travaux d’élèves du Conservatoire national supérieur d’Art Dramatique.(I)
Phèdre et Médée, Les damnées furieuses, travaux d’élèves du Conservatoire national supérieur d’Art Dramatique.
Le travail que Sandy Ouvrier vient de proposer avec ses quinze élèves est fondé d’abord sur un texte de Martin Crimp, Tendre et cruel et sur Hercule de Sénèque que nous n’avons pu voir. Mais aussi une suite de scènes issues de plusieurs pièces: d’abord et essentiellement Phèdre et Médée de Sénèque mais aussi de plusieurs textes écrits sur le même thème de Phèdre et de Médée comme L’Amour de Phèdre de Sarah Kane mais aussi de Dea Loher Manhattan Medea, et de Roland Schimmelpfennig, La Femme d’avant.
Disons tout de suite que le grand gagnant est sans contestation Sénèque dont les élèves de Sandy Ouvrier se sont emparées avec jubilation. Malgré la traduction, Sénèque reste un excellent dialoguiste avec des phrases au scalpel: « Il y a des criminels impunis, il n’y a pas de criminels paisibles » Je suis une main qui rame sur une barque trop lourde. » Je suis trop vieille pour me faire complice d’un suicide » Ou » Le pouvoir fait rêver l’impossible ». Les scènes qu’a choisies Sandy Ouvrier sont absolument celles qu’il fallait prendre car elles permettent aux jeunes comédiens d’être bien mis en valeur. En particulier Estelle Meyer, et Pauline Ribat,tout à fait remarquables.
Les choses paraissent moins évidentes avec les scène extraites des pièces de Sarah Kane, qui s’était très jeune , suicidée et dont les textes, très à la mode il y a une dizaine d’années, nous ont toujours parus souvent plats et sans grand intérêt; quant à Dea Loher, très bonne dramaturge allemande qui fut l’élève de Tankred Dorst et d’Heiner Muller, on peut préférer des pièces d’elle comme Tatouage ou Barbe-Bleue, espoir des femmes. Les élèves crient souvent comme pour nous convaincre de la force de ces textes, même si Manon Kneusé ( Médée) et Mathieu Sampeur s’en tirent assez bien, tout comme Flore Babled dans une autre scène de Medea Transfert. Comme d’habitude dans ce genre de présentation, les garçons sont moins convaincants, sans doute et d’abord, parce que les plus beaux rôles sont ici ceux de Médée et de Phèdre, et qu’ils n’ont pas encore la maturité de leurs camarades, mais certains seront sans doute d’excellents comédiens.
En tout cas, sans effets inutiles, avec une grande simplicité, Sandy Ouvrier a réussi un travail exigeant et d’une belle unité, avec une mise en scène discrète et efficace où l’on voit bien ses élèves; ce qui est après tout le but de l’opération; la dernière image où Flore Babled apparaît le visage ensanglanté, tandis que ses camarades , appuyés sur les murs de bois de la salle Louis Jouvet la regardent est tout à fait exceptionnelle.
Philippe du Vignal
Journées de juin 2009, classe de Sandy Ouvrier