Koudip
Koudip, mise en scène d’Evelyne Guillaume.
Ce Koudip nous vient de la Guyane ( le plus grand département français avec plus de 500 kilomètres de frontière avec le Brésil!). A peine peuplé- quelque 200.000 habitants, la Guyane a donné naissance entre autres à Christiane Taubira, Gaston Monerville autrefois président du Sénat, Henri Salvador et au très bon comédien Edouard Montoute… Il y a là bas , à 8.000 kilomètres de Paris quelques petites compagnies théâtrales dont la Compagnie Ks and co.
Le spectacle a pour thème la rencontre entre Evelyne Guillaume, metteuse en scène et Serge Anatucci , avec quelques habitants Saramaka , dénommés aussi noirs marron à cause du « marronnage » du nom de la fuite dans la forêt tropicale à laquelle ils avaient été contraints par suite des répressions sanglantes en Guyane hollandaise toute proche; cette population forte d’environ 15.000 personnes a pour elle une culture orale de chants et de contes qu’Evelyne Guillaume a su habilement mettre en scène; Carlos Rémie Seedo, Rosenal Geddeman, Michel Amiemba, Belisong Kwadjani et Marios Kwadjani habitent près de Saint-Laurent du Maroni et, évidemment, n’avaient aucune idée de ce que pouvait être la notion même de théâtre explique Evelyne Guillaume et pourtant bien dirigés, on remonte avec eux aux sources même du théâtre. Aucun décor, juste deux bancs et une caisse pour s’asseoir, quelques percussions et comme costumes, de simples treillis militaires et des marcels en maille bleu pâle, rouge, jaune ou vert.
Deux contes contemporains: Anasi ( l’araignée) , le léopard et le chasseur et Le Handicapé qu’ils disent, chantent, et dansent, forment une sorte de trame , et même avec la barrière de la langue, le spectacle est très impressionnant, seule Serge Abatucci parle vraiment français et dit quelque phrases de ces contes, aussitôt repris en choeur. Quelle beauté quelle rigueur , quelle force chez ces acteurs… qui n’en sont pas; ils ont une gestuelle, une présence et un sens de l’oralité que pourraient leur envier bien des acteurs confirmés de métropole. Il y a là un sens du rituel et une intelligence scénique assez rares pour être signalées. » On peut écouter une langue, la comprendre sans la parler » a dit Edouard Glissant, et effectivement, on se laisse vite prendre, d’autant plus que le spectacle ne dure qu’une heure.
Malheureusement, le spectacle n’a été présenté qu’une seule fois au Musée Dapper mais la Compagnie Ks and co en joue un autre spectacle Daiti, au Théâtre de Stains vendredi et samedi prochains.
Daiti écriture et mise en scène d’Evelyne Guillaume au Théâtre de Stains, les 1er à 15 heures et les 2 et 3 avril à 20 heures 30. ( Navette aller et retour les 2 et 3 avril depuis le métro Porte de la Chapelle.)