PLATONOV
PLATONOV MC 93 de Bobigny
D’Anton Tchekhov, adaptation et mise en scène de Lev Dodine, Maly drama theatre de Saint Petersbourg.
La MC 93 avait été la première à inviter Dodine, il y a une vingtaine d’années avec le superbe Gaudeamus monté avec les élèves de l’Académie théâtrale de Saint Petersbourg, on avait pu voir peu de temps après Des étoiles dans le ciel du matin de Galine à l’Odéon ( pièce mieux réalisée à mon avis, avec moins de moyens par Lisa Wurmser !) et Frères et sœurs d’Abramov. Du 7 novembre au 11 décembre 2009, on peut voir 25 ans du répertoire de Lev Dodine, soit 8 spectacles présentés pour 2 représentations, on s’arrache les billets, les invitations sont proscrites et on comprend pourquoi !
Platonov, » la pièce sans nom » est l’un des derniers textes retrouvés en 1920, bien après la mort de Tchekhov, c’est probablement le premier qu’il ait écrit. Il n’y a pas de héros, ou plutôt un héros malgré lui. Ce Platonov, ancien étudiant fêtard attardé a dû se ranger, il est devenu instituteur, s’est marié avec une héritière bien en chair dont il a eu un enfant. Il y a une fête dans une riche propriété et Platonov y retrouve d’anciennes amours, il en noue aussi de nouvelles, parfois sans y prendre garde, car elles tombent dans ses bras comme des mouches dans l’ivresse générale. L’imposante scénographie d’Alexeï Poraï Koshits, structure de bois à 3 niveaux surplombant une piscine, conduit la mise en scène. Tous les personnages, et surtout Platonov ne cessent de s’y plonger, de nager dans cette eau glauque, métaphore de leurs renoncements et de leurs abandons. Tout le spectacle se déroule dans une fête permanente, huit valets en grande tenue ne cessent de servir, de desservir les tables, de jouer aussi de la musique. Dès l’ouverture, pendant que Platonov se lance dans ses premiers numéros, Kirill Glacoliev -étonnant Stanislav Nikolski-, fils de banquier fait irruption, il agresse son père, l’accusant de ne pas lui avoir envoyé assez d’argent pour le faire vivre en France. Pique assiette lamentable et veule, on le voit s’empiffrer en douce. Toute la distribution est étincelante, en particulier l’imposante Maria Nikiforova, qui malgré ou à cause de son obésité interprète une émouvante Sacha, l’épouse de Platonov. On rit beaucoup, on est émus par ce spectacle éblouissant, après un premier acte qui peine un peu à s’imposer, avec la gymnastique de la lecture des sous-titres et la difficulté de se repérer dans les relations entre les personnages. N’ayant pas relu la pièce que j’avais vue à l’Odéon montée par Lavaudant ou était-ce au Théâtre des Amandiers par un autre metteur en scène ( ?), je n’ai pas bien saisi l’histoire de la vente de la propriété par l’intermédiaire du riche marchand juif, Venguerovitch, pour le compte de quelqu’un d’autre. Finalement tout le monde a mal à Platonov !
Edith Rappoport