Le dernier cri de Constantin
Le dernier cri de Constantin
Par le Théâtre sans toit, mise en scène Pierre Blaise
Qui ne connaît Constantin Stanislavski ? Tout le monde, et finalement personne, car c’est la méthode, et non l’homme lui-même que nous apprécions. Rencontrer ce grand théoricien du théâtre et directeur d’acteurs, qui plus est à l’œuvre, c’est ce que propose Pierre Blaise avec Le dernier cri de Constantin. Un spectacle dont les personnages sont Stanislavski et ses élèves. Ces derniers sont aussi les manipulateurs, cachés ou visibles, de marionnettes qui les représentent, telles des doublures.
Le spectacle commence par une répétition d’Othello : les deux marionnettes sont peu convaincantes, le maître reprend celle qui joue Othello, lui montre comment faire : il répète des dizaines de fois cette réplique à Desdémone : « Ce mouchoir que j’aimais tant et que je t’avais donné, tu l’as donné à Cassio. » jusqu’à trouver le ton juste.
Ainsi, sous nos yeux, Stanislavki fait faire à ses élèves de nombreux exercices, tous fondés sur l’authenticité des sentiments. C’ est en effet la vérité du jeu de l’acteur que cherchait le maître. Et l’une de ses pratiques était de faire « comme si » : « Et si vous étiez… comment agiriez-vous ? »La belle Maria et le jeune Kostia apprennent en multipliant les épreuves et les expériences. De même, les marionnettes improvisent et inventent. D’ailleurs, la marionnette rend peut-être davantage visible le travail pédagogique, par son mouvement et son expressivité. D’autant que l’acteur-manipulateur n’est pas forcément caché, il agit aussi devant nous. Il y a donc double travail et redistribution des rôles : qui est manipulateur ? Qui est manipulé ? Qui est le maître ? Qui est l’élève ?
Ce spectacle dégage beaucoup d’énergie et de plaisir : un maître charismatique, une élève – Maria – charmante avec son accent slave, des marionnettes infatigables et amusantes, des exercices nombreux, différents et jamais lassants, puisque l’on peut voir la célèbre méthode en application : ce n’est pas tous les jours qu’on assiste à une répétition d’acteurs et de marionnettes ! L’ensemble est donc riche en propositions.
La fin, plus expérimentale, ne livre pas toutes ses clés. Mais la reprise du dernier acte d’Othello, avec Desdémone s’exprimant en russe, est touchante : même si l’on ne comprend pas la langue, on saisit en toute l’émotion et toute la force…
Barbara Petit
Le 6 novembre au Théâtre des Arts, L’Apostrophe, Cergy-Pontoise
J’ai vu ce spectacle et je le conseille également car j’ai passé un très agréable moment de détente.