Woyzeck

Woyzeck d’après Woyzcek de Georg Büchner, un spectacle de Gwenaël Morin.

visuelwoyzeck2.jpg Faut-il renouveler Büchner? Woyzcek est-il dépassé? C’est peut-être la question qui taraudait la compagnie Gwenaël Morin. Car, pour ce spectacle créé dans le cadre du Théâtre Permanent, elle s’est appuyée sur les quatre manuscrits de Büchner. D’où un texte qui n’est pas celui que nous connaissons si bien. D’où une mise en scène bien particulière. D’emblée, la logique est celle de l’imprégnation de la pauvreté de Woyzcek.
La misère gangrène les costumes des comédiens, qui portent des vêtements quotidiens, et surtout le décor: des clous au mur font office de porte-manteaux, les chaises en plastique ressemblent à celles que l’on trouve dans les salles des fêtes municipales, la table est une planche en bois sur tréteau. L’ambiance dépouillée est plantée.

Les comédiens seront présents sur scène tout au long du spectacle, et feront la musique. D’où des violons, une tymbale et  une caisse claire.
L’intrigue de cette reprise est connue: le soldat Woyzcek mène une vie misérable, obligé de vendre son corps à la science ou de raser son capitaine pour gagner quelques sous. Cet argent, c’est pour Marie, sa compagne, qui a un bébé de lui. Or Marie se laisse séduire par le tambour major. Dévoré par la jalousie, Woyzcek achète un couteau et l’assassine.
Certaines scènes sont particulièrement réussies : la fête à l’auberge avec ses jeux et ses chants, la visite de Woyzcek chez un médecin glacial. Le tambour major est muet, et lorsqu’il mime ses propos, tandis qu’un comédien traduit pour les personnages et les spectateurs, c’est l’occasion de nombreux fous-rires.
Cela étant, le spectacle n’est pas exempt de quelques longueurs qui pourraient être évitées. Et, si l’on peut saluer des tentatives louables pour « régénérer » la pièce, et qui ne fonctionnent pas trop mal, comme représenter le bébé par sa photo, se servir d’un écran pour situer la scène : rase campagne, chez Marie, à l’auberge, chez le médecin, dans la rue… certains partis-pris restent incompréhensibles. Ainsi, lorsque tous les personnages à l’auberge urinent ensemble, les femmes de la même manière que les hommes. Par ailleurs, certains déplacements des comédiens sur le plateau ne s’expliquent pas et semblent constituer une mise en scène du jeu lui-même. Ce surplus de réflexivité et de distanciation nuit à l’émotion. D’autant que le texte est par moments un peu obscur lui aussi. Enfin, moins de cris ne nuirait pas à l’ensemble.
Néanmoins, force est de reconnaître que tous les comédiens dégagent une tension palpable. Une mention particulière pour Grégoire Monsaingeon (un Woyzeck bien dérangé) et surtout Virginie Colemyn, aussi convaincante en docteur qu’en Kathe. Cette pièce ravira donc les amateurs d’un théâtre iconoclaste. Les puristes de Büchner, eux, devront s’abstenir.

Barbara Petit

Jusqu’ au 2 avril à 21 heures, dimanche à 17 heures, au Théâtre de la Bastille.


Archive pour 8 mars, 2010

Woyzeck

Woyzeck d’après Woyzcek de Georg Büchner, un spectacle de Gwenaël Morin.

visuelwoyzeck2.jpg Faut-il renouveler Büchner? Woyzcek est-il dépassé? C’est peut-être la question qui taraudait la compagnie Gwenaël Morin. Car, pour ce spectacle créé dans le cadre du Théâtre Permanent, elle s’est appuyée sur les quatre manuscrits de Büchner. D’où un texte qui n’est pas celui que nous connaissons si bien. D’où une mise en scène bien particulière. D’emblée, la logique est celle de l’imprégnation de la pauvreté de Woyzcek.
La misère gangrène les costumes des comédiens, qui portent des vêtements quotidiens, et surtout le décor: des clous au mur font office de porte-manteaux, les chaises en plastique ressemblent à celles que l’on trouve dans les salles des fêtes municipales, la table est une planche en bois sur tréteau. L’ambiance dépouillée est plantée.

Les comédiens seront présents sur scène tout au long du spectacle, et feront la musique. D’où des violons, une tymbale et  une caisse claire.
L’intrigue de cette reprise est connue: le soldat Woyzcek mène une vie misérable, obligé de vendre son corps à la science ou de raser son capitaine pour gagner quelques sous. Cet argent, c’est pour Marie, sa compagne, qui a un bébé de lui. Or Marie se laisse séduire par le tambour major. Dévoré par la jalousie, Woyzcek achète un couteau et l’assassine.
Certaines scènes sont particulièrement réussies : la fête à l’auberge avec ses jeux et ses chants, la visite de Woyzcek chez un médecin glacial. Le tambour major est muet, et lorsqu’il mime ses propos, tandis qu’un comédien traduit pour les personnages et les spectateurs, c’est l’occasion de nombreux fous-rires.
Cela étant, le spectacle n’est pas exempt de quelques longueurs qui pourraient être évitées. Et, si l’on peut saluer des tentatives louables pour « régénérer » la pièce, et qui ne fonctionnent pas trop mal, comme représenter le bébé par sa photo, se servir d’un écran pour situer la scène : rase campagne, chez Marie, à l’auberge, chez le médecin, dans la rue… certains partis-pris restent incompréhensibles. Ainsi, lorsque tous les personnages à l’auberge urinent ensemble, les femmes de la même manière que les hommes. Par ailleurs, certains déplacements des comédiens sur le plateau ne s’expliquent pas et semblent constituer une mise en scène du jeu lui-même. Ce surplus de réflexivité et de distanciation nuit à l’émotion. D’autant que le texte est par moments un peu obscur lui aussi. Enfin, moins de cris ne nuirait pas à l’ensemble.
Néanmoins, force est de reconnaître que tous les comédiens dégagent une tension palpable. Une mention particulière pour Grégoire Monsaingeon (un Woyzeck bien dérangé) et surtout Virginie Colemyn, aussi convaincante en docteur qu’en Kathe. Cette pièce ravira donc les amateurs d’un théâtre iconoclaste. Les puristes de Büchner, eux, devront s’abstenir.

Barbara Petit

Jusqu’ au 2 avril à 21 heures, dimanche à 17 heures, au Théâtre de la Bastille.

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