Liliom

Liliom de Ferenc Molnar, mise en scène de Marie Ballet 

fr12581115104889.jpgUne pauvre légende de banlieue (sous-titre donné par Ferenc Molnàr à son Liliom) : la petite “bonniche“ Julie pouvait-elle vivre avec le mauvais garçon, Liliom, le bonimenteur du manège de Madame Muscat ? Ils s’aiment, lui à coups de claques, elle, à force d’encaisser sans se soumettre. Elle attend un enfant, et tout ce qu’il trouve pour faire face, cet imbécile, c’est de monter un coup foireux avec son fascinant et minable copain Dandy, pour se suicider ensuite. Et tant pis pour le rêve d’Amérique. Pas de quoi en faire une légende, et pourtant, à tout juste cent ans, la pièce “marche“ plus que jamais, drôle et poignante.
Socialement, il n’y a pas si loin entre le “vaurien“ et le délinquant, entre la petite bonne  de 1909 à la merci d’un renvoi et la travailleuse précaire d’aujourd’hui. De même pour le “droit au logement“ : si Liliom et Julie n’étaient pas hébergés par la Tante Hollander… Si Liliom et devenu un classique, c’est que Molnar a posé d‘emblée, au début du vingtième siècle, un type de marginaux – ou plutôt des “marginalisés“ -, qui, dans l’orgueil de leurs minuscules révoltes et l’immensité de leur amour impossible  à dire, atteignent à la dignité des rois. Voilà pour la légende.
La saison dernière, Frédéric Bélier-Garcia avait donné un beau Liliom (http://theatredublog.unblog.fr/2009/05/10/614/) dans un décor impressionnant de Sophie Perez et Xavier Boussiron. Un monde à l’image du King Kong crachant les clients du toboggan : voilà le Moloch capitaliste qui vous dévore, mesdames et messieurs. Le personnage du tourneur – le bon ouvrier qui veut bien récupérer Julie, jeunette veuve et enceinte, à condition qu’elle s’occupe de ses propres enfants – incarnait une pesante et triste domination masculine, on était un peu plus du côté d’Horvath et de son Casimir et Caroline de l’amour empêché par le chômage et la crise.
Marie Ballet a pris un autre parti : dans un décor minimal, tout l’accent est mis sur l’histoire d’amour, avec son prolongement chez les “flics du paradis “. Pour la fête foraine : juste une guirlande d’ampoules, un air d’accordéon et une caravane minable qui sera le logement de Julie et Liliom. Costumes minimalistes également : “marcel“, bretelles et casquette pour lui, robettes de toujours – enfin, de tout le vingtième siècle – pour les filles, mais courtes à la mode d’aujourd’hui. Et c’est bien cette façon de foncer droit dans l’attitude, la gestuelle, le parler d’aujourd’hui qui fait la qualité du spectacle : inutile de montrer le social, il est dans les mots, et la façon ultramoderne de les jeter, ou de les garder noués dans la gorge quand il s’agit de mots d’amour.
Dans son texte de présentation, Marie Ballet parle beaucoup du cinéma et de la photographie. Il est vrai que le cinéma s’est très tôt emparé de Liliom. Mais le charme particulier de sa mise en scène , c’est qu’elle mise  peu sur l’image, pas du tout sur l’esthétisme, et tout sur le pur théâtre, à savoir :le jeu et la présence intense, sans failles, d’une bande de comédiens exemplaires, dans une scénographie “réduite“ à l’essentiel, tremplin d’émotion et de lucidité. 
On l’aura compris :  un spectacle à ne pas manquer.

Christine Friedel.

 

Théâtre de la Tempête à la Cartoucherie, jusqu’au 13 décembre.

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Liliom  ou la vie et la mort d’un vaurien de  Ferenc Molnar, mise en scène de Marie Ballet.

Quelques mots pour dire que nous sommes un peu  moins enthousiastes que ne le fut Christine Friedel ( voir Théâtre du Blog de novembre) quand elle vit le Lilom de Marie Ballet. Tout est mis effectivement sur l’interprétation: mais deux choses ne  passent pas vraiment bien: une scénographie assez peu convaincante où une pauvre caravane tient beaucoup de place et ne semble pas remplir une fonction évidente. Et les comédiens la font bouger à plusieurs reprises, puis l’enveloppent d’un rideau noir au moment du Jugement de Liliom quand il se retrouve au Ciel. Quant à la fête foraine… on a, désolé,  un peu de mal à y croire; même avec trois euros et demi, l’imagination aurait pu être un peu plus vivace, et côté costumes, cela manque singulièrement d’unité et tout simplement de qualité.
Quant à la dramaturgie, on ne saisit pas très bien et cela ne ressort ni dans le spectacle ni dans le petit texte de présentation pourquoi Marie ballet a adopté le parti pris de choisir deux actrices d’origine maghrébine  pour jouer Julie et Marie et deux comédiens africains pour jouer Liliom et Le détective. Par ailleurs, Naydra Ayad qui est pourtant une bonne comédienne ne semble pas très à l’aise et on sent peu chez elle l’amour qu’elle ressent pour Liliom, alors que Boutaïna Elfekkak  dans le rome secondaire de marie est elle beaucoup plus  convaincante. Quant à Noémie Develay-Ressiguier qui joue brillamment Louise la très jeune fille de LIliom à la fin de la pièce, il est difficile de croire une seconde à son personnage de fliquette. Jean-Chrisptohe Folly interprète , lui, Liliom , avec beaucoup de nuances et de sensibilité. Et Olivier Bernaux est tout à fait remarquable dans le rôlel pas commode du Secrétaire du ciel. Et Emmanuelle Ramu sait passer du personnage de Madame Muscat à  celui de la tante Hollander avec maestria. Donc en résumé une distribution et une mise en scène un peu inégales et pas vraiment  convaincantes
C’est du travail honnête,  comme on dit, mais qui n’ a pas la solidité de celui d’Opérette imaginaire de Novarina présenté l’an passé au Théâtre de la Cité Universitaire. Alors à voir? A vous de choisir mais nous avons été un peu déçus…

Philippe du Vignal

Théâtre de la Tempête jusqu’au 13 décembre.

Le texte français de Krstina Rady, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas est publié aux Editions Théâtrales

 

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