LE PROJET CONRAD

LE PROJET CONRAD  Théâtre de la Tempête
Un avant-poste du progrès, création collective d’après Joseph Conrad, adaptation et mise en scène Philippe Adrien

Dix comédiens préparent un spectacle sur le texte de Joseph Conrad , sur l’iniquité de la « décolonisation » au Congo . Majorie Heinrich en metteur en scène énergique organise les répétitions, il y a Philippe le dramaturge et directeur de la compagnie l’Anversoise, Mary l’assistante comédienne en proie à des états d’âme, Arnaud et Jean,  comédiens jouant des colons échoués sur les bords d’un fleuve pendant six mois et Thadié, Paulin, Andrew, Ifeyiwa et Wladimir qui tentent de mettre au point une pièce crédible.

Le théâtre dans le théâtre laisse la place dans la deuxième partie à l’échec de la transmission du « progrès » aux indigènes dans la deuxième partie, Kayetz et Carlier, colons échoués pendant six mois au bord du fleuve qui s’entretuent et Makola qui les sert calmement. Malgré la qualité des acteurs et une mise en scène précise, le spectacle s’englue un peu dans la longueur dans la deuxième partie.

Edith Rappoport


Archive pour 14 octobre, 2009

Le laveur de visages

Le laveur de visages de Fabrice Melquiot, mise en scène de Victor Gauthier-Martin.

Samuel Simorgh est encore jeune et le monde de la finance lui a donné la possibilité d’avoir de l’argent , juste en opérant des transactions sur des valeurs boursières mais il va vite comprendre que le plaisir de jouer pour parvenir une  réussite sociale apparente  risque de lui coûter finalement très cher en termes de vie personnelle.

  Et il démissionne  pour nettoyer des voitures, et découvrir enfin  le pouvoir du langage. et une relation plus juste avec les autres  humains….Finie la rentabilité, finie la compétitivité, Samuel Simorgh, comme dans un voyage initiatique, part à la découverte de lui-même. Il vole des  voitures , les nettoie pour les rendre ensuite à leur propriétaire. Cela sonne comme une sorte d’allégorie assez pesante et le texte de Melquiot est bavard et , disons les choses crûment, assez ennuyeux, et c’est un euphémisme! Sur une des petites scènes de la maison des Métallos, il y a juste une Austin-Martin coupée en longueur, qui , les Dieux savent pourquoi, se coupe encore en deux à mi-chemin, mais cette folis-ci dans le sens de la largeur : ce genre de scénographie maladroite ne rend aucun service au spectacle!

  Comme Le Rêve d’un homme ridicule de Dostoievski, Le Laveur du visages est un projet d’acteur, interprété par Alban Aumard que  Victor Gauthier-Martin a pris en charge; s’il a montré par le passé qu’il savait mettre en scène avec beaucoup de talent,  on se demande bien pourquoi il s’est lancé dans  ce genre d’opération..

 

Philippe du Vignal

LA GRANDE TROUPE

 

LA GRANDE TROUPE  Premiers pas Cartoucherie

 

Au terme de ce 7ème festival de troupes théâtrales organisé par Alexandre Zloto avec la participation active et totale des six compagnies investies du 3 septembre au 11 octobre, c’est la soirée de clôture avec la grande troupe, avec une trentaine de comédiens. Cette année, ils ont travaillé autour du cinéma, d’abord un film sur les Premiers pas 2003, confiés par Ariane Mnouchkine à Alexandre Zloto, avec le soutien de Thierry Pariente, alors directeur de THECIF. Des problèmes techniques interrompent le film, mais on enchaîne avec la projection muette du générique d’un western, Rio Bravo dont les comédiens vont faire un doublage fantaisiste et les bruitages avec toute une batterie de cuisine. C’est un peu désordonné et généreux, on rit beaucoup dans ce chapiteau bourré, on reprend confiance dans l’avenir du jeune théâtre (oublié depuis la fin des années 70).

Edith Rappoport

Septentrion

Septentrion de Louis Calaferte, mise en scène d’Alain Paris. 

  Quinze ans après sa mort, Calaferte reste aussi mal connu ou presque que de son vivant. Et pourtant, il écrivit vingt trois pièces, de nombreux essais et carnets; on avait pu voir de lui cet été en Avignon La Bataille de Waterloo mis en scène par Patrick Pelloquet. Alain Paris, lui, s’est attaqué à Septentrion écrit en 56, sans doute très autobiographique,  où l’auteur nous parle de ses années d’ouvrier pauvre qui voulait devenir écrivain , en proie à la faim, à la solitude et ne sachant pas toujours où il pourrait dormir le soir, mais aussi de sa liaison avec une certaine Nora qui le paye en repas pour qu’il lui fasse l’amour – en termes calafertiens « lui servir sa ration quotidienne ». Comme Calaferte appelle un chat un chat et se réjouit de faire participer le lecteur aux séances érotiques en n’oubliant aucun détail, on peut se douter que l’ouvrage fut aussitôt censuré puis  interdit à la vente. Le texte est écrit dans une langue magnifique: « Il n’y a pas de mesure à la mesure des mots, écrivait-il, il ne viendrait à personne l’idée de mettre un frein à la clarté nue de midi en été. Les mots: silex et diamant ». Reste à ce que l’on peut faire de ce texte incendiaire, violent, où les mots claquent, surtout quand il parle du sexe de Nora: « Le jus ruisselait d’elle comme une fontaine à soda ». C’est d’une violence parfois incroyable et aucun doute là-dessus, cela peut faire théâtre. Jean-Pierre Miquel ,metteur en scène et administrateur de la Comédie-Française ami proche de Calaferte l’avait bien compris.  Alain Paris met en scène un comédien , accompagné d’un batteur; sur le sol un tapis rouge et jaune brillant assez durs. Et cela ne fonctionne pas vraiment, même si la diction est impeccable. Mais le texte, souvent hurlé au micro HF, et parfois sur fond de batterie, n’est pas pris en compte.

  Et malgré la crudité des mots, le spectacle ne fonctionne pas vraiment passées les dix premières minutes. La faute à qui ? A une direction d’acteurs et à une mise en scène des plus médiocres.  Cela dit, les adolescents qui peuplaient en grande majorité la salle -etdont une de leurs enseignantes avait l’air horrifié- sont restés calmes pendant cette heure et quart mais semblaient quand même s’ennuyer. Ce n’est sans doute pas ce genre de prestation qui leur fera aimer le théâtre… 

  Alors à voir. Non, mieux vaut éviter ce genre d’épreuve et rester chez soi à lire Calaferte si l’on en a envie… De toute façon, le spectacle n’a été joué  qu’une fois  à  La Caravelle de Meaux et ne le sera que deux fois en Seine et Marne!

Philippe du Vignal

Alain Crombecque

Décès brutal d’Alain Crombecque

 

    ac.jpgDeux des artistes  qu’il avait invités au Festival d’Automne PIna Bausch d’abord et Merce Cunningam sont partis il y a quelques mois , et voilà qu ‘ à soixante dix ans, il s’en est allé à son tour lundi dans le métro, victime d’une crise cardiaque qui l’a foudroyé.

  Je me souviens de lui,  l’air insouciant (en apparence du moins) et les yeux dans le vague, quand il n’était encore que chargé de relations publiques de Jérôme Savary ,  il y a bien bien longtemps. Comme je lui demandais quelques photos pour un article, alors qu’il était, au contrôle d’un théâtre , en train de répondre au téléphone d’une main et de donner ses billets à un spectatrice: » Ouais, ouais,  j’y pense,tu les auras demain . Et l’amie qui était avec moi, n’y croyant pas du tout, m’avait  dit: « tu peux toujours compter dessus.! » ..Mais si, les photos impeccables étaient là avant neuf heures sous mon paillasson comme promis. Il était déjà d’un grand professionnalisme.
Je me souviens de sa joie à la première, quand il avait  invité Le Soulier de Satin, dans la superbe mise en scène de Vitez,  au Festival d’Avignon qu’il dirigeait alors.
Je me souviens , quatre ou cinq  mois avant le début du Festival d’Automne, quand ,dans un bistrot près de la Place des Vosges, il nous détaillait les grandes lignes  du programme du Festival d’Automne, sans jamais chercher à nous influencer, avec conviction et simplicité, simplement parce qu’il croyait, en quelques mots , sans esbrouffe mais avec une foi qui soulève les montagnes.
Je me souviens aussi d’un soir il y a bien longtemps aussi  où il était venu dîner avec son amie Corinne et, où  il n’avait guère dit que quelques paroles polies, comme il faisait souvent, en épargnant ses mots  pour ensuite nous raconter d’un seul coup et pendant deux heures – et nous l’écoutions avec passion- tous les voyages qu’il avait fait à l’étranger quand , très jeune encore, il était à l’UNEF.
 Je me souviens encore l’an passé  quand nous étions revenus ensemble dans le tramway,  après   L’Opérette imaginaire de Valère Novarina que sa nièce Marie Ballet et Jean Bellorini avaient monté et que nous avions tous les deux beaucoup aimé et qu’il analysait avec une acuité et une sensibilité remarquables.
 Je me souviens l’avoir encore rencontré il y a quelques jours dans un théâtre comme je l’y rencontrais souvent. Voilà , c’est tout. Nous sommes tous tristes: Alain Crombecque était un homme de grande qualité.

Philippe du Vignal

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