Candide
Candide, texte d’Yves Laplace, mise en scène d’Hervé Loichemol
Il était une fois un jeune homme, bâtard, mais bercé par une bonne nature, un philosophe optimiste et une famille d’accueil pas trop regardante jusqu’à ce que… ses privautés avec la fille de la maison, la belle Cunégonde, jettent Candide sur les routes : guerres, cruautés, tremblement de terre, fanatisme religieux, ingratitude… Lui-même, le jeune homme pacifique, est amené à tuer, bref, le musée des horreurs et de l’inhumanité.
Voilà le conte qu’il fallait au monde d’aujourd’hui, comme si Voltaire avait pressenti ce « meilleur des mondes possibles », violent à l’image de la terrible “virée“ de Candide d’un continent à l’autre, aujourd’hui global et capitaliste, puisqu’on vous dit que c’est la fin de l’Histoire…. Heureusement, Candide a son moteur – retrouver Cunégonde -, et Voltaire son humour, sa vitalité, vraie forme combative d’un optimisme pragmatique et sans illusions. Et le fameux jardin qu’il faut cultiver, si possible sans pesticides.
Yves Laplace a écrit une adaptation fidèle et moderne, donnant la parole à ce “sans papier“ qu’est Candide. Hervé Loichmol a choisi pour le rôle l’excellent William Nadylam, virtuose et tendre, histoire de radicaliser la chose.
Que dire ? La scénographie est inventive, les acteurs, démultipliés dans tous les rôles, sont en plus de très bons musiciens, tout est bien, et… ça ne marche pas vraiment. Certaines allusions à l’histoire récente (les suites de la seconde guerre mondiale, les casques bleus et l’ONU en ex-Yougoslavie) pèsent sans éclairer. La fin, qui ne voudrait pas s’en tenir au fameux jardin, s’effiloche sans questionner franchement le conte. On applaudit le travail, l’intelligence du propos, et on reste sur sa faim. Le public jeune apprécie cette mise en spectacle et en actualité d’un texte qui lui est familier… Mais ce Candide souffre peut-être de rester entre deux chaises: celle de l’interrogation sur aujourd’hui, et celle de la révérence à Voltaire.
Christine Friedel
Nouveau Théâtre de Montreuil-CDN jusqu’au 8 décembre.