Passion Théâtre de Micheline Boudet

Passion Théâtre de Micheline Boudet

     34262.jpgCe ne sont pas à proprement parler des souvenirs mais plutôt le parcours d’un petit rat de l’Opéra qui y rencontre un autre petit rat, nommée Marie Bellon qui deviendra par la suite Marie Bell dont elle retrace la vie, en même temps que la sienne. Comme les temps de sa jeunesse furent, disons, troublés: la guerre,la débâcle de 40 et l’occupation allemande avec les premier bruits de botte de l’armée du Reich sur les Champs-Elysées, l’antisémitisme avec le départ contraint vers l’étranger de Vera Korène , d’Henri Bernstein et de combien d’autres,  et enfin l’épuration , avec ses règlements de compte pas toujours très propres. Micheline Boudet raconte leur entrée dans le petit univers du théâtre où elle firent une longue et brillante carrière, notamment à la Comédie-Française où elle furent toutes deux sociétaires: Micheline Boudet y joua beaucoup, entre autres : Feydeau , Musset, Molière et Marivaux. Marie Bell, décédée en 85,  y créera le rôle de Dona Prouhèze dans Le Soulier de satin, jouera magnifiquement Phèdre et accueillera Peter Brook avec Le Balcon de Genet dans son Théâtre du Gymnase qui porte aussi maintenant son nom. On croise au fil des pages nombre d’acteurs célèbres et reconnus comme Raimu, Jouvet, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, Gérard Philipe, Pierre Dux, Arletty, Robert Hirsch, Jeanne Moreau mais aussi des écrivains comme Céline.

  Micheline Boudet rappelle que c’est grâce à Marie Bell qui intervint auprès de Nordling, consul général de Suède, que Céline put rentrer d’un exil de sept ans, lequel Raoul Nordling avait aussi agi auprès de Von Choltilz pour qu’il ne mette pas à exécution l’ordre d’ Hitler de détruire Paris. Elle évoque  aussi les hommes politiques de l’époque qui, ne dédaignaient pas  de choisir une amoureuse parmi les actrices de théâtre, comme Georges Mandel avec Béatrice Bretty, Mandel qui sera  assassiné par la milice , ou Edouard Herriot. Micheline Boudet dit les choses simplement, ne parle que de ce qu’elle a vécu, avec beaucoup de fraîcheur et d’humilité, ce qui n’est pas si fréquent chez les comédiens , et, comme comme cette petite chronique du théâtre français des années 50, plutôt bien écrite, est aussi un peu celle de la vie politique française de ces années-là, ces deux cent pages se lisent très vite, et l’ on en redemanderait bien une petite louche…

  Même si les noms évoqués, si familiers à Micheline Boudet et à ceux de la génération qui suivit, sont maintenant presque tous inscrits sur des pierres tombales, et risquent de ne rien évoquer aux jeunes gens d’aujourd’hui, ce livre contribue très utilement à la mémoire du théâtre français.

Philippe du Vignal

Editions Robert Laffont; prix : 18 euros

 

DAROU L ISLAM |
ENSEMBLE ET DROIT |
Faut-il considérer internet... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Le blogue a Voliere
| Cévennes : Chantiers 2013
| Centenaire de l'Ecole Privé...