HAMLET
Hamlet de Shakespeare,mise en scène de Nikolaï Kolyada,
« Chez nous, dit le metteur en scène russe venu avec sa troupe depuis Ekaterinenbourg, il n’y a pas d’atelier, pas d’argent, et on travaille avec ce qu’on peut trouver, y compris dans les poubelles. Tous les matins dans la rue, on voit des crottes de chien, des journaux maculés de restes de bouffe, des bouteilles vides. Si c’est Nabokov qui regarde cela, il peut en dire la beauté. C’est ce que j’essaye de faire. Dire la beauté des poubelles. »
Nikolaï Kolyada et ses vingt-trois comédiens se sont jetés dans ce fleuve de Shakespeare, armés d’oripeaux, de détritus, d’objets au rebut comme une grande baignoire en plastique noir, à la fois lit du couple meurtrier et tombe de Yorick, des ossements d’animaux, et de nombreux chromos dont une douzaine de Joconde, qu’on ne cesse de décrocher.
Le spectacle s’ouvre sur un rituel circulaire primitif, rythmé par une musique lancinante qui envahit toute la pièce, jusqu’à dévorer le monologue d’Hamlet. Cette avant-spectacle est surprenant sans rapport apparent avec Hamlet, et on se demande même si le verbe de Shakespeare aura sa place, mais le texte sur le banc de surtitrage, est raccourci mais parfaitement respecté…
Au-delà du désordre surprenant du plateau, les acteurs ne cessent de rassembler et de disperser les ordures qui jonchent le plateau, d’entrer et sortir la baignoire sous l’œil du spectre du défunt roi auréolé de blanc. La rage étonnante des comédiens finit par nous emporter. Et la deuxième partie, surtout, laisse monter une belle émotion.
Edith Rappoport
Spectacle vu au Théâtre Jean Arp de Clamart.
Hamlet 11 février à l’Onde de Vélizy, et Le Revizor le 9 février à Brétigny-sur-Orge, le 12 à Vélizy et le 13 à Athis-Mons.