La Pierre

  La Pierre  de Marius von Mayenburg, mise en scène de Bernard  Sobel, en collaboration avec Michèle Raoul-Davis

   lapierre.jpg Marius von Mayenburg a déjà- à 37 ans encore pour quelque jours- une solide réputation d’auteur dramatique ( quelques douze pièces dont certaine  comme L’enfant froid montée par Christophe Perton au Rond-Point et Visage de Feu par Alain Françon à la Colline. Il est aussi dramaturge et traducteur la prestigieuse Shaubühne de Berlin.
  La Pierre, l’un des es dernières pièces, se passe après la chute du Mur de Berlin en 93. C’est l’histoire d’une grand-mère, de sa fille et de sa petite fille qui retrouvent leur maison à Berlin-Est, après l’avoir abandonnée et avoir fui à l’Ouesta. La grand-mère et le grand-père maintenant disparu l’ont racheté en 1935 à une famille juive contrainte à l’exil. Mais on ne le sait que trop: le présent colle souvent très mal avec le passé, surtout quand ce foutu passé n’est pas identique pour des personnes pourtant très proches. La grand-mère en a des cauchemars, sa fille n’est pas vraiment à l’aise et la petite-fille n’a qu’une envie: celle de s’enfuir au plus vite de cet univers qui ne la concerne en rien.
 Bref, il y a  des cadavres dans tous les placards. Et Marius von Mayenburg avec beaucoup d’intelligence nous convie à un voyage dans la mémoire de plusieurs générations du peuple berlinois de 35 à 93. sans logique apparente autre que celle du souvenir. « Lorsqu’on se remémore un événement, notre cheminement n’est pas logique, écrivait l’auteur à propos de l’Enfant froid, la mémoire ne suit pas un ordre chronologique: les événements nous reviennent entremêlés, parce que nos émotions les ont mélangés. C’est ce phénomène que j’ai tenté en tant que dramaturge de retranscrire.. »
 Et ce n’est pas pour rien que von Mayenburg a choisi comme personnages trois femmes d’une même lignée pour essayer de de dire les regrets et le sentiment de  culpabilité  qui continue sournoisement à hanter l’Allemagne un demi-siècle après la faillite de l’aventure nazie, puis le déchirement  de voir son pays coupé ,et enfin le choc qu’ a dû être la réunification tant attendue mais qui a encore souvent chassé les gens de chez eux cette fois pour des raisons économiques.
Et Bernard Sobel dit qu’il a abordé ce poème parce que d’une certaine façon, il a dû affronter le problème de ce qui reste aujourd’hui de l’héritage communiste. « J’ai travaillé, précise-t-il, cinq ans dans un pays qui n’existe plus ». Et  sa direction d’acteurs est , comme toujours, d’une grande précision ( même si Edith Scob surjoue ) mais La Pierre qui,  dit-il,   » met en scène des fantômes qui ne veulent pas être oubliés, qui interdisent d’être tranquilles »ressemble par trop à un canevas pour que l’on ait envie de s’y intéresser vraiment.
 Si l’on comprend bien les raisons qui ont conduit Sobel à choisir ce poème (sic),  on a du mal à cause de la structure répétitive de courtes scènes ,  à s’attacher à ces   personnages  trop  rapidement cernés et cette parabole familiale sur la RDA disparue , même si elle ne dure qu’une heure et quart, devient vite ennuyeuse. Sans doute le grand plateau noir de la  Colline où il n’y a que quelques meubles de salon n’était-il pas la scène idéal pour ce genre de poème, et la ponctuation permanente de dates en tubes fluo imaginée par Lucio Fanti n’arrange pas les choses, mais de toute façon, c’était mission impossible:  le texte de Marius von Mayenbourg n’a très franchement rien de très passionnant. Rien à faire: l’émotion qui devrait être tangible n’est pas au rendez-vous.
 Alors y aller ou pas? Ce n’est peut-être pas la bonne pièce pour découvrir cet auteur, malgré le travail de Sobel et de ses acteurs. Et il y  a sûrement d’autres priorités à Paris…

 

Philippe du Vignal

Théâtre de la Colline jusqu’au 17 février.

 

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