Turandot ou le congrès des blanchisseurs

image23.jpgTurandot ou le congrès des blanchisseurs, mise en scène de Mirabelle Rousseau.

turandot228x300.jpg C’est la dernière pièce -inachevée- de Brecht mais, disons le tout de suite, pas vraiment la meilleure, et c’est un euphémisme… Il y a parfois quelques délicieuses senteurs d’Arturo Ui mais, si la pièce s’inscrit dans la démarche didactique de Brecht , elle n’est pas du genre léger- léger, et on a vite compris le propos de Brecht qui nous assène pendant deux heures  une leçon de morale sur fond de crise économique, de dévaluation de la monnaie mais aussi de descente aux enfers de l’intelligence et de la pensée…. Cela  se passe en Chine: l’Empereur convoque les Tuis pour un congrès exceptionnel ( les Tuis sont des In-tellect-Uels qui ne craignent pas de soumettre au pouvoir: ce sont, nous explique assez laborieusement Brecht,  les blanchisseurs d’opinion, et c’est , insiste-t-il, toute la difficulté pour un intellectuel  de vivre et de continuer à penser dans une société dont les valeurs sont soumises aux lois du capitalisme..
 Reste à mettre  en scène cette pièce assez estoufadou  avec quelque 77 personnages!  Le parti pris de Mirabelle Rousseau est séduisant: pas de décor mais de simples portants de chaque côté avec tous les costumes nécessaires par dizaines: et,  dans le fond de scène, des tables d’école en vrac qui serviront de praticables à la demande. Les didascalies sont lues par deux jeunes femmes qui dirigent la répétition depuis la grande table au premier plan: ce n’est pas nouveau mais l’effet comique est garanti. Comme les jeunes  comédiens sont plutôt du genre efficace et ont une excellente diction, cela marche bien ,disons pendant la première demi-heure. Mais on se lasse très vite  des changements de costume à vue, des déplacements fréquents de table et de cette application répétitive de didascalies: cela tourne au procédé:  « la représentation , dit Mirabelle Rousseau, se constitue comme expérience dramaturgique collective , un théâtre-brouillon dans lequel on joue vite, on s’interrompt »…. Bon, on veut bien, mais pourquoi le public servirait-il d’otage à ce théâtre-brouillon!  Sans vouloir jouer aux vieux croûtons, le Théâtre du Soleil et Ariane Mnouchkine s’y prenaient mieux et n’auraient pas été chercher ce fond de tiroir de Brecht… Trouver  de bons textes, quelle qu’en soit l’origine,fait aussi partie du métier théâtral,; c’est  par là aussi que tout commence, pour tout  type de spectacle.
 Même s’il y a, dans Turandot,  quelques bons dialogues et des moments assez réjouissants ,comme cette fausse apologie de l’art de la lèche,  où l’on retrouve toute la verdeur du jeune Brecht , même si Mirabelle Rousseau a su imposer un rythme efficace , et possède à l’évidence une bonne gestion de l’espace, un ennui de premier ordre commence à s’installer assez vite, d’autant que l’on suffoque de chaleur…On aimerait bien voir ces huit jeunes comédiens qui font déjà preuve d’un solide métier et qui ont visiblement du plaisir à jouer ensemble, dans une autre pièce où l’on  pourrait trouver un véritable plaisir.
 Il ne faudrait jamais oublier que des gens ont été à jamais dégoûtés du théâtre dans les années 70, parce qu’on leur avait infligé des mises en scène  de pièces mineures du grand Brecht, parce qu’il fallait  à l’époque absolument monter un Brecht pour être dans le vent, et cela durait souvent deux bonnes heures, comme c’est le cas avec Turandot….Alors à voir? oui, si vous voulez absolument aller comment de jeunes comédiens sympathiques  s’emparent de Turandot dans une mise en scène intelligente ; non, si vous redoutez le bavardage au théâtre et les leçons de morale répétées jusqu’à épuisement… Voilà, vous êtes prévenus!

 

Philippe du Vignal

Le Théâtre Obsessionnel Compulsif  à la Fabrik Theatre, 32 bd Limbert Avignon jusqu’au 31 juillet à 22 heures, relâche les 14,21 et 28 juillet. Attention:  c’est en fait dans la rue du Cimetière (sic) à droite en regardant le magasin Casino sur le trottoir du Boulevard Limbert à l’extérieur des Remparts près de la Porte Thiers.

 

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par Edith Rappoport

TURANDOT OU LE CONGRÈS DES BLANCHISSEURS
Fabrik Théâtre Avignon de Bertolt Brecht, mise en scène Mirabelle Rousseau, T.O.C. Théâtre

Cette dernière pièce de Brecht restée inachevée rend bien compte de notre époque de marchandisation à tous crins. L’empereur de Chine déstabilisé par une surproduction de coton, menace d’abdiquer. Il convoque les Tuis, des « Tellectuel-in », des Intellectuels blanchisseurs d’opinion à la solde du pouvoir, pour qu’ils expliquent au peuple les raisons de la disparition du coton, organisée par le pouvoir sur le marché . Les huit comédiens jouent la cinquantaine de personnages  avec une énergie pleine d’humour, se présentant entre deux rangées de portes manteaux, coiffés de chapeaux en papier, changeant de costumes  et de personnages à vue, juchés sur des pupitres de salle de classe. Le sujet est d’une actualité brûlante : « … l’art de la lèche, il faut l’apprendre. Ce n’est qu’au prix de l’endurance et de l’exercice qu’on parvient à dépasser le léchage de bottes vulgaire qui court les rues, et c’est seulement quand la fantaisie s’ajoute à la patience, qu’on devient un maître. » (Brecht). Malheureusement la durée du spectacle, plus de deux heures, dilue le plaisir et la surprise du début. Ce Théâtre Obsessionnel Compulsif créé voilà dix ans est pour moi une belle découverte.

Edith Rappoport

 

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