Shakespeare’s Danish Play
Shakespeare’s Danish Play (La pièce danoise de Shakespeare), création collective et spectacle musical des Fools( la Compagnie des Fous), mise en scène d’Andy Massingham.
Cette seule troupe shakespearienne professionnelle d’Ottawa, est de retour avec une nouvelle parodie : La pièce danoise de Shakespeare, qui doit son titre à une superstition à propos de Macbeth. En effet dans le milieu théâtral ,on n’ose pas prononcer ce rôle titre, de peur de subir un mauvais sort, c’est à dire un accident grave qui ferait annuler le spectacle. On parle donc plus volontiers de The Scottish Play (La pièce écossaise) pour éviter de dire « Macbeth ».
Bien sûr, un tel sort n’est pas réservé à Hamlet, et, comme les Fools aiment bien créer leurs propres traditions, ils ont fabriqué un Macbeth effrayant , où le fantôme du père d’ Hamlet, terrifie les comédiens et perturbe le déroulement du spectacle. En effet, dans cette mise en abyme théâtrale oừ la pièce est jouée par des clowns, le fantôme en colère est un véritable personnage qui produit des vrombissements effroyables, et il y a des clignotements de lumière inattendus, des éclairages d’une couleur verdâtre écœurante et enfin des bruits assourdissants.
Et le spectacle devient inquiétant: Shakespeare est subverti par ces acteurs/clowns et par ce monstre coléreux qui ne les laisse jamais en paix. Malgré cela, les gentils clowns réalisent un résumé rapide d’ Hamlet en quinze minutes et sélectionnent certains grands monologues (« être on ne pas être », la mort de Polonius, la folie d’Ophélie) pour les transformer en jeux acrobatiques inspirés des grands acteurs comiques du cinéma américain : Laurel et Hardy, Les Frères Marx, Abbott et Costello , et bien d’autres. Mais, malgré un travail corporel fantaisiste impeccable, où chaque clown brille grâce à ses prouesses personnelles, et où il y a nombre de blagues d’accompagnements musicaux et de recherches visuelles ( le décor est un cirque),le travail sur la textualité, dont la troupe faisait preuve auparavant fait ici défaut.
Mais la réécriture très spirituelle, une parodie à la fois ironique et provocante, a disparu. Les comédiens ont surtout envie de démolir les conventions théâtrales de Shakespeare par un travail physique. Une de leurs cibles préférées: le tas de cadavres à la fin du cinquième acte. Les clowns, en fin de compte, remettent tout en question, mais les spectateurs bénéficient d’un geste sympathique, puisqu’ils leur distribuent leurs fameux petits pots de crème glacée fétiches à la fin du spectacle. Mais le truc déjà vu est devenu fatigant…
Alvina Ruprecht
Théâtre Gladstone qu’au 28 février à Ottawa.