Sorry Foostbarn Travelling Theatre
Sorry Foostbarn Travelling Theatre, Idée originelle de Pierre Byland, Vincent Gracieux et Paddy Hayter
Le mythique Footsbarn Theatre a fait son retour pour un mois à la Cartoucherie, avec un spectacle à mi-chemin entre le cirque et le théâtre, intitulé : Sorry ! sous chapiteau, mais presque…
Plein hiver, il fait froid, le vent souffle, la neige tombe. Nous sommes l’assemblée funeste conviée à l’enterrement du compositeur Theodor. Mais ces funérailles relèvent de l’impossible, sans cesse perturbées par des intrus : un écuyer et son cheval, deux Tziganes et leur chèvre, un homme et son perroquet, un couple d’agriculteurs sur un tracteur, débarquent sur le plateau et dérangent la cérémonie (discours, chant et musique)
Ces derniers prennent le parti de couper le manège et les gradins en deux, pour célébrer de leur côté un mariage avec l’assemblée festive. Ils sortent cotillons, ballons, guirlandes, pièce montée et champagne, et tant pis pour le mort. Bien entendu, deux événements aussi antinomiques qu’un enterrement et un mariage ne peuvent cohabiter ensemble très longtemps.
Rapidement, la situation dégénère et nous approchons du chaos et surtout du déluge. Le chanteur, pragmatique, convie comédiens et spectateurs à embarquer sur le bateau, comme Noé avant nous, il y a quelques siècles. Et tout se termine bien : l’humanité entière est sur le navire, donc sauvée : animaux, femmes enceintes ou avec bébé, hommes vigoureux et vieillards, enfants…
Certes, décrit ainsi, l’argument est simple, voire bien mince. Le spectacle n’échappe pas à quelques longueurs, et bien des passages mériteraient d’être davantage réglés : on est parfois un peu perdu, et on ne comprend pas toujours où l’on veut nous emmener…
Mais pour cette dernière, la salle était comble, et le public a vivement réagi tout au long de la représentation. De fait, la faiblesse du scénario est rattrapée par le grand talent des artistes réunis. La compagnie nomade s’est en effet entourée de deux autres équipes : La Compagnie des fusains, avec le clown Pierre Byland et sa femme Marieke Schnitkler, et le cirque Werdyn, équestre et tzigane. Résultat : beaucoup d’émotion, de passion et de cosmopolitisme.
L’on prend plaisir à voir évoluer d’excellents cavaliers et dresseurs, de jeunes Tziganes dansant le flamenco, mais aussi à entendre de bons musiciens : violon, violoncelle, basson, gong, grosse caisse, et un baryton. Et l’on rit (un peu, beaucoup) des clowns aguerris, des gags bon enfant (est-ce du chocolat ou une crotte ?), de voir débarquer sur scène une poule, un chat, un petit poney, des chevaux, une chèvre… ainsi que de faux lapins, un faux perroquet et un faux gorille.
Ce spectacle convoque évidemment des tours de passe-passe, et c’est bien d’atmosphère magique dont il s’agit. Est-ce un oiseau ou un vieux morceau de tissu au bout d’un fil ? La solution est peut-être là : se laisser porter par ce qui est léger, sans oublier ce qui gît dessous. Après tout, on nous parle d’un mort, dont le cercueil est sur scène, là, avec les croque-morts. Et c’est autant Shakespeare qui est cité, que le douloureux Roi des Aulnes de Goethe qui est ici déclamé et illustré.
En bref, Sorry ! est un spectacle familial, grand public mais de qualité.
Barbara Petit
Spectacle vu au théâtre de l’Épée de Bois, à la Cartoucherie. Et à Elbeuf, du 12 au 14 mars.