La Contrebasse
La Contrebasse, de Patrick Süskind, mise en scène de Natascha Rudolf.
Pudeur de l‘orchestre symphonique : le musicien est souvent appelé du nom de son instrument, derrière lequel il se cache, particulièrement quand il s’agit de la contrebasse. Pudeur exacerbée de celle-ci : elle fait le poids, soutient tous les autres pupitres, mais est priée de se faire oublier, de côté, derrière.
Le texte de Süskind fait sauter cette réserve : la contrebasse parle. L’homme, de son amour fou pour une jeune cantatrice qui ne fera attention à lui que s’il se fait entendre par le seul moyen – suicidaire – à sa portée : la fausse note. L’instrument, en faisant entendre enfin tous les sons qui sont en elle, de la vibration de sa pique traînée sur le sol, au gémissement de sa caisse caressée, avec ses percussions profondes, ses petits cris aigus, et cette grande voix, que le musicien dit désagréable, qui emplit toutes les cavités résonantes de la salle de concert et du corps.
Depuis la création à l’automne 2008, le spectacle d’ Hubertus Biermann et Natascha Rudolf s’est encore affûté, si possible : le jeu entre l’acteur et sa contrebasse tourne à la lutte, à la punition, à la scène d’amour, sur fond de concert qui se prépare et de tragédie qui ne se jouera pas..Il ne fera pas sa fausse note. Quoique… Ce contrebassiste-là a quelque chose d’un sportif de haut niveau – il faut ça, avec son mastodonte – et d’un travailleur de la scène à la Hugo, mouillant sa chemise soir après soir en serrant les dents sur son amour impossible, et sur son cœur, comme un “doudou“, la housse de son instrument …
Christine Friedel
MC93, Bobigny jusqu’au 28 mars 01 41 60 72 72 -
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