L’immédiat

après coup : week-ends à la Cité – L’immédiat, performance de Camille Boitel.

L’été, le Théâtre de la Cité Internationale joue à fond de ses lieux multiples et quelque peu labyrinthiques, du parc et des connivences entre les différentes maisons de son splendide campus. Performances, musiques, arts visuels : dans ces lieux où  – presque – tout est possible, les arts visuels (le théâtre en fait partie) se glissent partout et changent le regard que le spectateur porte sur le quotidien. Et si ces filles en maillot de bain, sur la pelouse, étaient des danseuses immobiles ? Le tee-shirt rouge sur une chaise devient une installation, l’art met en scène la vie, sans lui demander son avis. Ce que revendique le collectif de plasticiens Glassbox : « graviter, s’infiltrer et produire une œuvre qui joue sur une réappropriation des lieux (…). Le cadre, l’activité humaine, les organisations regroupées sur le parc, sont des indices au travers desquels une démarche peut s’envisager ».
Il faut de l’espace pour entraîner le spectateur dans cette déambulation éveillée : on peut en trouver toute l’année à la Ferme du Buisson, à Noisiel, héritière d’un empire industriel, ou à la Ferme du Bonheur, squattée, gagnée d’année en année sur les terrains vagues de Nanterre, bricolée pour que surtout les terrains restent vagues, c’est à dire vivants, comme les spectacles du même nom, et jardinés de plantes et d’animaux sauvages.
Détour pour en arriver à ceci : dans une sorte de gymnase équipé de gradins – retour à la salle après une promenade  esthétique dans le parc -, Camille Boitel et les siens proposent ce qu’ils appellent une performance, ce qu’on pourrait appeler du théâtre sans paroles. Imaginez : dans un décor d’emblée miteux, de bric et de boc, se dessine un logis misérable. Un femme « rentre chez elle » et la catastrophe commence, la porte ce déglingue, les meubles ploient, les livres se défont, tout coule, tout fond, et d’abord le corps de la jeune femme. La trouvaille – l’un des mille trouvailles – est qu’elle ne lutte jamais contre ces éléments, mais glisse avec eux d’une situation à une autre. Variations sur la même trajectoire : un tranquille homme volant bascule du haut d’un mur que s’effondre (en douceur) sur une échelle qui bascule vers une armoire qui penche en direction d’une chaise à roulettes qui démarre…, le tout dans un sérieux bricolage de lumières et de son. L’entracte même, un acte comme les autres, et des plus savoureux, met en scène le grandiose ménage du plateau – on s’en voudrait de quitter la salle – avant de nouvelles expériences de L’Immédiat.
On arrête de raconter ces corps et ces objets patients dans leurs misères obstinées et positives : l’irrésistible catastrophe comme moteur de la vie, c’est le sommet de l’art du clown, salué par le rire et l’amour du public.

Christine Friedel


Archive pour 7 juillet, 2009

Maraina. L’aventure des premiers Réunionnais

Sylvia Monfort

Maraina. L’aventure des premiers Réunionnais

maraina.jpgMaraina, colonisation et passion sur la scène du théâtre Sylvia Monfort, lors du passage de la troupe Vollard à Paris à la fin de juin.  Cette deuxième version  a bénéficié d’un dispositif  scénique  perfectionné, à la différence des systèmes sonores et lumières qui laissaient à désirer au théâtre Jean Vilar  à Vitry  où Maraina avait  fait  sa première parisienne en octobre 2008. Ici, la musique a récupéré toute sa profondeur et la qualité de l’orchestre, recruté localement,  a bien affirmé sa maturité.
Il faut absolument signaler la  venue de Vollard à Paris car cette troupe a laissé et continuera à laisser des traces importantes dans son sillage.
Vollard est  à l’origine de la modernité scénique à la Réunion. Paradoxalement, les autorités locales l’empêchent désormais de produire ses spectacles sur le territoire car Emmanuel Genvrin, son fondateur et celui qui fournit tous les textes de ses spectacles, connaît bien l’histoire coloniale  de l’Océan indien. Ses lectures précises, bien documentées, inspirées d’une vision populaire de l’histoire et surtout le résultat de recherches méticuleuses, ont souvent révélé des éléments ’oubliés’, voire gênants, de l’histoire officielle et son désir de dénoncer certaines interprétations du passé lui a attiré des ennuis.
Désormais il revient au théâtre lyrique, en partenariat avec le compositeur, musicien et chef d’orchestre Jean-Luc Trulès qui a accompagné le travail de Vollard dès ses débuts dans les années 1970.

Maraina, princesse  légendaire du groupe malgache Antanosy, et maitresse de Louis Payen, gérant de la petite compagnie française (1642) avant qu’elle ne devienne la Compagnie des Indes, est  aussi convoitée par Jean Managna, chef du groupe malgache dissident Masikoro. Ce guerrier violent  et fougueux, (chanté par le baryton Steeve Heimanu Mai) , propulsé par un irrépressible esprit de liberté, incite les  travailleurs malgaches à résister aux colons français (ici, on ne parle pas encore d’esclavage pour cette période particulière).  La rivalité entre le chef malgache et Louis le Français, par rapport à Maraina : « sorcière » disent les uns, « ange » disent les autres, crée une tension meurtrière sur fond de résistance anticoloniale, qui fait de ce spectacle à la fois un drame romantique et une leçon fascinante de la présence malgache dans l’histoire de la colonie française à la «  Mascareigne », devenue par la suite l’Ile Bourbon et finalement l’Ile de la Réunion.
Mais c’est aussi par la musique que la « postmodernité » du pays est signifié puisque les sonorités vocales et instrumentales aux réminiscences de Stravinsky, de Debussy, des traditions musicales malgaches, les conventions de l’opéra romantique européen et les échos de jazz moderne produisent  une harmonie  transculturelle parfaite, la célébration d’un métissage musical qui signifie l’émergence d’une nouvelle société moderne.
À part les belles voix  de Maraina (la mezzo soprano ’Aurore Ugolin ),  de la jalouse Ravelo ( la soprano Landy  Andriamboavonjy), et du « Roi Soleil » (le baryton  Josselin Michalon)  il y a le décor éblouissant de Hervé Mazelin.  Visions filmiques qui nous transportent de la mer vers les hauts des « cirques », restes des volcans qui façonnent le paysage montagneux du paysage réunionnais où les Marrons se sont retirés pour fonder leurs propres sociétés. Les images filmées projetées sur le fond de l’espace scénique, s’opposent au décor minimaliste et fortement illuminé, coupé en bandes horizontales par des étendues de couleurs qui créent une surface d’une pureté formelle  évocatrice des visions scénographiques de Bob Wilson. La  fracture visuelle et auditive entre une esthétique scénique moderne et le récit d’une ancienne aventure historique était très puissante.

Vollard reviendra. La troupe a désormais créé un nouveau genre, l’opéra lyrique d’outre-mer , une forme qu’il faudra suivre avec la plus grande attention.
Alvina Ruprecht
Paris 2009

*car sous l’influence de … XXX .confrérie l’esclavage a été banni de Fort-Dauphin (‘Grande Ile’ de Madagscar)  C’EST DANS LE PROGRAMME DE MARAINA

TROUBLES

TROUBLES  Maison des Métallos 7 juillet« Féerie familiale » de Jean-Marie Galey, répétition publique n° 3

Jean-Marie Galley est en train d’écrire une pièce sur une drôle de famille comme on en a tous, mais la sienne n’est pas vraiment rigolote.  Il y a deux sœurs (jouées par la même comédienne qui se coiffe d’une perruque) hystériques. L’une est amoureuse de son frère atteint du sida, l’autre abomine le père de son fils de 7 ans prostré sous la table. Il y a un ami de la famille, la mère cachée dans les coulisses qui a décidé de ne plus voir son fils, un mari désagréable et le père de famille qui voue ses enfants aux gémonies. Trop de hurlements, de scènes que je n’aime pas dans la vie ni au théâtre. Il y a encore beaucoup de travail pour ne pas s’enliser dans cette matière complexe.

Edith Rappoport

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