Trois Tangos
Trois Tangos, livret de Gonzalo Demaria et d’Alfredo Arias, mise en scène d’Alfredo Arias.
Le metteur en scène qui revient au Théâtre du Rond-Point avec trois spectacles en même temps a conçu ces à la suite de nombreux séjours en Argentine, son pays natal où , dit-il, il avait besoin de renouer avec ses racines les plus profondes. Soit trois courts opus d’une durée totale de 80 minutes fondés sur le thème fameux du trio boulevardier du mari, de la femme et de l’amant, source inépuisable, dit-il, d’histoires criminelles, quel que soit le milieu,celui d’un faubourg sordide de Buenos-Aires pour le premier ou la population internationale de grands bourgeois voyageant sur un transatlantique en route vers Rio, dans les années 50 et enfin la place de la Contrescarpe en haut du quartier latin dans les années 70. Aucun décor, juste des châssis noir en fond de scène,entrouverts sur le fond de scène en paille compressée et côté jardin, un récitant en smoking et souliers vernis, au fort accent américain qui lit le scénario résumé de chaque petit drame .
Les dialogues uniquement chantés, soit en duo soit en solo: pour le premier, en espagnol, puis en italien pour le second et enfin en français. Avec au début de chaque drame, comme une sorte de prologue, un superbe duo de danseurs de tango argentin. Maria Filali et Jorgue Rodriguez…
Le tout en 80 minutes; c’est, comme toujours chez Arias d’une parfaite construction scénique- malgré une mauvaise balance de la musique d’orchestre enregistrée, assez envahissante qui couvre les voix déjà amplifiées par des micros HF, dont on ne voit pas bien la nécessité dans la petite salle du Rond-Point… La direction d’acteurs est d’une rigueur absolue, trop peut-être, et ne laisse guère de place à la fantaisie.
Les comédiens / chanteurs, ( Carlos Casella qui signe aussi la chorégraphie du spectacle), Marcos Montes et Alejandra Rondani tous habillés de noir ou de blanc, voire dans d’incroyables chemises aux couleurs primaires de Mondrian, font un travail impeccable et il y a quelques images fortes empreintes d’une vraie poésie. Arias, sait, depuis toujours, manier comme personne la dérision et le second degré comme peu de metteurs en scène. Mais ces trois moments de virtuosité ne dégagent guère d’émotion: tout reste un peu figé, sans doute en partie à cause de scénarios d’une rare banalité, qui auraient besoin d’un sérieux supplément d’âme pour qu’on arrive à s’y intéresser vraiment. Le genre est sans doute trop hybride et chacune des trois intrigues ressemble à celle d’un bande dessinée et n’ouvre guère de porte sur l’imaginaire…
Alors à voir? Oui, si vous êtes des inconditionnels d’Arias ( et du tango argentin pour les trois prologues dansés de quelques minutes); non, dans le cas contraire; malgré ce brillant mais un peu sec- exercice de virtuosité, on reste quand même sur sa faim… Et le spectacle ne marquera pas les mémoires! Quant au public, pas très jeune, il était respectueux mais paraissait attendre la fin avec impatience et a salué poliment mais sans plus…
Philippe du Vignal
Théâtre du Rond-Point à 18h 30, et le dimanche, matinée supplémentaire à 16 heures, jusqu’au 16 janvier.