AU FIL D’ ŒDIPE
AU FIL D’ ŒDIPE
Tentative de démêlage du mythe par les Anges au plafond sous le regard de Camille Trouvé
Les Anges au plafond sont nés en 1999, ils sont issus de la vaillante compagnie des Chiffonnières qui ont présenté de beaux spectacles de théâtre d’objets dans une joyeuse itinérance et de belles roulottes, parfois avec la compagnie Babylone et avec leurs propres moyens, je garde un beau souvenir du Bal des fous à Aurillac. Les Chiffonnières disposaient d’un atelier à Malakoff, malheureusement vendu à un marchand de biens, elles ont été régulièrement accueillies par le Théâtre 71 pour leurs créations, tout comme les Anges au plafond, dont c’est le 3e spectacle. Camille Trouvé, belle et bonne actrice a d’abord monté Le cri du quotidien, assise à une table manipulant les objets qu’elle avait conçus, l’équipe s’est lancée dans cette tentative de défroissage du mythe dont le premier volet était Une Antigone de papier belle performance de comédiennes manipulatrices et musiciennes, sous l’œil et la plume de Brice Berthoud qui en avait fait un adaptation originale.
Ce spectacle reste au répertoire, en alternance avec Au fil d’Œdipe, joué cette fois par une distribution exclusivement masculine dans le même dispositif de petits gradins circulaires spartiates installés sur le plateau du Théâtre 71. On s’arrache les places et les adolescents présents ce soir-là sont restés d’un silence tendu, impossible de décrocher une seconde ! C’est Brice Berthoud qui mène l’épopée sur un radeau environné de cordages, surplombé d’une dizaine de paquets de chiffons blancs qu’il déplie tour à tour pour en faire surgir les protagonistes du drame: Œdipe, Jocaste, Créon, Laïos, Antigone, effrayantes et très humaines marionnettes dont il mène les dialogues avec de surprenantes transformations vocales.
Il est accompagné de trois superbes musiciens, en particulier Wang Li et Piero Pepin, les effets scéniques sont une merveille permanente, comme cette montée du radeau sur la mer furieuse dont on peut voir les lames et il y a une réelle complicité entre les protagonistes de ce drame. Une émotion et une simplicité rare,s rendue possible grâce à l’accueil de la Fabrique des arts, nouveau lieu de répétition du Théâtre 71.
Edith Rappoport