Mouvements de vie
Mouvements de vie d’Anna Halprin, traduit par Elise Aragaud et Denise Luccioni.
Anna Halprin est sans doute doute mieux connue aux Etats-Unis qu’en Europe , même si elle y a souvent séjourné. L’édition originale de ce livre date de 1994 et c’est avec son assistante Nelly Kaplan qu’elle a réuni de nombreux textes, articles et interviews qui couvre plusieurs décennies- où elle explique sa démarche créatrice et pédagogique; Anna Halprin habite en Californie du Nord dont la nature, dit-elle , a joué un grand rôle dans son travail; elle pense en effet que l’être humain ne fait qu’un avec la danse.
Il y a beaucoup à lire et à réfléchir dans dans ce volume important,par ailleurs bien illustré qui est, en somme le parcours artistique et personnel d’une femme énergique qui a résisté à deux cancers et qui a eu une influence décisive sur la danse mais aussi sur l’art contemporain en général. Notamment -on ne peut citer chaque chapitre mais ceux relatifs aux pratiques Art/ vie de Anna Halprin où l’on trouve des textes très différents dans leur approche mais tout aussi passionnants pour qui s’intéresse à la danse mais aussi aux multiples facettes de l’art contemporain.
Comme ces expérimentations de rituels de mouvement, une des pratiques artistiques préférées, dans un texte qui date de 75 , ou l’excellent entretien avec Yvonne Rainer, l’une des plus connues parmi ses nombreux élèves qui fut l’une des fondatrices de la fameuse Judson Dance Theatre. Il y a aussi dans ce même chapitre l’histoire retracée du San Francisco Dancers’ Workshop (1973) et un court mais très intense article sur ce qu’Anna Halprin a appelé Citydanse où elle avait associé des danseurs de haut niveau à des amateurs de tout âge et de tout milieu. Et après l’improvisation( 1987 ) témoigne de l’expérience la chorégraphe qui, après avoir étudié la modern dance avec,entre autres, Martha Graham a essayé et réussi à se dégager de son influence. Il y a aussi un bel entretien: Une vie de rituel, (1990) avec le metteur en scène Richard Schechner où elle explique qu’elle a rencontré beaucoup moins de préjugés sur son travail dans le monde du théâtre que dans celui de la danse, et où elle explique qu’elle se sent assez proche de Jerzy Grotowski et d’Eugenio Barba.
» Il nous est resté, dit-elle, le matériau brut de nos existences pour produire notre art. Ainsi a été mise en branle une force plus puissante, qui tien selon moi aux origines ancestrales de la danse et à son importance cruciale pour les être humains ». Et ce livre n’intéressera pas seulement les spécialistes et praticiens de la danse contemporaine mais tous ceux qui ont besoin de repère dans un domaine où les livres théoriques ne sont pas si nombreux. les textes sont de plus d’une grande clarté et l’on ne peut qu’en remercier cette dame de 89 ans.. qui continue encore , dit-on, à danser et à enseigner, pour cet ensemble de textes tout à fait passionnant.
Philippe du Vignal
Editions Contredanse, 345 pages; 28 €