Tour Babel
Tour Babel, texte de Matthieu Malgrange, mise en scène de Bruno Thircuir.
L’Atelier du Plateau et La fabrique des petites Utopies ont réuni leur savoir-faire et l’énergie de leurs équipes pour construire cet sorte de conte urbain autour du mythe de Babel et qui rassemble des artistes de cirque , surtout acrobates , funambules , comédiens et musiciens, plus d’une douzaine sur le petit plateau entouré de gradins dans un chapiteau pouvant accueillir quelque quatre cent personnes. Dehors , près des petites caravanes , il y a deux fûts métalliques avec du feu de palettes et un camion bar.
Il y a de nombreuses familles et beaucoup d’enfants; cela commence par un dialogue sur un banc qui fait penser bien sûr au fameux Godot, et puis les numéros se succèdent avec beaucoup de virtuosité, accompagnés par quelques musiciens. Grâce à la remarquable mise en scène de Bruno Thircuir, très précise, et à la moins remarquable scénographie de François Gourgues qui a conçu un plateau avec des praticables qui se soulèvent , un escalier en métal qui se déplie et des trappes un peu partout: cela ressemble à un jeu de construction pour enfants, et le spectacle commence plutôt bien. Et il y a souvent des images d’une grande qualité comme cette fusion érotique de deux amants autour d’une corde, juste éclairés par le pinceau d’un projecteur ou cette funambule qui colle des roses rouges sur la rampe où elle monte lentement. Tout cela fonctionne sans à-coups malgré le nombre important d’acrobates et de comédiens qui investissent cette petite scène.
Oui, mais… il y a un manque d’unité flagrant avec le texte de Matthieu Malgrange, écrivain associé depuis près de dix ans à l’Atelier du Plateau. « Ici, on entend les larmes, la tendresse, la bêtise, le désir insatiable de vivre ensemble, et le rire des gosses qui font des doigts pleins d’honneur et de rage. » On veut bien mais ce texte que l’on perçoit mal à cause d’une mauvaise balance avec la musique assez prégnante, ne parait pas être d’une qualité exemplaire et susceptible d’entrer en relation réelle avec ce que l’on voit sur scène. Comme s’il y avait une frontière entre les images et les mots; Et ce n’est sûrement pas ce que Bruno Thircuir a voulu. C’est dommage, vu le capital d’énergie dépensé et l’évident savoir-faire de ces circassiens qui prennent souvent de grands risque physiques.
Alors à voir? C’est selon: oui, pour le travail des acrobates qui mérite un grand respect; non ,pour la conception de ce spectacle beaucoup trop long et qui aurait dû être beaucoup mieux pensé pour arriver à être vraiment convaincant.
Philippe du Vignal
Le spectacle a été créée au printemps dernier et s’est posé dans le Parc de Bagnolet pendant dix jours. A suivre en tournée…