Répertoire, classe de Daniel Mesguich.
La vie est un Songe de Pedro Calderon de la Barca, La Prise de l’Ecole de Madhubaï d’Hélène Cixous, Fantasio de Musset, Bravo de Jean-Michel Ribes, Faust de Goethe, Les Petits Aquariums de Philippe Minyana, Ivanov de Tchekov, Médée d’Euripide, La consultation de Jean Tardieu, Le Soulier de Satin de Paul Claudel, Trahison d’Harold Pinter, Alpenstock de Rémi de Vos, Amphitryon de Molière, Andromaque de Jean Racine, Penthésilée de Henrich von Kleist, Seul de Wajdi Mouawad et Les Boulingrin de Georges Courteline.
Soit au total dix auteurs classiques , et neuf du 20 ème siècle dont cinq contemporains avec de courtes scènes ou des monologues… Après tout, pourquoi pas? Même si l’on a un peu de mal à se retrouver dans ce défilé , où l’on voit les quinze jeunes comédiens arriver puis disparaître assez vite, pour réapparaître quelque fois. Et l’on a souvent l’impression que Daniel Mesguich, le nouveau directeur du Conservatoire national, n’ pas pu s’empêcher de se faire plaisir; on retrouve d’ailleurs souvent les mêmes tics de ses mises en scène y compris ses petites flammèches qui font soudain irruption ou ces fumigènes dont on ne voit pas bien l’utilité. Avec des éléments de décor pas toujours indispensables, pas non plus toujours de grande qualité, que toute l’équipe de comédiens avec les techniciens remettent en place comme par magie. C’est d’ailleurs assez beau, cette espèce de ballet où tout le monde s’y met et qui donne une certaine unité à cette présentation, comme la voix du petit garçon qui présente chaque scène en quelque phrases…
Quant aux scènes jouées , ce qui est dommage,, c’est qu’à peine échauffés les comédiens « sortants » mêlés à ceux de deuxième et première année, partent très vite, et hop ! on passe à la suivante. Certes, il n’y a pas de recette miracle dans ce genre de présentation,quand il faut donner un petit morceau d’entrecôte à chacun des quinze comédiens, si l’on ne veut pas que cela dure quatre heures.. Dans ces cas-là, pourquoi ne pas faire une pause au lieu de galoper sans cesse? Alors ,entre les auteurs,, il y a obligatoirement des scènes de grande qualité et d’autres qui le sont beaucoup moins, et certaines qui mettent en valeur le ou la comédienne, et d’autres pas du tout , comme cette misérable scène de répétitions d’Andromaque de Racine que Mesguich aurait pu nous épargner, ou celle du Soulier de satin qui tombe un peu à plat, parce que beaucoup trop courte., ou encore cette Consultation de Jean Tardieu et dans Alpenstock ,dont la mise en scène est un peu lourde ; les jeunes comédiens s’en tirent mieux dans des auteurs comme Pinter , en particulier Maxime Dambrin et Marilyne Fontaine, parce que ce sont des personnages qui sont sans doute plus proches d’eux.
A noter aussi la belle performance de Chloé Olivères qui joue une petite vieille dans La Prise de l’Ecole, où, impeccable et juste, elle a une gestuelle tout à fait remarquable; Loïc-Emmanuel Devy et Karl Eberhard qui ont tous les deux une belle présence en scène.
Ces trois comédiens, qui, par ailleurs, ont une excellente diction et une belle voix, si les petits cochons ne les mangent pas , devraient vite trouver des rôles à leur mesure. Pour les autres élèves, c’est moins évident, il y a chez eux – mais on le sait depuis longtemps- un certain formatage que les réformes mises en place par Daniel Mesguich devraient quelque peu gommer… Même si elles ont provoqué au début comme tout changement, quelques grincements de dents. De toute façon , les élèves sont ici particulièrement soignés et ont de très bons enseignants; et bénéficient à la sortie de cette aide précieuse à l’emploi que constitue le Jeune Théâtre National qui subventionne leurs premiers rôles…
Philippe du Vignal
Journées de juin, classe de Daniel Mesguich.