L’automne théâtral à Madrid
L’automne théâtral à Madrid
Malgré la crise qui frappe durement l’Espagne ( le bout du tunnel n’est pas encore en vue) et malgré la chute vertigineuse des subventions d’État et des autorités territoriales, l’activité théâtrale ne décroît pas, et les salles sont pleines. Dans certains théâtres, les places pour les nouvelles créations (qui ne sont pas des spectacles de boulevard ni des comédies de divertissement), sont vendues plusieurs semaines à l’avance. C’est le cas, par exemple, de Dracula, dernière pièce d’Ignacio Garcia May, qui appartient à la nouvelle génération des dramaturges et qui n’est ni une star ni un auteur commercial.
En novembre, à la programmation normale des théâtres, s’ajoutent celle du Festival d’Automne, le Festival des dramaturgies contemporaines « Scènes de novembre » et le Salon International du Livre de Théâtre.
Avec sa 26e édition, le Festival d’Automne de la Communauté de Madrid (dirigé par Ariel Goldenberg, ex-directeur du Théâtre National de Chaillot) arrive à son terme pour réapparaître au printemps prochain sous la même forme mais sous une nouvelle appellation, Festival de Printemps. Et cela rééquilibrera sans doute la saison théâtrale.
La dernière édition du 4 au 29 novembre 2009, semblable aux précédentes, a accueilli ce qu’il y a de plus en vue et au top de la modernité actuelle sur la scène nationale et internationale. Mais il s’agit des mêmes produits qu’on voit toujours dans les grands théâtres et les festivals. La chambre d’Isabela de Jan Lauwers, La fin de cet état des choses (Redux) dernière création du chorégraphe andalou Israel Galvan, La casa de la fuerza d’Angelica Lidell, auteur à la mode, une sorte de Rodrigo Garcia au féminin, les créations récentes de deux Argentins : Daniel Véronese et Claudio Tolcachir qui viennent désormais régulièrement en France, et celles du Festival International de Théâtre de Naples, partenaire incontournable depuis peu des grandes institutions européennes, etc… Bref une vitrine qui reste… une vitrine.
Autre grand rassemblement du monde du théâtre autour de l’écrit et du livre, le Salon International du Livre de Théâtre » dont la 10 ème édition s’est déroulée dans un lieu dédié à la culture: la station de métro Nuevos Misnisterios, qui dispose d’un vaste espace pour de nombreux stands et pour une grande salle de spectacle.
Organisé depuis 2000 par AAT (Association des Auteurs de Théâtre), équivalent espagnol de notre EAT (Écrivains Associés de Théâtre) , ce salon est devenu une institution importante mobilisant chaque année des éditeurs d’Espagne et de l’Etranger, des librairies de théâtre, des auteurs, des metteurs en scène et des acteurs.
Le Prix du meilleur travail éditorial, attribué chaque année, a été décerné pour 2009, à juste titre, à l’Association des Metteurs en Scène d’Espagne qui, depuis plus de vingt ans , publie une remarquable revue de théâtre ADE Teatro et plusieurs collections de théâtre : monographies et essais, textes inédits oubliés, historiques, et dramaturgies contemporaines espagnoles et étrangères.
Pendant le salon, et toute la journée, on peut rencontrer et découvrir les auteurs actuels à travers des lectures auxquelles sont associés des metteurs en scène et des écoles de théâtre. Il y a aussi un concours de théâtre express : les candidats doivent écrire sur place un texte n’excèdant pas dix minutes sur un thème qui est donné juste avant.; et les Prix du Théâtre Express : 1200 € et 600 € sont décernés à des auteurs de moins de trente ans. Cette « auberge espagnole des dramaturgies » de qualité inégale est cependant un bon stimulateur de l’ écriture théâtrale et un important rendez-vous des éditeurs, auteurs et praticiens de théâtre.
Irène Sadowska guillon