Comment toucher ? (anatomies 2010)

Comment toucher ?(anatomies 2010)
Texte et mise en scène Roland Fichet

 capturedcran20100310114124.jpgComment toucher ? Vaste question … Qui trop embrasse mal étreint.
En effet, j’ai eu bien du mal à suivre la multitude de pistes entrelacées par Roland Fichet. Est-ce à cause de l’écriture qui cumule force thèmes – les luttes révolutionnaires de rebelles en Afrique, une commune libre, les corps amoureux, les rapports aux ancêtres, les blancs et les noirs, les prédicateurs, … ? Est-ce la mise en scène avec ses changements multiples de lieux et de styles ? Difficile à dire. Ce qui a du mal à prendre, c’est l’ensemble. On suit des personnages par moments, par « éclats » : des récits, quelques scènes. Les acteurs s’investissent beaucoup, ils ont de la présence, mais le parcours des personnages, au final, reste confus. Ils parlent, on les écoute, mais le changement profond de leur être,  qui est censé s’opérer durant ce long parcours à travers plusieurs pays d’Afrique,  n’est pas probant. De plus le dédoublement des personnages avec leur ange gardien n’aide pas à la compréhension. Roland Fichet a-t-il brouillé les pistes volontairement ? Ou bien la clarté dans la mise en scène lui a-t-elle échappé, plongé qu’il était dans son travail d’écriture ?
Roland Fichet est un excellent auteur. Qui plus est, un auteur d’une grande générosité. Il a initié de grands projets fédératifs d’écriture avec son Théâtre de la Folle Pensée à Saint Brieuc. Depuis 2001, il mène un travail  passionnant et rigoureux d’écriture et de mise en scène entre l’Afrique (Congo, Nigeria, en l’occurrence) et la France. Sa quête est pertinente, authentique. Anatomie 2009, le précédent spectacle (celui-ci est le troisième du triptyque Anatomies) a été joué dans dix pays d’Afrique. « Deux continents comme deux tours de Babel. Europe, Afrique ; Afrique, Europe. Et un fil tendu entre les deux ». On a envie d’adhérer totalement à cette démarche, sans réserve.
J’ai acheté le texte de la pièce en sortant de la représentation, je l’ai lu dans la foulée. A la lecture, c’était plus clair. Deux femmes amoureuses d’un homme noir, révolutionnaire mythique, absent, l’histoire d’Esther l’africaine et du « congolais breton », les « mystères » de l’incarnation, abîme aussi bien pour le révolutionnaire que pour le prédicateur, Dino, le rebelle explosif à fleur de peau. L’alternance de métaphysique, scènes réalistes, récits de vie, voyages, incantations, poésie, coulait naturellement en lecture. J’ai découvert également, avec plaisir, un humour léger, subtil, moqueur, qui, hélas, n’était pas perceptible sur le plateau, sauf dans quelques scènes où les passagers blancs et noirs d’un vol intérieur africain, coincés à touche-touche dans leurs sièges, échangeaient des propos libres, drôles et impudiques.
Evelyne Loew

Le texte est publié par les Editions Théâtrales

Théâtre de l’Est Parisien
Du 5 au 20 mars

 

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