Arrêtez le monde, je voudrais descendre
« Arrêtez le monde, je voudrais descendre » par le théâtre Dromesko.
Avec ce spectacle, en association avec Emmanuel Demarcy-Mota du théâtre de la ville, les nouveaux directeurs du théâtre Monfort, Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, poursuivent un vrai parcours d’exigence artistique. Comme Ariane Mnouchkine, ils accueillent le public, chaque soir, c’est une marque de respect, rare, chez nos directeurs d’institutions.
Après avoir fait éclater les limites du spectacle de clown avec Slava, ils invitent leur public aux confins de la poésie et du loufoque, avec le théâtre Dromesko.
Pour l’occasion, Igor et Lili, créateurs de la Volière Dromesko, en 1990, ont implanté leur baraque en bois, dans le parc Georges Brassens. Monique Brun et Jean-Marc Stéhlé jouent les textes de Pierre Bourdieu (extrait de La Misère du monde) et de Roland Dubillard, (extrait de Les Diablogues et autres inventions à deux voix ), avec beaucoup d’humour et de réalisme.
Plusieurs tableaux visuels, alternent avec ces textes, sans lien spécifique, avec plus ou moins de réussite…Des tableaux sur une scène circulaire, ou se mêlent, chants, danses, orchestre tsigane, animaux, et personnages à têtes animales créés par Fredericka Hayter.
La première partie, trop lente, montre des scènes visuelles, pas toujours bien dessinées, proches de l’univers onirique de Philippe Genty ou du baroque d’Emir Kusturica. La deuxième partie est marquée, par la venue de tous les comédiens masqués de tête de porcs qui déambulent en contre-sens du parcours d’une énigmatique chanteuse en robe rouge: moment étrange et poétique.
Bien sûr, les animaux ( âne, chèvre, cochon, poules, et le marabout, toujours présent dans les créations de la troupe) ont une réelle présence scénique, tout au long du spectacle. Mais le véritable fil rouge de cette soirée est fondé sur un fascinant dispositif scénographique circulaire, une invention d’Igor et Lili.
Cette construction faite de cages et panneaux mobiles, poulies et contrepoids, constitue une sorte de cabinet des curiosités qui rythme la vie du spectacle et lui donne son étrangeté.
Avant d’inviter le public à un verre de l’amitié, Igor et Lili proposent l’image d’un manège circulaire qui substitue, aux éternels chevaux de bois, des êtres tout aussi froids et étranges, dont nous vous laissons faire la découverte et que le spectateur peut chevaucher , une fois le spectacle terminé.
Jean Couturier
Jusqu’au 6 mars, puis en tournée en France.