La ballade de Simone

balladesimonetnykthes.jpgLa ballade de Simone, adaptation d’extraits  de textes de Simone de Beauvoir par Michelle Brûlé, mise en scène de Nadine Darmon.

C’est comme une sorte de ballade/promenade dans les textes essentiels de Simone de Beauvoir, La Force des choses, Le deuxième Sexe, texte de référence pour toutes les féministes et qui fit fureur dans les années 68 et quelque peu estoufadou, et ses Lettres à Nelson Agren, écrivain américain avec lequel Simone de Beauvoir eut une liaison passionnée, auquel elle écrivit quelque trois cent lettres,en anglais, puisqu’il ne parlait pas français, tout en continuant à vivre avec Sartre qu’elle rencontra en 47.

  Sartre avait été reçu premier  au concours d’agrégation de philo et elle seconde… Les  trois écrivains sont nés  et morts à quelques années de différence. Mais Simone, qui aidait beaucoup Sartre pour des scénarios de cinéma , et ce qui était aussi un travail alimentaire après qu’elle ait été exclue de l’Education nationale, ne se résoudra jamais à  l’abandonne et  ne vécut  avec Nelson que par courtes périodes jusqu’à ce qu’il se séparent définitivement. « Nelson, je vous aime mais est-ce que je mérite votre amour, puisque je ne vous donne pas ma vie ».

  On  a peine à imaginer aujourd’hui ce que ce couple mythique représentait pour la pensée collective d’un pays . L’enterrement de Sartre à Montparnasse en 80 fut comme une immense fête nationale où tout le monde accourut lui rendre hommage. Et l’on gardera de Simone de Beauvoir l’image d’une femme, ardente féministe ,très engagée, revendiquant sans cesse l’équilibre entre les deux sexes et la liberté réciproque,  et nous nous souvenons d’elle à la Fête des femmes  en 72,  proche des gens.. et qui parlait avec horreur du mariage…`

  On l’ a sans doute un peu oublié mais c’est grâce à des femmes comme Simone de Beauvoir que la France féministe  et mai 68 ont pu ouvrir une sacré brèche dans la société tenue par les mâles de la politique . Travail, santé, divorce, contrôle des naissances: notre cher et beau pays tenu  avait accusé un sérieux retard…La loi sur l’égalité  des salaires n’a été votée qu’en 72, l’application de la loi Neuwirth sur la contraception  et l’IVG n’ont  pu voir le jour ,grâce à la grande Simone Weill, conspuée et agonie d’injures par les députés mâles qu’en 75…. Quant à l’égalité dans la gestion du patrimoine conjugal , elle ne date que de 1985! 

  Et c’est ce que dit en filigrane , par le biais des citations de textes,  cette Ballade de Simone ,  sans jamais céder à la tentation d’une quelconque incarnation , en multipliant  les points de vue de deux femmes qui parsèment aussi les extraits des textes de quelques chansons de Piaf: l’une joue de l’accordéon et l’autre chante; c’est aussi admirablement fait : adaptation très fine du meilleur du Deuxième Sexe, et des autres livres par Michelle Brûlé ,  diction et gestuelle impeccable, jeu plein d’humour et parfois même en décalage avec l’écrit; bref,  l’on ressort de là en se trouvant un peu moins bête qu’en entrant. 

  Grâce à d’abord l’ excellente dramaturgie et à la mise en scène très précise  de Nadine Darmon , au jeu de Michelle Brûlé à la fois comédienne et philosophe, et accordéoniste- dans ce cas,  cela doit aider! – et Odja Lorca tout à fait solide et très à l’aise qui, en plus, chante très bien. ( à gauche sur la photo).Le spectacle, qui a été joué un peu partout,  bien rodé, est ici dans une forme exemplaire. Aucune prétention, aucune facilité mais un vrai bonheur de théâtre, on ne vous le répétera pas. Si vous êtes déçu, signalez-le nous mais cela nous étonnerait beaucoup…

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire à 21 heures du mardi au samedi.

Attention!  Cela vient de sortir: Le spectacle est repris à partir du 25 mai 2010 au Petit Montparnasse, 31 rue de la Gaieté, du mardi au samedi à  21 heures et le dimanche à 15 heures.


Archive pour 23 décembre, 2009

Mouvements de vie

Mouvements de vie d’Anna Halprin, traduit par Elise Aragaud et Denise Luccioni.

    Anna Halprin est sans doute  doute mieux connue aux Etats-Unis qu’en Europe , même si elle y a souvent séjourné. L’édition originale de ce livre date de 1994 et c’est avec son assistante Nelly Kaplan qu’elle a réuni de nombreux textes, articles et interviews  qui couvre  plusieurs décennies- où elle explique sa démarche créatrice et pédagogique; Anna Halprin habite en Californie du Nord dont la nature, dit-elle , a joué un grand rôle dans son travail; elle pense en effet que  l’être humain ne fait qu’un avec la danse.
Il y a beaucoup à lire et à réfléchir dans dans ce volume important,par ailleurs  bien illustré qui est, en somme le parcours artistique et personnel d’une femme énergique qui a résisté à deux cancers et qui a eu une influence décisive sur la danse mais aussi sur l’art contemporain en général. Notamment -on ne  peut citer chaque chapitre mais ceux relatifs aux pratiques Art/ vie de Anna Halprin où l’on trouve des textes très différents dans leur approche mais tout aussi passionnants pour qui s’intéresse à la danse mais aussi aux multiples facettes de l’art contemporain.
Comme ces expérimentations de rituels de mouvement, une des pratiques artistiques préférées, dans un texte qui date de 75 , ou l’excellent entretien avec Yvonne Rainer, l’une des plus connues parmi ses nombreux élèves qui fut l’une des fondatrices de la fameuse Judson Dance Theatre. Il y a aussi dans ce même chapitre l’histoire retracée du San Francisco Dancers’ Workshop (1973) et un court mais très intense article sur ce qu’Anna Halprin a appelé Citydanse où elle avait associé des danseurs de haut niveau à des amateurs de tout âge et de tout milieu. Et après l’improvisation( 1987 ) témoigne de l’expérience la chorégraphe qui, après avoir étudié la modern dance avec,entre autres,  Martha Graham  a essayé et réussi à se dégager de son influence. Il y a aussi un bel entretien: Une vie de rituel, (1990) avec le metteur en scène Richard Schechner où elle explique qu’elle a rencontré beaucoup moins de préjugés sur son travail dans le monde du théâtre que dans celui de la danse, et où elle explique qu’elle se sent assez proche de Jerzy Grotowski et d’Eugenio Barba.
 » Il nous est resté, dit-elle, le matériau brut de nos existences pour produire notre art. Ainsi a été mise en branle une force plus puissante, qui tien selon moi aux origines ancestrales de la danse et à son importance cruciale pour les être humains ». Et ce livre n’intéressera pas seulement les spécialistes et praticiens de la danse contemporaine mais tous ceux qui ont besoin de repère dans un domaine où les livres théoriques ne sont pas si nombreux. les textes sont de plus d’une grande clarté et l’on ne peut qu’en remercier cette dame de 89 ans.. qui continue encore , dit-on,  à danser et à enseigner,  pour cet ensemble de textes tout à fait passionnant.

 Philippe du Vignal

Editions Contredanse, 345 pages; 28 €

 

 

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