seuls articles de la presse courament vendue. En France, selon le même principe mais il y eut aussi le fameux groupe Octobre avec Jacques Prévert et celle qui deviendra la grande prêtresse du « casting » Margot Capelier .Ils réalisaient alors en quelques jours de petits spectacles à visée politique; puis, José Valverde dans la mouvance du Parti communiste.Puis enfin le Théâtre du Soleil, avec des principes similaires dans les années 75 pour dénoncer les différenst poids et mesures de la justice de notre cher pays.
Hervée de Lafond et Jacques Livchine ont expérimenté leur projet, quand ils dirigeaient des stages professionnels à l’Ecole du Théâtre national de Chaillot que M. Goldenberg, ex-directeur du lieu, n’a jamais voulu reconnaître et que les pauvres gens du Ministère de la Culture, sauf une plus lucide et plus généreuse, ont méprisé au-delà de toute attente. Comme quoi, une Ecole de théâtre, cela peut aussi et cela devrait être surtout un lieu d’expérimentation.Enfin, passons; la bêtise est le lot universel du genre humain…
Donc , les deux compères armés d’une des plus solides expériences de théâtre d’impro qui soient en Europe , ont imaginé de réunir, une fois par mois, une bande de vingt comédiens venus d’horizons et de régions différents pour réaliser un spectacle d’une quinzaine de sketches à partir d’extraits d’articles de quotidiens, hebdomadaires papier et magazines ou blogs Internet. Principe absolu: les faits rapportés, souvent étonnants, sont absolument exacts et précis, et traitent de l’actualité la plus récente, à la fois sociale, politique et économique, en France et à l’étranger; par les temps qui courent, la matière ne manque pas.
Mais Jacques Livchine tient absolument à faire remarquer que le Théâtre de l’Unité a sa sensibilité sociale qui n’est dictée par aucun parti. « Nous avons nos colères, notre vision de la société, et nous frappons aussi bien à droite qu’à gauche. Contrairement ce que croyait Souvet, (ex-sénateur-maire UMP de Montbéliard , n.d.l.r ), rien ne nous inféode à Moscovici et si ce dernier déconne, nous le clamerons haut et fort. C’est ça le contre-pouvoir des citoyens . C’est aussi la liberté des artistes. »
Et ils ne sont jamais gênés- et ne se gênent toujours pas – pour faire de ces articles de véritables pamphlets, avec, quatre ou cinq comédiens qui changent à chaque sketche. Les conditions matérielles et financières sont un peu rustiques mais le Théâtre de l’Unité a toujours su vivre de peu : cela se passe dans un grand hall où, autrefois, étaient assemblées les fameuses petites machines à écrire Japy, et que leur a octroyé généreusement la Municipalité d’Audincourt qui a eu le nez fin. Bien entendu, les directeurs de grandes structures de la région comme celui du Théâtre national de Strasbourg n’ont jamais daigné inviter l’Unité ni même envoyer un émissaire voir ce qui se passait à Audincourt.
Qu’importe, à une époque où l’on parle souvent dans les dîners parisiens de lien social et autres fadaises, s’il y avait un prix, disons d’une rencontre théâtrale mensuelle du samedi soir, à des années-lumière d’un quelconque système expérimental cache-misère, le Théâtre de l’Unité l’aurait sans discussion possible. On ne pas vous refiler encore une fois la fameuse phrase de Jean Vilar, mais à Audincourt, on n’est d’un véritable théâtre populaire.
Une petite scène frontale, pas de coulisses, une régie réduite à l’essentiel; aucun décor, pas de véritables costumes, quelques petits accessoires, juste un petit air de fanfare enregistré entre chaque séquence mais… un public de plus en plus nombreux et enthousiaste, et socialement assez mélangé. Une représentation unique, jamais deux , histoire aussi de créer l’évènement.Tiens, tiens : unique / Théâtre de l’Unité. Ce concept d’unité qu’ Aristote- le premier théoricien du théâtre- considérait comme très important. …
Pourquoi le public d’Audincourt viendrait-il à ce rendez-vous mensuel, avec tant de plaisir s’il ne trouvait pas justement une unité à ce qu’on lui propose.?Et d’où vient cette unité ? Sans doute et d’abord, de la qualité du texte et du jeu : même si ce vrai spectacle est préparé et répété une longue journée dans l’urgence, ce n’est jamais dans la médiocrité ni dans une interprétation approximative ( derrière l’urgence, il y a, bien entendu ,comme un bon paratonnerre , quelques dizaines d’années d’expérience et de rigueur absolue) et Hervée de Lafond n’a pas l’habitude de faire des cadeaux aux comédiens à l’heure du bilan …
Qualité donc mais aussi quantité pesée pour chacun des sketches. Aucun amateurisme dans l’écriture, même si- c’est la loi du genre-ils sont parfois inégaux. Ni trop, ni trop peu, c’est comme pour la pâtisserie… Mais aucun remords possible, puisqu’il n’y a pas de seconde représentation Et c’est d’une précision millimétrique, dans la relation établie entre chaque partenaire mais aussi entre les comédiens et le public . Le mode de fonctionnement scénique s’est rodé au cours des années : les faits rapportés sont exacts, le dialogue parfois en partie d’origine est bien construit. Comme il n’y a aucun miracle au théâtre , c’est dans cet espace / temps bien défini et pesé que la sensibilité du public peut s’exercer..
Rappelons encore une fois, quitte à paraître gâteux, la belle phrase de Chikamatsu Monzaemon ( 17 ème siècle ) : « L’art du théâtre se situe dans un espace entre une vérité qui n’est pas la vérité et un mensonge qui n’est pas un mensonge ». Au théâtre de l’Unité, ce qui est imaginé, donc mis en images n’est ni vrai au sens strict du terme ni mensonger mais frappe au plus juste.Et l’on voit rarement un public, installé tant bien que mal , suivre un spectacle d’une heure et demi avec autant d’attention. Il y a au premier rang du public , une jeune femme devenue récemment aveugle qui ne perdait pas une réplique. du spectacle…et qui a apporté en remerciement un cadeau au Théâtre de l’Unité : une belle corbeille en osier à plusieurs couleurs qu’elle a tressée elle-même…Cela ne s’invente pas!
Condition sine qua non: il faut s’inscrire bien à l’avance si on veut être sûr d’avoir une place mais on ne paye « content », comme dit Livchine qu’à la sortie:on donne ce que l’on veut et la recette varie donc en fonction du plaisir qu’ aura pris le public. Recette ensuite partagée à égalité entre chacun des acteurs qui dînent tous ensemble dans la maison chaleureuse du Théâtre de l’Unité qui jouxte la salle.
Un coup de fanfare et les comédiens se présentent , les uns après les autres , en quelques phrases; Hervée de Lafond décline sans état d’âme son identité et son âge :Hervée Gervais de Lafond de Turin de Montvel , 65 ans depuis avant-hier ; Allichina Allakaye, un des trois comédiens stagiaires nigériens accueillis par l’Unité, dit qu’il est père de douze enfants, dont quatre neveux qu’il a adoptés après le décès de son frère.Jacques Livchine avoue qu’il se remet mal du décès de quatre de ses proches en dix jours. Marjorie Heinrich nous fait part de ses horribles ennuis de vision: en tournée, elle a oublié de prendre avec elle ses indispensables médicaments. Aminatou Assaka, raconte avec un rire communicatif qu’elle a rapporté des boîtes d’aliment pour le chat de sa mère à Niamey mais que les enfants du voisin, entre temps , avaient tué le chat pour le manger…
Bref, la vie, la maladie, la mort, clle des hommes et des animaux, les soucis quotidiens de tout un chacun en France comme en Afrique: cette rapide présentation a le grand mérite de créer une cohésion presque immédiate entre le public et les vingt acteurs.
Les thèmes des sketches varient: cela va dune scène avec Sarkozy , qui est un peu la « vedette » du spectacle, absolument furieux d’un incident technique survenu lors d’un tournage sur la 2 : il parlait à vide depuis une minute….Nonce Paolini , le directeur de la chaîne fut obligé de se fendre d’une lettre d’excuses à notre cher Président … Interprèté par un comédien de grande taille qui marche à genoux- ce qui rend le choses complètement dérisoires- hurlant des injures et qui finit par virer tous les responsables du plateau.
On évoque aussi la mort de Gilbert , mort seul et retrouvé quinze jours après son décès : un jeune homme s’occupa de faire une collecte auprès des voisins., pour qu’il puisse avoir un enterrement décent.Il y a quelques belles répliques d’Hamlet quand on retrouve le crâne de Yorrick le bouffon du Roi. Qu’importe que le public ait reconnu la pièce de Shakespeare, le silence qui se fait dans le public en dit long sur son attention. Une fois de plus, même en Français, les répliques du grand Will sont tout à fait exemplaires: en quelques mots tout est dit sur notre grande peur à tous de la mort.
Dramatiques aussi deux histoires : l’une relative à une excision au Niger qui prend ici tout son sens, puisqu’il y a trois comédiens nigériens en scène.Il y aussi cette triste aventure d’une pauvre vieille japonaise de 84 ans qui finit par poignarder quelqu’un dans la rue pour pouvoir être mise en prison, où elle trouvera enfin gîte et couvert, puisqu’un simple vol ne suffit plus et qu’’il n’ y aucune institution pour la recueillir.
Dans un pays riche où 48% des plus de 65 ans vivent avec l’équivalent du R.M.I…. l’avocate commise d’office lui fait remarquer qu’ils sont 30.000 dans ce cas et que cela ne peut plus durer ! Il y a, juste après , un sketch formidable avec un monstrueux lancer de chaussures et d’injures sur le pauvre Sarko isolé sur le petit plateau, seul président sans doute à avoir été affublé par la presse d’autant de surnoms méprisants…Et puis Livchine fait, avec beaucoup de sérieux et d’humour, sa démonstration habituelle à chaque kapouchnik: « Les chiffres de Jacques ». Vite fait bien fait, il donne une petite leçon d’économie politique , en comparant les deux miliards de bénéfice de la Société Générale et les trois milliards de la B.N.P. aux 260 ou 360 milliards( cela dépend des journaux) de prêt accordés par Sarkozy aux banques. Ce prêt , dit-il, rapporte 1, 4 milliard mais est fondé sur un emprunt fait aux banques… et devrait être consacré au social, ce qui ferait environ 22 euros par Français….Livchine voudrait bien comprendre- et nous aussi.
Il se demande enfin pourquoi le prix du blé a diminué de 50% , alors que celui des pâtes a augmenté de 11%. Il y a aussi l’inoubliable effet d’annonce de Sarkozy : la gratuité des études dans les lycées français à l’étranger, alors que l’on sait bien que le déficit serait considérable et impossible à tenir…. Toujours courageux mais pas téméraire, Kouchner élude! Livchine donne toujours des des chiffres précis qui, à chaque fois, obligent les spectateurs à se poser quelques questions! Brecht n’aurait pas fait mieux…
Actualité oblige : pour le dernier sketch : on passe par la case Guadeloupe , où la situation sociale et politique est crûment rappelée en quelques dialogues bien sentis : au pourquoi vous vous en prenez à l’EDF ? », se succède un « Pourquoi vous mangez des bananes » ? Plus loin, un skieur à Mégève près de sa Carlita ; il téléphone à Jégo ne hurlant: J’ai déjà acheté un forfait de remontées mécaniques ,débrouille toi tout seul. C’est énorme, mais tout est dit en quelques mots sur la lamentable gestion de cette crise.Et le public n’en finit pas de rire.
Y aller ? Oui, si vous êtes dans le coin, absolument,et sans restriction, vous ne le regretterez pas… Cette formule a suscité une concurrence … qui reste très loin de ce formidable cabaret politique.Le 55 ème kapouchnik aura lieu les samedi 18 avril dans ce même lieu et à la même heure. De plus, la Franche-Comté est un région magnifique et vous pourrez franchir la frontière pour aller acheter en euros du chocolat suisse
On dit à Audincourt que madame Albanel viendra en personne voir ce fameux kapouchnik dont Carlita lui rebat les oreilles et pour savoir si on ne pourrait pas créer un partenariat avec la Comédie-Française, la Maison de la Culture de Bobigny et le Théâtre de l’Unité, sous la houlette de Jack Lang qui ,du coup vu les enjeux ,renoncerait à sa mission à Cuba, mais ce doit être une fausse rumeur. sans fondement.. Mais Hervée de Lafond n’a pas démenti… Alors, allez donc savoir!
Pour finir, citons tous les comédiens: comme cela, on ne fera pas de jaloux : Alichina Allakaye, Patrick Barbenoire, Nicolas Geny, Aminatou Issaka, Rahila Omar , sont venus prêter main forte à la B.I.T. ….Brigade d’Intervention Théâtrale composée de: Zeki Aslan Amedine Bello, Audrey Donzelot, Clément Dreyfus, Youssri el Yaakoubi, Marjorie Heinrich, Magali Jacquot, Hervée de Lafond, Michèle Lautrey, Jacques Livchine, Nathalie Mielle, Gaetan Noussouglo, Marilyn Pape , Fred Goobi Patois, Eric Prevost, Fatima Seddiki, avec l’aide précieuse d’Aurélien Pergolesi et de Fabrice Bouteiller.
La plupart sont professionnels, quelques-un sont amateurs au meilleur sens du terme, mais tous ont une solide expérience des kapouchniks. Et nos trois amis nigériens? Ils n’ont eu aucune difficulté à s’insérer dans le spectacle,ils ont tous en effet l’habitude de jouer dehors, dans des conditions proches de celles du hall Japy, et ils apportent une certaine distanciation ,une autre façon de jouer , sans nuire à la cohésion de l’ensemble.Chapeau!
Le kapouchnik se déplace peu, donc si vous voulez le voir, c’est à deux heures trente de Paris par TGV. Vous aurez toutes les informations sur le site du théâtre de l’Unité.
Philippe du Vignal
P.S. Pina, une bonne actrice et grande amie de Jacques Livchine et d’Hervée de Lafond, après treize ans de fidèle compagnonnage mais aussi de loyaux services dans plusieurs spectacles, est partie; c’était un magnifique et très gentil bouvier bernois que nous regrettons tous.
la carte postale sonore que vous écoutez est signée Sylvie Gasteau, créatrice de sons et qui avait notamment conçu et réalisé une très belle émission sur Yvette Horner à France-Culture l’été dernier, que nous remercions mille fois
Théâtre de l’Unité
C’est le 54e kapouchnik du Théâtre de l’Unité créé le jour de la déclaration de guerre à l’Irak. 21 comédiens présentent 17 séquences tirées le la presse publiée dans la semaine, certaines sont prises sur internet. Ce kapouchnik, comme les autres présentés chaque mois depuis plusieurs années a été répété dans l’après-midi. La salle est bourrée de 300 personnes enthousiastes, beaucoup de jeunes, un public très bigarré, peu familier des salles de spectacles. Trois stagiaires venus du Niger et Gaétan Nossouglo colorent le plateau pour les tableaux les plus percutants. Il y a un grand retour d’Éric Prévost en Sarko plus vrai que nature notamment pour le tableau de la panne d’enregistrement de son discours à la télévision. Les plus belles séquences Balance ascendant Besson, la passage des mules (voir Maria pleine de grâce et Les hommes ne pipent mot.