Le Vertige des animaux avant l’abattage

Le Vertige des animaux avant l’abattage de Dimitri Dimitriadis,  mise en scène et scénographie de Caterina Gozzi.

vertige.jpg Après le Britannique Howard Barker l’an dernier, c’est le Grec Dimitri Dimitriadis qui, cette saison, est l’auteur européen invité de l’Odéon. Le Vertige des animaux avant l’abattage est sa seconde pièce présentée au public, à la suite de Je meurs comme un pays (mise en scène Michael Marmarinos, en novembre dernier,  et avant La Ronde du carré ,mise en scène par Giorgio Barberio Corsetti, qui sera présenté en mai-juin 2010).
La pièce  qui dure trois heures et demi … est simple : Philon Philippis et Nilos Lakmos sont amis. Quand Nilos décide de se marier avec Militssa, Philon devient fou de jalousie, et lui prédit  mille maux : après avoir acquis toute les richesses, il mourra dans le dénuement le plus total, sera assassiné par des voyous, et sa famille subira un destin digne des Atrides : inceste, meurtre, suicide. Le temps passe sans encombre. Les amis se retrouvent vingt ans plus tard, à la soirée d’anniversaire de mariage de Nilos et Militssa.
Mais ces retrouvailles activent, on ne sait pourquoi, un engrenage, qui fait se réaliser la prédiction (retenez votre souffle) : désormais, Emilios et Starlet, frères et sœurs, sont amants ; Evgénios est l’amant de sa mère Militssa qu’il met enceinte, mais elle tuera leur bébé ; Nilos  a une liaison avec sa fille Starlet ; les deux frères sont amants ; Emilios finit assassiné par des bandits, Evgénios se suicide, Nilos tue Mitlissa,avant d’être tué par des voyous et Starlet mourra folle..
Dans des scènes intermédiaires, trois personnages, A, B, C, dont on ne saura jamais l’identité ni le rôle, s’amusent à voir s’agiter cette petite famille en tous sens. Avec une froideur scientifique, une attitude glaciale et un discours abscons, ils observent et commentent les faits et gestes des membres de la famille comme s’ils étaient des cobayes. A, B, C évoluent dans des décors d’acier et de verre, chaussés de bottes en caoutchouc,  en blouse blanche et tablier, ou en imperméable gris, comme des inspecteurs de police des années cinquante. Ils semblent être la personnification du destin antique.
Certes, le jeu des comédiens est irréprochable : Thierry Frémont, Claude Perron pour les plus connus, mais aussi Faustine Tournan ou Thomas Matalou pour les étoiles montantes, font une prestation remarquable. Les décors sont intelligents et il y a des costumes somptueux qui font rêver…      Tout cela ne parvient  pas à masquer la faiblesse d’un texte  qui ne nous apprend rien de nouveau sur la nature humaine (ni sur le théâtre, d’ailleurs). Il n’y a aucune performance à créer une tragédie à gros coups de spalters, quand Eschyle, Sophocle et Euripide ont œuvré avec des pinceaux délicats, et qu’ils en ont eux-mêmes fabriqué les pigments. Le texte, hermétique pour A, B, C  et parfois redondant pour la petite famille, n’a rien de  révolutionnaire…   C’est peut-être la raison pour laquelle Dimitri Dimitriadis est peu joué en France, alors qu’il a tout de même 66 ans et huit pièces à son actif. Ce genre de spectacle ne parvient pas vraiment à nous émouvoir, et l’on n’est peu concerné par ce qui se passe sur  scène. Dommage, vu la qualité des comédiens, et les moyens  utilisés…

Barbara Petit

Jusqu’ au 20 février  aux Ateliers Berthier, Odéon-Théâtre de l’Europe.

 

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