LA BONNE ÂME DE SE-TCHOUAN
LA BONNE ÂME DE SE-TCHOUAN
De Bertolt Brecht, mise en scène Anne-Margrit Leclerc, dramaturgie Bernard Beuvelot
Ce sont de belles retrouvailles avec le Théâtre du Jarnisy, compagnie lorraine qui n’a pas baissé la garde depuis les beaux débuts des années 70, née dans le sillage de Jacques Kraemer et du dynamique Théâtre Populaire de Lorraine. C’est un bonheur de voir cette pièce de Brecht, auteur clairvoyant mort en 1956, dont les personnages sont étrangement d’une brûlante actualité et dont les représentations ont lieu devant une salle pleine d’un public mélangé et enthousiaste.
Dans la capitale d’un Se-Tchouan à demi-européanisé, trois dieux sont descendus à la recherche d’une bonne âme qui puisse les héberger. Le porteur d’eau Wang se propose de les secourir, persuadé que les riches propriétaires seront honorés par de tels hôtes, mais toutes les portes se ferment. Seule, la prostituée Chen-Té qui ne pourra payer son loyer le lendemain en l’absence de la passe nécessaire, accepte de les recevoir pour la nuit. Le cadeau royal qu’elle reçoit lui permet de prendre en location une petite boutique dans son quartier, mais elle devient vite la proie de ses voisins et de sa propriétaire qui profitent de son bon cœur et pillent le peu qu’elle gagne.
Elle doit donc s’inventer un inflexible cousin, Shui-Ta qui vient mettre de l’ordre dans ses affaires et la protège contre l’aviateur Yang Su dont elle est tombée amoureuse. Ce cousin est une autre face d’elle-même et monte une prospère exploitation de tabac, grâce à l’argent donné par son vieux voisin devenu amoureux de Chen-Té.
Stéphanie Farison interprète la double face de ce personnage avec virtuosité, aux côtés de sept autres comédiens qui font merveille, en sautant d’un personnage à l’autre. Comment rester bon dans une société mauvaise, c’est la question posée par Chen-Té aux dieux à la fin du spectacle, qui reste d’une terrible actualité !
Edith Rappoport
Théâtre de Montbéliard