Le Chemin solitaire

Le Chemin solitaire d’Arthur Schnitzler par  la compagnie tg STAN

      20091203cheminsolitaire.jpgChaque spectacle de la compagnie anversoise tg STAN est un véritable plaisir pour le spectateur français, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Leur approche résolument contemporaine du théâtre est remarquable et salutaire. Scénographie minimaliste : ni coulisses, ni rideau, ni plafond. Le sol est jonché d’éléments hétéroclites qui viendront, le temps venu, se rappeler à nous : un vieux tourne-disque, une bouilloire, un grille-pain, une benne à broyer, une poubelle, un seau, une bassine, une chaise, une cafetière, une citrouille, une boîte en carton…

  Les Belges qui ont plus d’humour que les Français, ne considèrent pas le théâtre comme une chose grave ou sérieuse ,mais vivante et légère, en interaction constante avec le spectateur. Ainsi, quand la benne se met en route, les comédiens sont obligés de hurler pour se faire entendre. Quelqu’un dans le public éternue : un comédien lui souhaite : « Santé ! » Un personnage déclare vouloir grignoter un morceau : les toasts s’éjectent du grille-pain, et quand il demande à boire un thé , le sifflement de la bouilloire indique que l’eau est prête.
Le jeu de la compagnie tg Stan est excellent et novateur : postures particulières, mimiques, diction singulière, clins d’œil et adresses au spectateur… Et parfois même ressemble à de l’antijeu, ce qui interpelle. Quand le comédien flamand prend en compte son public, celui-ci se sent exister. Les acteurs échangent leur rôle (après avoir échangé leur blouse) au cours d’une même scène, et l’effet est saisissant.  Et ils  incarnent  leur personnage  chacun à sa manière, selon sa sensibilité. D’un point de vue symbolique, cela signifie-t-il que nous sommes tous capables du pire?

 Et les comédiens ne sont pas tous jeunes-beaux-minces-grands et  ont un physique « ordinaire », dont le public se sent proche. Quant au texte de Schnitzler, il  est magnifique, d’une profondeur et d’une lucidité troublante, comme chez la plupart des écrivains de langue allemande. Ici, il est question de trahison :  paternité inavouée, désir de maternité avorté. Dans la famille ou dans l’amitié, des existences entières, bercées d’illusions, reposent sur le mensonge. Qu’est-ce que la vie rêvée en comparaison de la vie réelle ? Un artiste peut-il seulement vivre comme n’importe qui ? La fuite et le départ sont-elles vraiment la seule issue ?

 Schnitzler a écrit sa pièce en 1904, une époque où les mots « départ », « retour », « voyage » n’avaient pas la même signification qu’aujourd’hui., et où le rapport au temps était différent. Un temps plus précieux, pris en étau entre la maladie et la mort. La Faucheuse qui vient nous chercher ou la fin que l’on se donne. Ce collectif flamand donne un coup de pied dans la fourmilière de nos conventions poussiéreuses, et le public, ravi, en redemande.

Barbara Petit


Au Théâtre de la Bastille , jusqu’au 17 décembre.


Archive pour 6 décembre, 2009

Le Chemin solitaire

Le Chemin solitaire d’Arthur Schnitzler par  la compagnie tg STAN

      20091203cheminsolitaire.jpgChaque spectacle de la compagnie anversoise tg STAN est un véritable plaisir pour le spectateur français, et celui-ci ne déroge pas à la règle. Leur approche résolument contemporaine du théâtre est remarquable et salutaire. Scénographie minimaliste : ni coulisses, ni rideau, ni plafond. Le sol est jonché d’éléments hétéroclites qui viendront, le temps venu, se rappeler à nous : un vieux tourne-disque, une bouilloire, un grille-pain, une benne à broyer, une poubelle, un seau, une bassine, une chaise, une cafetière, une citrouille, une boîte en carton…

  Les Belges qui ont plus d’humour que les Français, ne considèrent pas le théâtre comme une chose grave ou sérieuse ,mais vivante et légère, en interaction constante avec le spectateur. Ainsi, quand la benne se met en route, les comédiens sont obligés de hurler pour se faire entendre. Quelqu’un dans le public éternue : un comédien lui souhaite : « Santé ! » Un personnage déclare vouloir grignoter un morceau : les toasts s’éjectent du grille-pain, et quand il demande à boire un thé , le sifflement de la bouilloire indique que l’eau est prête.
Le jeu de la compagnie tg Stan est excellent et novateur : postures particulières, mimiques, diction singulière, clins d’œil et adresses au spectateur… Et parfois même ressemble à de l’antijeu, ce qui interpelle. Quand le comédien flamand prend en compte son public, celui-ci se sent exister. Les acteurs échangent leur rôle (après avoir échangé leur blouse) au cours d’une même scène, et l’effet est saisissant.  Et ils  incarnent  leur personnage  chacun à sa manière, selon sa sensibilité. D’un point de vue symbolique, cela signifie-t-il que nous sommes tous capables du pire?

 Et les comédiens ne sont pas tous jeunes-beaux-minces-grands et  ont un physique « ordinaire », dont le public se sent proche. Quant au texte de Schnitzler, il  est magnifique, d’une profondeur et d’une lucidité troublante, comme chez la plupart des écrivains de langue allemande. Ici, il est question de trahison :  paternité inavouée, désir de maternité avorté. Dans la famille ou dans l’amitié, des existences entières, bercées d’illusions, reposent sur le mensonge. Qu’est-ce que la vie rêvée en comparaison de la vie réelle ? Un artiste peut-il seulement vivre comme n’importe qui ? La fuite et le départ sont-elles vraiment la seule issue ?

 Schnitzler a écrit sa pièce en 1904, une époque où les mots « départ », « retour », « voyage » n’avaient pas la même signification qu’aujourd’hui., et où le rapport au temps était différent. Un temps plus précieux, pris en étau entre la maladie et la mort. La Faucheuse qui vient nous chercher ou la fin que l’on se donne. Ce collectif flamand donne un coup de pied dans la fourmilière de nos conventions poussiéreuses, et le public, ravi, en redemande.

Barbara Petit


Au Théâtre de la Bastille , jusqu’au 17 décembre.

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