RESET

RESET
collectif MxM
Texte et mise en scène de Cyril Teste

 

    reset.jpgReset est le nom d’une énième bonne volonté qui échoue. Pourtant, le projet est ambitieux : « Reset est le croisement de deux présents simultanés, (…) deux histoires parallèles qui posent à la fois les questions d’amnésie, d’identité et de disparition ». Pourquoi pas ? Pour évoquer l’amnésie d’identité, Cyril Teste a travaillé en laboratoire avec des psychiatres et psychothérapeutes. Très bien ! Il s’est appuyé sur de nombreux documents et textes littéraires, philosophiques et médicaux. Parfait ! Avec son équipe, il a effectué un travail très scientifique, et sur scène, des objets programmés par un roboticien vont faire dialoguer art et science. Tant mieux ! Sauf que sur le plateau, on ne retrouve rien de tout ça. En revanche, on récolte des dialogues et des relations humaines mièvres et pauvres, dignes de la série télé « Plus belle la vie ». Tout ce programme alléchant pour un résultat très superficiel, ennuyeux, long et qui ne nous apprend rien sur cette fameuse pathologie (la déflagration visuelle et sonore en ouverture du spectacle était en cela trompeuse, puisqu’elle laissait présager du mouvement, de la vie, de l’énergie, bref quelque chose qui nous bousculerait…).
Oui, le décor est intéressant : il y a un parallélépipède mobile, dont les faces sont des écrans translucides qui peuvent servir de parois opaques ou d’écran de projections pour des vidéos, selon les besoins. Sauf qu’un excellent décor et de bons effets spéciaux n’ont jamais suffi à tromper le public.
Oui, la musique électronique donne une touche expérimentale. Mais quand elle évoque un sonar pendant une heure quinze, ça fatigue.
Dans la vie, c’est vrai, on s’exprime mal parfois, mais au théâtre, cela passe moins bien. De même que les phrases inachevés : « J’aurais jamais pu dire que… Je sais pas… J’aurais pu dire que… Tu crois pas ? » Le texte, d’ailleurs, ne raconte rien. Même si les comédiens parlent dans un micro (pour un côté plus scientifique, on suppose). Comme l’enfant à l’hôpital qui, sur scène, attend qu’un train passe, on attend avec lui qu’il se passe enfin quelque chose.
Dans la foulée, les personnages sont bien stéréotypés : un psychiatre, c’est un homme avec une blouse blanche et qui prend des notes. Un enfant, ça porte un sweat à capuche et ça joue au foot. Aucun comédien n’est convainquant.
N’oublions pas les raccourcis psychologiques et les idées préconçues : la vie d’un homme tient dans un carton. Pour lui faire se remémorer son passé, on lui amène donc une boîte avec ses souvenirs d’enfance (bizarrement, ça ne marche pas). Entre 10 et 60 ans, il n’a rien vécu, rien connu, rencontré personne (attention, prémonition : son nounours n’avait pas de nom, lui non plus…). Heureusement que la famille est là, parce qu’il n’a ni activité professionnelle, ni collègue, ni relation, ni loisir d’adulte. Et elle est là pour vous rappeler qu’il est hors de question que vous changiez de nom, même si ça vous chante.
Au final, Reset est une pièce sur la mémoire dont on a envie de ne pas se souvenir. Bref, faire reset.

 

Barbara Petit
Du 4 au 21 février au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis

 


2 commentaires

  1. Barbara Petit dit :

    Bonjour Laurent, je vous remercie de votre message et vais tenter de répondre à votre question. Notre travail de critique consiste en ce que vous dites : souligner ce qui mérite d’être vu (la beauté sur scène, etc) mais aussi ce qu’il ne faut pas voir et pourquoi. Notre critique est destiné aux spectateurs potentiels qui cherche à savoir ce qui vaut le déplacement ou non. Compte-tenu du prix d’une place de théâtre, et de l’éventail du choix proposé, il est de notre devoir d’être honnête. Nous ne prétendons absolument pas être parangon du bon goût (cela n’existe pas car le goût est personnel). Simplement, nous voyons beaucoup de pièces donc sommes en mesure de discerner ce qui vaut la peine ou non. Si vous souhaitez lire de la critique élogieuse, lisez les journaux gratuits, subventionnés par la pub, et qui ne professent AUCUNE critique négative, mais qui ne sont jamais véritablement sincères, puisque dépendant de cette pub. Au théâtre du blog, nous sommes indépendants, sans aucun financement donc sommes libres de nous exprimer en toute franchise, et honnêteté par rapport à nous-mêmes. Quant à nos critiques qui sont « négatives », nous indiquons il me semble toujours pourquoi nous avons été déçus, dans l’espoir d’une voie d’amélioration comme vous le dites (si d’aventure les troupes/équipes lisent nos commentaires). Notre franchise, notre honnêteté, c’est ce qui fait la qualité de notre site, ce pour quoi les gens viennent nous visiter, et nous font confiance. Je vous rassure, pour être critique, il faut être, pour reprendre vos termes, « amateur », vouloir « trouver de la beauté sur scène » (entre autres), nous sommes tous des passionnés. J’espère avoir répondu à votre question. Au plaisir de vous lire. Barbara Petit

  2. nio laurent dit :

    Bonjour
    cela fait plusieurs critiques que je lis sur votre site qui me semblent alimenter une impression que j’ai parfois : écrire une critique, est-ce faire un bon mot assassin qui fait grincer la plume, ou est-ce souligner ce qui mérite d’être vu ? Une bonne critique doit-elle faire sentir à quel point on est remarquablement connaisseur du théâtre et parangon du bon goût, ou doit-elle illustrer ce que serait la position d’un amateur de théâtre, c’est-à-dire (je crois) quelqu’un qui vient trouver de la beauté sur scène, et qui, si ce n’était pas là le cas, est capable d’indiquer pourquoi, dans l’espoir que son modeste compte-rendu puisse indiquer certaines voies d’amélioration ?
    C’est une question que je me pose en lisant un bon nombre de critiques dans votre site.
    Cela dit, je reviendrais vous visiter, en toute amitié :-)
    Laurent (amateur pas encore éclairé, mais qui cherche)

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