Ionesco

Ionesco d’André le Gall

9782081219915.jpgEntre l’œuvre et la vie d’Eugène Ionesco la frontière est mince, voire perméable. Il y a un jeu permanent entre le réel et la fiction dans lequel Ionesco excelle, à la fois personnage et auteur, en mettant sa vie en scène autant dans son théâtre que dans ses journaux intimes et ses livres autobiographiques.
Comment dégager une image objective dans ce jeu de camouflages et de confidences, de révélations dont il était prodigue, de contradictions et de pluralité des identités qui l’habitaient, redistribuées entre les personnages de son théâtre ?
Dans son excellente et passionnante biographie de Ionesco, André le Gall prend parti d’une approche polyphonique de l’homme et de l’écrivain dont la voix est constamment présente et où événements, circonstances, anecdotes, rêves racontés dans les journaux intimes et exploités dans les fictions dramatiques sont en permanence mis en rapport avec les faits et les données objectifs fournis par les archives, les coupures de presse, les mémoires des contemporains, des témoignages de comédiens, de compatriotes, d’amis.
Ainsi, dans ce jeu de miroirs ,se dégage l’image d’un Ionesco ,homme de doute et de foi, non pas chantre de l’absurde mais grand ressasseur des questions devant l’état du monde, poète de l’insolite, de l’étonnement et de l’émerveillement au sein de l’être, se transportant dans la vie chargé de lourdes valises, partagé entre les élans ascensionnels et des pesanteurs telluriques.
En suivant la chronologie des étapes décisives de la vie et de l’œuvre d’Ionesco, André le Gall les fait s’interférer constamment. De sorte que sa biographie se présente comme une scène d’un théâtre de vie. André le Gall recourt parfois à l’interview ou au dialogue entre l’orateur et l’intervenant extérieur, où Ionesco, par des citations tirées de ses journaux intimes et de textes autobiographiques , corrige certains points de vue, explique ses partis pris,  ses positions politiques, et ses goûts  littéraires.
Par exemple sur Beckett : « Le rapport n’est pas du tout le même qu’avec Sartre, Sartre n’est pas un rival, Beckett si. »
Une biographie remarquable, empreinte de l’esprit ionesquien qui se lit comme un roman d’une vie. Complétée  par d’abondantes notes, une bibliographie, un index et un cahier de photos. Un ouvrage indispensable pour découvrir ou redécouvrir la figure paradoxale et l’œuvre d’Ionesco, dont on célèbre cette année le centenaire de naissance.

Irène Sadowska Guillon


Ionesco d’André le Gall
Éditions Flammarion, Collection « Grandes biographies », 2009
650 pages, 25 €


Archive pour 28 avril, 2009

PARCHEAZA MASINA LA HARVARD

PARCHEAZA MASINA LA HARVARD Teatrul Evreiesc de Stat Bucarest

D’Israel Horovitz, mise en scène Horea Popescu, avec Maïa Morgenstern et Constantin Dinglescu


Ce théâtre Evreiesc est un théâtre Yiddisch qui a réussi à survivre à la shoah. Il est situé à deux pas d’une belle synagogue environnée de HLM lépreuses. L’exposition que nous a commentée un délicieux vieillard qui avait coiffé sa kippa dans ce lieu de culte, raconte l’anéantissement des juifs. Ils étaient 800 000 avant la guerre, ils ne sont plus que 8000 en Roumanie. Le théâtre, une bonbonnière un peu vieillotte mais chaleureuse, ne donne qu’une représentation par semaine, encore du théâtre de répertoire devant une salle mélangée, enthousiaste, qui applaudit debout.
La pièce (dont je n’ai pas encore réussi à me faire traduire le titre, qui est jouée en roumain, pas en yiddisch) met en scène une jeune femme excitée qui débarque par un soir d’hiver chez un vieux professeur, qui s’installe et entreprend un ménage destructeur. Peu à peu leurs rapports se pacifient, deviennent presque tendres. Une spectatrice roumaine qui vit en Grèce, qui prend régulièrement l’avion pour voir jouer Maïa Morgenstern, nous a expliqué que cette femme était une ancienne étudiante de ce professeur de musicologie, régulièrement recalée à l’entrée de l’université d’Harvard. Malgré les tunnels de la langue, le jeu de ces excellents acteurs nous ont captivés

Edith Rappoport

COMPLEXUL ROMANIA

COMPLEXUL ROMANIA  Théâtre national de Bucarest
de Mihaela Michailov, mise en scène Alexandra Badea

Ce complexe roumain se joue dans la plus petite des cinq salles de cet immense théâtre national qui emploie 500 personnes. C’est Razvan Oprea, ami d’Alexandra Badea qui vit en France, mais retourne régulièrement dans son pays qui nous a introduites. Il tient le premier rôle, joue dans 9 spectacles car en Roumanie on pratique l’alternance. Son salaire au Théâtre national lui permet seulement de payer son loyer, il doit se démultiplier au cirque, à la télévision pour tenir. La pièce retrace l’enfance de deux jeunes lycéens pendant la période sous la férule de Ceausescu, l’arrestation et l’élimination de leur père par un sinistre apparatchik qui se reconvertit rapidement, leur implication dans la révolution de décembre 89, la mort d’un des lycéens, celle de la grand-mère. Jouée dans un espace quadrangulaire, avec pour tout décor un amoncellement de pots de conserves et un tas de sacs en plastique jaunes symbolisant l’apparition des supermarchés avec la libéralisation, la pièce jouée par une équipe de 7 excellents comédiens suscite l’enthousiasme du public plutôt jeune qui applaudit debout. La salle n’est néanmoins pas pleine, le Théâtre national ne mettant pas en valeur ce spectacle qui n’est jamais présentée en week-end.

Edith Rappoport

D’ALE BIBICILOR

D’ALE BIBICILOR Cirque Globus de Bucarest 

De Lui Caragiale, mise en scène Brindusa Novac, musique de Tica Ale Quand Razsvan Oprea nous a annoncé qu’il interprétait un Monsieur Loyal dans un spectacle de cirque, nous sommes parties à la découverte. Le spectacle se joue dans un cirque en dur de 1000 spectateurs planté dans un grand parc. On est placées par des jeunes filles en costumes fin de siècle, l’ouverture se fait sur des séquences comiques sur des plateaux en surplomb des personnages clownesques à la Toulouse-Lautrec, qui interviennent à une vitesse fabuleuse entre les numéros sur la piste interprétés par une troupe éblouissante d’une cinquantaine danseurs acrobates. Ballets suspendus, élastonautes, abeilles, ballet classique, ballet mexicain, match de boxe ridicule, numéro d’otaries, tout est d’une perfection technique époustouflante, hormis la mauvaise sonorisation, surtout au début du spectacle.

Edith Rappoport

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