Le Sermon sur la Mort de Jacques- Bégnine Bossuet
Le Sermon sur la Mort de Jacques- Bégnine Bossuet, mise en scène et interprétation de Patrick Schmitt.
« Me serait-il permis aujourd’hui d’ouvrir un tombeau devant la Cour? Je ne pense pas que des chrétiens doivent refuser d’assister à ce spectacle. » Ainsi commence le célèbre Sermon sur la mort que Bossuet , prononça le 22 mars 1642 devant Louis XIV et la Cour , et que Patrick Schmitt, après Notre Dame et Saint-Eustache à Paris, et les cathédrales de Dijon, Metz et Meaux , présente aujourd’hui dans la très belle chapelle de la rue Calvet. C’est un édifice, rond, datant de 1710, cinq ans avant la mort de Louis XIV, restauré en 2006 , en pierre blanche, surmonté d’une coupole avec un autel principal et plusieurs petits autels secondaires. Avec de magnifique proportions.
La voix grave de Patrick Schmitt s’élance majestueuse, et les périodes de Bossuet sur la vanité de l’existence humaine, s’envolent, mues par une diction et une gestuelle parfaite. Et c’est un très beau travail de comédien qu’il faut saluer. Mais cette chapelle n ‘était sans doute pas le lieu capable d’accueillir ce Sermon sur la Mort. D’abord parce que cette chapelle est encombrée d’une sculpture en bois délavé et de sable gris, de calebasses et d’un synthétiseur, qui doivent évidemment servir pour un spectacle précédent ou ultérieur, selon la dure loi du off où les spectacles se succèdent à un rythme effréné, et cela parasite visuellement les choses …
D’autre part, il n’y pas ici de chaire, (comme le montre abusivement l’affiche du spectacle), et cela change tout; en effet, le rapport entre l’évêque, représentant de Dieu et les fidèles de l’église à qui s’adressait ce sermon dépendait aussi de cette situation dans l’espace très particulière, et les architectes au service de l’institution catholique étaient aussi de singuliers scénographes qui avaient bien compris les choses… Comme , ici, il n’y a que des gradins métalliques avec d’ horribles sièges coques, placés en travers de la chapelle, le moins que l’on puisse dire est que rien n’est dans l’axe et que Patrick Schmitt , habillé non pas d’un habit sacerdotal qu’il aurait été pourtant facile de trouver, mais d’une espèce d’invraisemblable -et très laide- grande robe noire, bordée de parements dorés, est debout face public, tout est faussé. Désolé, mais un vrai et bon scénographe n’aurait jamais laissé faire cela. S ‘il n’y avait pas de chaire dans cette chapelle, c’est que l’on ne prononçait sans doute pas de grand sermon comme celui-ci, et qu’il n’y avait donc pas cette réverbération sonore insupportable qui pollue dès le début le sermon!
Alors, on a un beau faire un effort mais très vite, on finit par décrocher, et c’est vraiment dommage. Bien joli de vouloir à tout prix venir jouer en Avignon mais encore faudrait-il choisir un lieu adapté au propos. Au final, malgré un travail de comédien tout à fait respectable mais un spectacle raté que vous pouvez vous épargner. Il vous faudra revoir Patrick Schmitt dans des conditions scénographiques correctes. Désolé, mais même si l’on n’est pas chrétien et, n’en déplaise à M. Sarkozy qui ne doit pas plus aimer Bossuet que La Princesse de Clèves, ce Sermon sur la Mort est un des grands textes français et n’a pas à être maltraité.
Philippe du Vignal
Tous les jours à la Chapelle de l’Oratoire à 16 heures ,32 rue Joseph Vernet.