PARI’S CABARET ABC
PARI’S CABARET
Carte blanche à Denis Guénoun et Denis Lavant.
Ce chaleureux petit centre culturel de la Chaux de Fonds travaille sur les rencontres… Yvan Cuche, le directeur met en pratique ette phrase de Guénoun : « Sans un peu de pensée, les théâtres sont cuits .» En première partie, c’est Patrick le Mauff, vieux complice de l’Attroupement, merveilleux comédien, qui lit un extrait d’ Après la révolution de Guénoun. Ensuite, il accompagne Denis et sa fille Léonore dans la lecture d’extraits du livre sur son père Un sémite.
Le récit de l’attentat perpétré par l’OAS détruisant l’école dirigée par son père à Oran, qui fit fuir cette famille attachée à la culture, luttant pour une vraie fraternité entre arabes et juifs, est un grand moment. On sent l’émotion de Denis Guénoun qui revit ses terreurs enfantines. En deuxième partie, c’est Denis Lavant qui nous précipite dans un torrent de lave poétique avec Donc ! de Marcel Moreau, poète belge.
Armé d’une liasse de grands feuillets qu’il lit avec rage et disperse au fur et à mesure, il éructe, clame, mâche un verbe surprenant, le danse, le saute, le projette dans tous les sens. C’est de la lave bouillante. Il raconte une « mise au monde par une matrice langagière (…) Donc j’écris en possédé (…) crucifié par le verbe ». Malgré d’ inévitables longueurs, Denis Lavant termine en dévorant avec rage les feuillets, jonglant avec les tables, c’ est le funambule de Genet qui touchera au sublime une fois le spectacle terminé. À l’issue de la soirée, nous sommes accueillis autour d’une soupe revigorante. La pensée peut se libérer.
Edith Rappoport
ABC Culture La Chaux de Fonds