Le Nouveau Spectacle Extraordinaire
Le Nouveau Spectacle Extraordinaire, d’après Le Masque de la mort rouge d’Edgar Allan Poë, traduction de Charles Baudelaire, par la compagnie des Rémouleurs
Ces nouvelles la plupart comme celle-ci, formidables d’invention, de vérité poétique, ont depuis longtemps été une mine inépuisable pour le cinéma et ce Masque de la Mort rouge avait fait l’objet d’un film réalisé en 1964 par Roger Corman.
Cela se passe dans un sorte d’abbaye fortifiée où le prince Prospero s’est réfugié avec quelques centaines de ses courtisans pour fuir la peste qui ravage la contrée. Mais la Peste (la Mort rouge) a pris cela comme un affront personnel. Et une nuit, Prospero organise une grande fête avec bal, dans sept pièces de l’abbaye, chacune peinte et éclairée d’une couleur différente, la dernière noire et nimbée d’une lumière rouge où se trouve une grande horloge d’ébène qui sonne chaque heure de façon sinistre.
Le Prince va vite remarquer une personne inconnue, revêtue d’une sorte de linceul et qui porte un masque ressemblant à un crâne. Intrigué, il la poursuit avec un poignard mais dans la septième pièce, Prospero va s’écrouler, mort brutalement devant elle; l’on comprend alors qu’il s’agit de la Mort rouge et tous les courtisans frappés vont succomber eux aussi à la peste…La Compagnie des Rémouleurs s’est emparée de cette nouvelle pour en faire un spectacle déambulatoire qu’elle avait déjà présenté au château de La Roche-sur-Yon, et qu’elle monte cette fois à Paris à l’Université de droit du Panthéon construite en partie fin XVIII ème et au XIX ème siècle. Cour imposante, grands couloirs et salles parquetés: un jeune guide raconte l’histoire tragique d’une famille noble à travers un tableau, puis explicite son blason doré. Ensuite, on nous emmène dans une salle de réunion chargée de tableaux de grands juristes inconnus où Anne Bitran, avec une très belle petite marionnette représentant Prospéro et la Mort Rouge, nous racontera l’histoire. Enfin, on nous fait pénétrer dans une salle aux murs de pierre où, pour une troisième partie, nous attend un trio à cordes (violoncelle, harpe et violon)qui interprète des extraits d’œuvres de Feldman, Janacek, Ravel, Bartok, Britten, Ligeti…, avant que les murs et le plafond ne se colorent de belles silhouettes colorées et d’ombres chinoises.
La visite guidée est un thème/prétexte qui a déjà beaucoup été utilisé dans le théâtre contemporain et, à moins d’avoir gardé une âme d’enfant, difficile d’y croire: la ballade est trop longue et le violoniste qui tient aussi le rôle du guide n’est pas franchement convaincant. Mais le conte dit par Anne Bitran avec la petite marionnette, possède, malgré une lumière très réduite, quelques beaux moments.
Quant à la partie musicale, on ne voit pas bien la relation avec ce qui précède; on a souvent l’impression d’assister à un spectacle resté à l’état d’ ébauche et dont le scénario, le texte comme la scénographie d’ensemble, manquent singulièrement de rigueur et sont à peine esquissés. Comme l’ensemble dure quand même plus d’une heure et demi, on a un peu de mal à être au diapason avec la compagnie des Rémouleurs qui tiennent « à replacer la création artistique dans la vie là où sont les gens ». Bref, le spectacle qui se voudrait poétique, peine à nous emmener dans une véritable fiction et on est un peu loin du compte! Dommage mais une fois de plus, le scénario, dans le théâtre contemporain comme dans les séries télé, est aux abonnés absents…Le lieu n’est pa non plus vraiment adapté, malgré des connotations médiévales, revues et corrigées par les architectes Soufflot, oncle et neveu.
Alors à voir? Pas sûr du tout…
Philippe du Vignal
Spectacle présenté dans le cadre du temps fort OMNI présences, jusqu’au 16 avril par le Théâtre de la marionnette à Paris; pour les autres spectacles de ce temps fort: T. :01-44-64-79-70.
Bonsoir
Blog très ciblé et intéressant
Bonne continuation
Cordialement
Dernière publication sur POURQUOI pasSSS ?? : NOEL...en fête ?!